Selon Statistique Canada, certains produits se vendent moins cher qu’en mars 2020 pendant le confinement. Les fluctuations du prix des aliments ne se résument pas seulement par des chiffres, mais entraînent aussi un questionnement sur les perceptions et les réalités qui se chevauchent.

Nous avons appris mardi que l’inflation alimentaire se calme, peu à peu. Tant mieux. D’ailleurs, il est à peu près au même niveau que l’inflation générale pour la première fois depuis octobre 2021. Nous avons fait du chemin depuis quatre ans.

Il y a quatre ans, la confusion totale régnait pendant le confinement de toute la population. À la vue des rayons vides à l’épicerie, beaucoup se demandaient si le Canada manquait de nourriture et si les prix allaient en subir les contrecoups. Avec les restrictions sanitaires qui variaient d’une région à l’autre du monde, les retards aux frontières s’accumulaient et les chaînes d’approvisionnement éprouvaient de lourdes perturbations.

Puis, à peine deux ans plus tard, la catastrophe éclatait en Ukraine. L’invasion illégale de la Russie poussait le prix de la plupart des denrées agroalimentaires à des niveaux inégalés. Le prix du blé, par exemple, atteignait un sommet de 12 $ le boisseau pour la première fois de l’histoire. Notre taux d’inflation alimentaire bondissait à 11 % l’an dernier, au grand désespoir des consommateurs d’ici et d’ailleurs.

Certains croient que les prix alimentaires ont doublé depuis 2020. Toutefois, selon les données de Statistique Canada, les prix ont augmenté de 21 % depuis mars 2020, toutes catégories confondues. Loin du double, mais 21 %, c’est beaucoup. L’huile d’olive se retrouve en tête de liste avec une augmentation de prix de 83 %, suivi des cantaloups, à 76 %. Ces deux catégories ont subi des problèmes de production liés aux changements climatiques. Le cantaloup a même fait l’objet d’un rappel majeur il y a quelques mois. L’huile végétale a augmenté de 72 %, l’huile de canola de 51 %, la margarine de 67 % et les fraises de 58 %. L’ensemble des produits coûtent plus cher qu’en 2020, mais des exceptions existent.

Certaines personnes restent surprises d’apprendre que certains produits se vendent moins cher qu’en mars 2020. D’abord, les amandes coûtent 19 % de moins qu’il y a quatre ans. Le prix de l’épaule de porc a reculé de 14 % et les côtes de porc, de 13 % depuis mars 2020. Le thon en conserve a aussi connu une baisse de 14 %. Toujours selon Statistique Canada, même les poitrines de poulet ont vu leur prix descendre de 3 %. Il y a un an, une photo virale de poitrines de poulet chères soulevait l’ire de tout le monde pour mener une campagne sur les réseaux sociaux condamnant l’abus possible et la cupidité des épiciers. Un élan de panique, ou presque.

Les prix de certains produits sont demeurés à peu près constants, notamment pour le poulet entier, les épinards, le saumon en conserve, les fameuses bananes, les poires et les tomates.

Si tout cela reste difficile à croire, probablement que notre confiance envers Statistique Canada est minée.

Toutefois, au moment de payer leur épicerie, les gens ne ressentent pas cet état d’augmentation modérée que ces données laissent entrevoir. Même si des catégories d’aliments profitent d’une certaine immunité envers l’inflation, nos perceptions subissent souvent l’influence de la volatilité des prix. Regardons un peu les écarts-types de prix depuis quatre ans.

Depuis mars 2020, l’aliment ayant l’écart-type le plus élevé est le bœuf. Selon la coupe, l’écart-type peut varier entre 4 et 5. Cette mesure de dispersion des prix alimentaires peut nous dire à quel point les prix varient par rapport à leur moyenne. Le saumon a un écart-type de plus de 4. Les poitrines de poulet et les huiles végétales ont aussi des écarts-types élevés comparativement à la moyenne. De même que la margarine, les tomates, les poivrons, le riz blanc et la mayonnaise.

Fait intéressant, les viandes ont augmenté à peu près autant que les produits à base de protéines végétales comme le houmous, le tofu, les lentilles et les fèves sèches, mais la perception populaire veut que les prix au comptoir des viandes aient explosé plus qu’ailleurs dans le magasin. Les perceptions nous trompent souvent.