Avec les mouvements de fonds dans la pêche, certains croient qu’un peu plus de souplesse de la part des organismes réglementaires aiderait les pêcheurs-propriétaires à maintenir une certaine rentabilité pour leur PME. Et leur apporterait une paix d’esprit certaine.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

S’il ne critique pas l’approche de précaution, le pêcheur de crabe Pierre-Nicolas Tanguay-Lévesque aimerait plus de souplesse de la part des organismes réglementaires, puisqu’il y a désormais beaucoup de homard dans ses zones de pêche.

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Les dernières saisons ont été dures pour les pêcheurs, qui ne s’en cachent pas : leur paix d’esprit est mise à rude épreuve. « On regarde ce qui se passe avec la crevette : même l’année passée, c’était encore rentable, illustre Pierre-Nicolas Tanguay-Lévesque. Ça change très vite.

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« La masse du homard se trouvait auparavant sur les côtes du Maine », dit le commerçant Bernard Lauzier, qui travaille dans l’industrie depuis 37 ans – dont 28 comme poissonnier. Assez longtemps pour avoir observé le mouvement des poissons et des crustacés. « Il y a 25 ans, un pêcheur en Gaspésie pêchait 7000, 8000 ou 10 000 livres de homard. Le même pêcheur en pêche 100 000 livres aujourd’hui. »

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« On veut un accès à la ressource, continuer à aller au large et runner nos entreprises pendant 20 ans encore », lance Pierre-Nicolas Tanguay-Lévesque, ici avec son partenaire d’affaire Franky Dugas. « La raison pour laquelle Franky et moi on s’est racheté des quotas, c’est pour rester rentables, explique-t-il. Pour être compétitifs. Pour avoir des bateaux qui sont en ordre, pour mieux payer nos employés. On va faire ça durant 20 ans, mais il va nous rester quoi au bout ? »

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S’il n’y a pas de pêche au turbot cette année, « c’est un bon trou dans le chiffre d’affaires » confie Franky Dugas qui rappelle qu’on oublie souvent que les pêcheurs capitaines, qui sont propriétaires de leur bateau et de leurs quotas, sont des entrepreneurs, d’abord et avant tout. Des ressources alternatives sont en augmentation : le sébaste peut être pêché par les crevettiers et le homard est approprié pour les petits bateaux.

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En 2022, les pêcheurs de crabe avaient obtenu d’excellents prix pour leurs prises – 14 $ le kilo, selon les données officielles de Pêches et Océans Canada. En 2023, la valeur de leurs crustacés avait chuté de façon draconienne et les pêcheurs obtenaient moins de la moitié de l’année précédente. Cette année, les prix au débarquement ont augmenté un peu par rapport à 2023, mais ne se comparent pas à ceux de 2022.

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« La pire période, c’est l’hiver, avoue Pierre-Nicolas Tanguay-Lévesque. On travaille dans nos engins de pêche et on stresse. On se demande ça va être quoi l’année prochaine. » Chaque pêcheur a son histoire. « On parle de la pêche en général, mais on a tous une histoire différente, dit-il. Des quotas différents, des bateaux différents. »

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Comme pour la pêche au homard, les prises de crabes doivent être mesurées à bord : trop petits, les crustacés repartent à la mer. S’ils ont des prises accidentelles, les pêcheurs peuvent les revendre notamment via la plateforme du programme Fourchette bleue. Après une année d’existence, ce Marketplace de la mer réussit à joindre une centaine d’utilisateurs de l’industrie, vendeurs et acheteurs.

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La pêche a la vie dure cette année : en plus de la baisse des quotas de crevette, l’entreprise les Fruits de mer de l’Est a fermé son usine de Matane le 18 mars – et le bâtiment a brûlé moins de deux semaines plus tard. Il ne reste que deux usines de transformation de crevettes au Québec : à Rivière-au-Renard et à L’Anse-au-Griffon.