Le Québec manque cruellement d'entreprises de taille moyenne et son économie s'en ressent. Un regroupement privé auquel s'associent le Fonds de solidarité FTQ et la Banque Nationale veut améliorer ce bilan.

L'initiative, nommée Adrenalys, sera dévoilée publiquement ce matin. Le regroupement propose d'identifier 25 PME d'exception puis de les épauler pendant deux ans en vue de les faire grandir de façon à ce qu'elles passent du statut de petite à celui de moyenne entreprise.

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« Adrenalys a pour objectif de former des champions de l'industrie à l'image du programme À nous le podium qui a servi à l'éclosion de nos médaillés olympiques. » - Dominic Deneault, président-fondateur d'Adrenalys

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Spécialiste de la stratégie d'entreprise, M. Deneault a écrit en 2010 le livre Le Québec sur le podium, qui identifie les plus belles entreprises québécoises au chapitre de la valeur économique ajoutée. Il est aussi associé chez Ascendis.

Outre la BN et le Fonds FTQ, l'équipe d'étoiles d'Adrenalys compte sur Fasken Martineau, Raymond Chabot Grant Thornton, Proaction international et la firme d'experts-conseils Ascendis.

Adrenalys partage des airs de famille avec le programme mort-né des gazelles du gouvernement du Québec ou encore le programme PerforME qui l'a depuis remplacé. D'après M. Deneault, PerforME appuie des projets provenant de PME performantes, tandis qu'Adrenalys veut propulser 25 PME championnes vers de nouveaux sommets.

UNE PREMIÈRE

Adrenalys innove à plus d'un titre. « Par l'ampleur de ses ressources comme par son statut de regroupement privé, le lancement d'Adrenalys constitue une première en matière de développement économique au Québec. »

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« Nous sommes fiers d'offrir ainsi à notre élite entrepreneuriale les moyens de se dépasser. » - Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale, dans la documentation transmise à La Presse par M. Deneault.

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Les entreprises choisies au terme d'un appel de candidatures se terminant le 24 avril auront accès à une enveloppe de prestations de services professionnels pro bono de 3,5 millions, que ce soit en fiscalité, en stratégie d'entreprises ou en services juridiques. Les partenaires offrent aussi des réductions de tarifs. Le regroupement met également sur la table 150 millions dédiés à leur croissance. Les activités d'Adrenalys n'impliquent aucun argent public.

Les entreprises retenues seront choisies parmi les candidatures reçues en fonction d'un système de pointage qui évalue l'excellence de la performance financière, la capacité de celle-ci à porter uniquement sur ses défis de croissance et son ouverture aux partenariats.

Il existe cinq critères d'admissibilité. Par exemple, l'entreprise doit avoir un chiffre d'affaires d'au moins 10 millions et avoir connu une croissance annuelle de 10 % de son chiffre d'affaires au cours des trois dernières années. Aucune restriction sectorielle n'est imposée, mais une préférence est accordée aux entreprises manufacturières.

C'est à un comité de sages qu'appartient la décision de statuer sur la composition manufacturière du palmarès final et de départager les gagnants en cas de quasi-égalité aux points.

Présidé par Isabelle Hudon, chef de la direction de Sun Life au Québec, le comité exclusivement féminin est formé de Geneviève Biron (Biron Groupe Santé), Christiane Germain (Groupe Germain), Geneviève Marcon (GM Développement), Madeleine Paquin (Logistec) et Nathalie Pilon (Thomas & Betts).

Le programme dure deux ans. Les entreprises devront verser 15 000 $ en deux ans. La première année, des frais de 5000 $ sont exigés pour couvrir la réalisation d'un diagnostic sommaire de l'entreprise. Des frais d'adhésion annuels de 5000 $ au club des 25 PDG s'ajoutent pendant deux ans.

« On veut s'assurer que l'entreprise contribue, justifie M. Deneault. Ce qui est gratuit n'a pas de valeur. C'est une façon pour nous de nous assurer de son sérieux. »

Ce qu'on entend par moyenne entreprise varie selon les sources. Pour Statistique Canada, une moyenne entreprise (ME) compte de 100 à 499 employés. On dénombre environ 2100 entreprises de cette taille au Québec. Huit sur dix ont entre 100 et 249 employés.

Alors qu'elles représentent moins de 1 % du nombre total des entreprises au Canada, les ME fournissent 16 % des emplois au pays et sont responsables de 12 % du produit intérieur brut et de 17 % des exportations, d'après un rapport de la Banque de développement du Canada qui s'inquiète de l'impact sur l'économie du déclin du nombre de ME depuis 15 ans.