Vous pensiez avoir l'idée du siècle pour votre future entreprise? Peut-être. Mais pour savoir si elle a vraiment un potentiel commercial, il faudra la mettre à l'épreuve avant d'aller plus loin.

«Il y a plusieurs éléments à considérer quand on veut savoir si une idée tient la route, dit Michel Fortin, directeur du SAJE accompagnateur d'entrepreneurs. Tout d'abord, il faut vérifier s'il y a vraiment un besoin ou un marché pour cette idée.»

Pour le savoir, il n'y a rien de mieux qu'aller sur le terrain.

«Par exemple s'il s'agit d'un commerce, il faut visiter des concurrents, observer la clientèle et voir comment ils dépensent, ajoute-t-il. Il faut parler aux concurrents, car c'est parfois surprenant à quel point ils peuvent nous transmettre de l'information», dit Michel Fortin.

C'est ce qu'ont fait Olivier Coustaing et Kendra Fayard, deux associés qui ont fondé leur PME, Vinci Conseil, il y a un an et demi.

Pour savoir si leur futur cabinet-conseil en recherche de cadres avait de l'avenir, ils ont tâté le terrain par différents moyens. Comme ils travaillaient déjà tous les deux dans ce domaine, il leur a été relativement facile d'enquêter discrètement.

«Nous avons parlé à d'anciens clients et à des candidats pour savoir quelles étaient leurs attentes de la part d'une firme de chasseurs de têtes, explique Olivier Coustaing. Ils nous ont dit ce qu'ils aimaient, ce qu'ils n'aimaient pas. Et nous avons aussi profité de toutes les occasions possibles pour discuter avec des gens de l'industrie et leur poser des questions afin de mieux comprendre leur marché, leur philosophie, leurs valeurs. Cela pouvait se faire dans des activités de réseautage, des conférences, ou de façon virtuelle sur des blogues ou des forums de discussion.»

Cibler un segment

Cette démarche leur a permis de mieux cibler un segment particulier du marché et d'orienter leur entreprise en conséquence.

«Alors qu'au départ nous pensions nous adresser à la clientèle classique des firmes de cette industrie, surtout composée de grandes entreprises recherchant des cadres dirigeants, notre enquête nous a permis de réaliser qu'il serait plus avantageux de nous démarquer en ciblant davantage les PME, car cette clientèle était plutôt délaissée par les autres cabinets. Nous avons aussi choisi de nous spécialiser dans le recrutement de cadres intermédiaires et d'offrir une approche personnalisée», dit Olivier Coustaing.

Pour sonder ses clients potentiels, on peut très bien aller dans la rue et sonder soi-même les individus, ou faire affaire avec une petite firme de sondage, dit Michel Fortin. «Avec certaines firmes, il est possible de payer 100$ par question, dit-il. Pour moins de 500$ on est en mesure de se monter une petite étude de marché. Il vaut mieux investir au départ que de se rendre compte plus tard que l'on a mal ciblé sa clientèle.»

Autre critère important: le montage financier est-il réaliste compte tenu des moyens dont on dispose?

«Si quelqu'un vient nous voir avec une idée farfelue qui nécessite 3 millions au départ, c'est plus difficile de faire passer son projet que si quelqu'un veut se lancer en affaires avec 30 000$», dit Yves Plourde, directeur général d'Entrepreneuriat Laval.

Aller jusqu'au bout

Une chose est sûre: rien ne sert d'avoir la meilleure idée du monde si l'on n'acquiert pas les compétences pour la concrétiser.

«Mieux vaut un bon entrepreneur derrière une idée simple, qu'une excellente idée avec un mauvais entrepreneur», dit Michel Fortin.

En effet, entre le moment où l'on trouve son idée et sa réalisation, il faudra investir temps, argent et énergie.

«Des idées, il y en a beaucoup, mais concrétiser l'idée et en faire une entreprise, c'est une longue démarche, dit Yves Plourde. Cela prend beaucoup de motivation et d'engagement.»

Beaucoup de souplesse aussi. Il faut accepter que l'idée de départ puisse être modifiée en cours de route, car la réalité du marché peut nous obliger à changer les choses.

«Dans les années 90, nous avons eu un gagnant à notre concours d'idées d'entreprises qui voulait prendre de la silice, la récupérer et la vendre, dit Yves Plourde. C'était une bonne idée qui allait dans le sens du développement durable, et un concept innovateur. Mais avec le temps, il s'est rendu compte que cela ne fonctionnerait pas, et a dû changer son modèle d'affaires. Aujourd'hui, son entreprise produit de la silice à partir de silicone.»

Au concours d'idées d'entreprise d'Entrepreneuriat Laval, on ne rejette pas les idées qui ne remportent pas de prix.

«Toutes les idées sont bonnes si on les perfectionne. Après le concours, on rappelle les concurrents pour voir s'ils sont intéressés à ce qu'on regarde leur projet et on leur propose de les aider à améliorer leur idée pour en faire une entreprise», dit Yves Plourde.