Finances personnelles, investissement, consommation... Une fois par mois, la chroniqueuse Stéphanie Grammond fait le tour des petites et grandes questions qui préoccupent les lecteurs de La Presse.

Avec l’offre des données illimitées avec un forfait cellulaire de 65 $, je me questionne sur la pertinence de conserver le service internet de la maison, dans mon cas Bell Fibe illimité qui me coûte 70 $ plus un forfait cellulaire de 35 $ avec 2 Go de données. Quelle est ton opinion sur le sujet ?

Daniel

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Au Québec, les forfaits « données illimitées » à 65 $ par mois qui sont offerts tant par Rogers, que par Telus et Bell réduisent la vitesse après 10 Go.

R. L’été dernier, les trois géants canadiens des télécoms ont lancé des forfaits cellulaires illimités, ce qui devrait révolutionner l’industrie.

Grâce à ces nouveaux services, le prix des données va fondre de moitié d’ici la fin de 2020, prévoit PwC. De plus, les frais pour la consommation excédentaire vont tomber de 80 %, ce qui n’est pas rien puisque les Canadiens paient en ce moment 1,4 milliard en extra, ce qui représente 5 % des revenus de l’industrie.

Bref, d’excellentes nouvelles pour les consommateurs qui risquent toutefois de consommer encore plus de données.

Mais ces nouveaux forfaits ont quand même des limites. D’abord, ils ne sont pas partageables entre plusieurs utilisateurs de cellulaire (sauf chez Telus). Et ensuite, la vitesse est réduite pour freiner les gros utilisateurs.

Au Québec, les forfaits « données illimitées » à 65 $ par mois qui sont offerts tant par Rogers, que par Telus et Bell réduisent la vitesse après 10 Go. Pour 85 $ par mois, la vitesse est réduite à partir de 20 Go et pour 115 $ par mois, la vitesse diminue seulement à partir de 50 Go.

Dans les trois cas, la vitesse tombe à 512 kbit/s (0,5 Mbit/s), ce qui est 200 fois moins rapide que la vitesse de pointe de 100 Mbit/s qu’un cellulaire peut atteindre.

Les utilisateurs se retrouvent à rouler en trottinette sur l’autoroute !

Cette vitesse demeure suffisante pour consulter des courriels, naviguer sur le web ou même écouter de la musique en continu. Mais il faudra s’armer de patience pour télécharger des fichiers PDF plus costauds ou encore ouvrir votre application de La Presse+. Pour les jeux vidéo et Netflix, n’y pensez même pas.

En théorie, il serait tout à fait possible, surtout pour une personne seule, de laisser tomber sa connexion internet résidentielle et d’utiliser son téléphone cellulaire comme borne WiFi lorsqu’on est à la maison, de manière à payer seulement 65 $ par mois au total.

Mais en pratique, ce n’est pas la meilleure option… du moins pas pour Daniel, a calculé Nadir Marcos Mechaiekh, président du site web de comparaison de forfaits de télécom PlanHub.

Sachant qu’il paie en ce moment 35 $ pour un forfait mobile de 2 Go et 70 $ pour un accès internet Fibe, on peut dire que sa facture mensuelle s’élève à 105 $. En magasinant un peu, il pourrait abaisser sa facture à 63 $ par mois, soit une économie de 40 $ par mois sans trop faire de sacrifices.

Dans un premier temps, il devrait migrer vers Fizz, le fournisseur à bas prix de Québecor, qui offre un forfait cellulaire à 28 $ incluant 2 Go, par rapport à 35 $ pour Fido, Koodo ou Virgin, les filiales à rabais de Rogers, Telus et Bell.

Dans un second temps, il devrait s’abonner au service internet résidentiel d’un fournisseur alternatif comme Transat Télécom, qui lui coûterait 35 $ par mois pour des données illimitées à une vitesse de 50 Mbit/s.

Cette vitesse est probablement plus basse que son forfait actuel, mais décidément beaucoup plus rapide que la vitesse réduite d’un cellulaire.

Assurance location d’auto

Je ne possède pas de voiture, mais je loue parfois des voitures et j’utilise aussi Communauto. Si j’ai bien compris, malgré ma carte de crédit qui me couvre pour les locations de voiture, je ne possède aucune protection sur ma responsabilité civile ? Donc, rien ne me protège si je blesse quelqu’un ? On m’avait dit que la SAAQ nous protégeait pour la responsabilité civile. Est-ce le cas ? Sinon, où se procurer cette protection supplémentaire ?

Nathalie

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Avant de louer ou d’emprunter un véhicule, prenez le temps de vérifier le montant de l’assurance responsabilité civile qui est comprise dans le prix de base.

R. En effet, les programmes d’assurances associés aux cartes de crédit ne couvrent généralement pas la responsabilité civile. Vous n’êtes donc pas couvert pour les dommages corporels ou matériels que vous pourriez causer aux autres lors d’un accident avec un véhicule loué.

Ceci dit, les sociétés de location doivent assurer minimalement leurs véhicules en responsabilité civile, puisque toutes les provinces y obligent les propriétaires de véhicule. Le hic, c’est que le minimum requis par la loi n’est pas toujours suffisant.

Au Québec, le minimum est de seulement 50 000 $. Mais la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) protège tous les Québécois pour les blessures dont ils sont victimes lors d’accidents de la route, au Québec ou ailleurs dans le monde, peu importe qui est responsable de l’accident. Si vous blessez quelqu’un sur la route au Québec, vous ne serez donc pas poursuivi.

Toutefois, la SAAQ ne couvre pas les dommages matériels que vous pourriez causer à autrui. La protection minimale de 50 000 $ pourrait donc être insuffisante si vous heurtez un camion-citerne qui prend feu…

Dans les autres provinces, les risques sont encore plus élevés. La protection minimale s’élève à 200 000 $, mais les dommages corporels ne sont pas couverts par un régime gouvernemental. Si vous blessez quelqu’un gravement, ça peut vous coûter très cher.

Avant de louer ou d’emprunter un véhicule, prenez donc le temps de vérifier le montant de l’assurance responsabilité civile qui est comprise dans le prix de base.

Chez Communauto, par exemple, une assurance complète (collision et responsabilité civile de 5 millions) est fournie automatiquement à tous ceux qui utilisent les véhicules. En cas d’accident, le conducteur n’aura à payer que le montant de la franchise choisie.

Mais si la protection offerte par le locateur est insuffisante, n’hésitez pas à payer quelques dollars de plus pour être couvert adéquatement.

Si vous êtes déjà propriétaire d’un véhicule, pas de souci. Votre propre police d’assurance vous couvrira en responsabilité civile sur le véhicule loué au Canada et aux États-Unis, grâce à l’avenant 27.

Pour ceux qui n’en ont pas, l’Autorité des marchés financiers (AMF) vient tout juste de revoir son formulaire de police d’assurance FPQ-2 qui permettra d’offrir une assurance complète pour les gens qui louent ou empruntent un véhicule. « Mais à notre connaissance, encore aucun assureur ne s’est lancé », m’a dit Anne Morin, porte-parole du Bureau d’assurance du Canada (BAC).

À suivre…

Le bas de laine des Canadiens

Au Québec, le RRQ est administré par la Caisse de dépôt. Qui est-ce qui gère le RPC ?

Michel

PHOTO KRISZTIAN BOCSI, ARCHIVES BLOOMBERG

La caisse du Régime de pensions du Canada s’élève à 410 milliards de dollars (au 30 septembre 2019).

R. Au Québec, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) gère la réserve du Régime des rentes du Québec (RRQ). Cette cagnotte de 73 milliards de dollars servira au paiement des rentes de 4,1 millions de cotisants et 2 millions de bénéficiaires.

Mais la Caisse qui a été créée en 1965 a un mandat encore plus large. Elle gère des actifs totaux de 327 milliards (au 30 juin 2019) pour le compte d’une quarantaine de déposants. Son rendement depuis cinq ans s’élève à 8,3 %.

Dans les autres provinces, les travailleurs cotisent au Régime de pensions du Canada (RPC) qui est le frère jumeau du RRQ.

C’est l’Office d’investissement du RPC (OIRPC) qui gère la caisse du RPC, qui s’élève à 410 milliards de dollars (au 30 septembre 2019), pour le compte de 20 millions de cotisants et bénéficiaires. Depuis cinq ans, l’OIRPC a enregistré un rendement annualisé de 10,3 %.

L’OIRPC, qui gère le plus gros portefeuille au Canada, se classe parmi les 10 caisses de retraite les plus importantes au monde.

Parmi les autres mastodontes canadiens, on trouve aussi Teachers’ qui gère le régime de retraite des enseignants de l’Ontario, avec un actif de 191 milliards (en date du 31 décembre 2018).

Investissements PSP, qui est établi à Montréal, supervise la gestion de 168 milliards pour plusieurs régimes de retraite du gouvernement fédéral. Il a réalisé un rendement annualisé de 8,8 % sur cinq ans (en date du 31 mars 2019).

Le REEE à temps partiel

Ma petite fille désire compléter un DEC en techniques infirmières. Si elle fait son bac le soir, par la suite, tout en travaillant, pourra-t-elle utiliser son REEE ? J’imagine qu’il y aura une implication fiscale ?

Denis

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’enfant peut faire des retraits du Régime enregistré d’épargne-études même s’il est inscrit à temps partiel à un programme d’études postsecondaires, à certaines conditions.

R. Avant de parler des retraits du Régime enregistré d’épargne-études (REEE), je vous rappelle que les sommes accumulées dans le REEE peuvent être de trois natures : 

1) les cotisations versées par le souscripteur, généralement le parent qui a cotisé dans le régime ; 2) les subventions obtenues des gouvernements ; 3) les revenus générés au fil des ans.

Dans un régime individuel ou familial, offert notamment par les banques, les cotisations sont toujours la propriété du souscripteur. Le parent peut donc retirer son capital en tout temps, sans impôt. Ça lui appartient. Mais il doit remettre les subventions au gouvernement, si l’enfant ne fait pas d’études postsecondaires.

Par contre, il est possible de retirer le capital au complet, sans aucune conséquence, dès que l’enfant arrive aux études postsecondaires.

À ce moment, on peut aussi commencer à retirer les subventions gouvernementales et les revenus du REEE qui seront versés à l’enfant sous forme de Paiement d’aide aux études (PAE). L’enfant devra alors ajouter le retrait à ses autres revenus et donc payer des impôts.

Votre enfant peut faire des retraits même s’il est inscrit à temps partiel à un programme d’études postsecondaires. Mais il faut que ce programme ait une durée minimale de trois semaines consécutives et qu’il exige que l’étudiant consacre au moins 12 heures par mois aux cours.

Si vous avez plutôt cotisé à un régime collectif, c’est-à-dire un plan de bourse offert par des sociétés comme Universitas (maintenant Kaleido), les règles de retrait seront plus contraignantes.