Et puis, à quoi ressemble votre relevé de carte de crédit ce mois-ci ?

Est-ce un feu de broussailles ? Ou bien l’explosion du Vésuve qui menace d’emporter Pompéi ?

C’est normal d’avoir plus de dépenses durant l’été. Mais avec les camps de jour, les sorties, les terrasses et les différents achats, j’ai l’impression que septembre est un peu devenu le nouveau janvier. Le moment où on se réveille avec une gueule de bois de dettes de carte de crédit.

Ma position sur les cartes de crédit est simple : si vous en avez besoin, vous ne devriez pas en avoir, et si vous n’en avez pas besoin, vous devriez en avoir plusieurs.

Une lectrice qui veut rester anonyme, et que j’appellerai Lucie*, vient de faire l’expérience d’une surdose d’utilisation de cartes de crédit. Il y a quelques mois, elle avait plus de 30 000 $ en dettes sur ces petits rectangles de plastique.

« Ça me causait un stress énorme, m’écrit-elle. Insomnie, douleurs physiques, fatigue, agacement permanent… C’était un cercle vicieux, le stress m’empêchait de voir la réalité. »

Lucie a pris contact avec l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de sa région. « Ça a été ma bouée de sauvetage. J’ai repris confiance, j’ai été écoutée sans me sentir jugée. Les différentes options m’ont été présentées et j’ai pris la décision de faire une proposition de consommateur. Je rembourse mes dettes, je suis un budget et j’ai retrouvé le sommeil. »

C’est une expérience extrême qui montre bien la force de son caractère. En fait, Lucie a appris à la dure essentiellement la seule règle que l’on doit suivre lorsqu’on utilise une carte de crédit : ignorer complètement le concept absurde de « paiement minimum », et payer la totalité du solde tous les mois sans exception.

Traîner un solde impayé sur sa carte de crédit, c’est littéralement se porter volontaire pour une baisse de salaire pendant des mois, voire des années.

Malheureusement, une personne sur trois transporte un solde sur sa carte de crédit de mois en mois, rapportait cet été ma collègue Marie-Eve Fournier.

Même les gens les plus en vue de la société ne sont pas à l’abri du pouvoir destructeur des dettes. L’investisseur Guy Spier s’est récemment souvenu d’une conversation qu’il avait eue au sujet des dettes avec le milliardaire Warren Buffett dans un souper il y a plusieurs années.

« [Buffett] m’a dit qu’il n’aurait jamais aimé s’endetter parce qu’il avait peur de découvrir comment il était capable de se comporter [avec des dettes]. L’idée que même quelqu’un de la stature et de l’éthique de Warren Buffett puisse avoir peur de lui-même dans un contexte d’endettement montre à quel point s’endetter peut être dangereux. »

Lisez l'article « Warren Buffett Wisdom : 15 Genius Things I Learned at Lunch With “The Oracle of Omaha” » (en anglais)

Imprévisible

Bien sûr, la vie est imprévisible. On peut avoir une grosse dépense qu’on n’avait pas vue venir, ou alors carrément voir ses revenus disparaître dans une perte d’emploi.

C’est pour ça que notre première tâche dans la vie après respirer, manger et lire cette rubrique devrait être de se constituer un fonds d’urgence.

Bâtir un fonds d’urgence est comme se doter d’un superpouvoir qui nous permet d’instantanément ramener à zéro tout solde imprévu de carte de crédit. Une fois qu’on l’a essayé, on ne peut plus s’en passer.

À combien devrait s’élever le montant d’un fonds d’urgence ? Il devrait couvrir entre trois et six mois de nos dépenses habituelles. Si vous avez besoin de suggestions pour optimiser vos dépenses et alimenter votre fonds d’urgence, j’ai déjà expliqué comment épargner 10 000 $ en un an.

Lisez l'article « Comment épargner 10 000 $ en un an »

Et non, une marge de crédit n’est pas un fonds d’urgence. Une marge de crédit, c’est tout simplement l’argent de la banque qui nous est présenté comme si c’était notre argent.

Est-ce possible d’investir son fonds d’urgence pour qu’il nous rapporte ?

C’est ce que fait Sébastien, qui m’écrit la chose suivante (et j’espère que vous êtes bien assis) :

« Je mets de l’argent de côté pour ma prochaine voiture, question de la payer avant de l’acheter, dans trois ou quatre ans. En attendant, je place cet argent dans le FNB CASH, qui me rapporte 4,4 % par année. »

Vous avez bien lu : Sébastien met de l’argent de côté pour acheter sa prochaine voiture et il est payé pour le faire. Il choisit cette option au lieu d’acquérir la voiture en premier et d’enrichir inutilement la banque ensuite en payant des intérêts sur le prêt.

Il dit mettre aussi de l’argent de côté en vue de refaire sa toiture et d’acheter une nouvelle laveuse dans quelques années.

« Ce n’est pas si simple à mettre en place, mais une fois que ça l’est, c’est extrêmement payant. Je ne paye pratiquement jamais d’intérêts. »

Est-ce que Sébastien aurait compris quelque chose ? Est-ce que la plus grande faille du système est d’épargner avant d’acheter plutôt qu’après ?

En passant, le FNB CASH dont parle Sébastien est offert par la firme Horizon, et s’échange à la Bourse de Toronto. Ses actifs sont placés dans les comptes d’épargne à intérêt élevé des grandes institutions canadiennes, et le taux offert va fluctuer avec les taux d’intérêt. Les intérêts sont versés chaque mois dans notre compte de courtage, et sont imposables si les placements ne sont pas détenus dans un compte enregistré comme un REER, un CELI ou un CELIAPP.

J’écrivais plus haut que les gens qui n’ont pas besoin de carte de crédit (les gens qui remboursent la totalité de leur solde tous les mois) devraient en avoir plusieurs, surtout pour accumuler des points.

Je suis loin d’être un expert dans le domaine. Mais le site québécois Milesopedia est un bon point de départ pour en apprendre davantage. Un couple d’amis à moi accumule l’équivalent de 5000 $ à 6000 $ par année en points de voyage grâce aux offres des émetteurs de cartes de crédit sans augmenter leur train de vie.

Consultez le site Milesopedia

Une carte de crédit est comme le feu : il peut nous réchauffer et améliorer notre vie, comme il peut détruire tout ce qu’on possède.

À nous de choisir l’aventure qui nous intéresse.

* Prénom fictif, pour protéger son anonymat