(Ottawa) Alors que les députés étudient l’abordabilité des services de télécommunications, le coût des services de télécommunications continue de baisser, contribuant ainsi à faire descendre le taux d’inflation au pays le mois dernier, selon Statistique Canada.

Les consommateurs qui ont souscrit à un forfait de téléphonie cellulaire en février ont payé 26,5 % de moins qu’au cours du même mois de l’année dernière, d’après les données sur l’Indice des prix à la consommation (IPC) publiées mardi.

Cela fait suite à une baisse d’une année sur l’autre de 16,4 % en janvier.

L’agence fédérale affirme que la baisse sur 12 mois est due à la diminution des prix des nouveaux forfaits et à l’augmentation des données allouées pour certains forfaits de services cellulaires.

Statistique Canada indique également que les prix de l’accès à internet en février ont chuté de 13,2 % sur une base annuelle et de 9,4 % d’un mois à l’autre, un recul qu’elle attribue à des promotions offertes par les fournisseurs.

Les calculs des prix des télécommunications de l’agence reflètent deux facteurs principaux : les prix bruts des services et la « différence de qualité », avance le consultant en télécommunications Mark Goldberg.

Les baisses de prix dans le rapport national sur l’inflation pourraient indiquer que les consommateurs en ont plus pour leur argent grâce à de nouvelles offres, telles que des forfaits de données plus importants, des avantages d’itinérance internationale ou des services de messagerie vocale.

« Soit ils obtiennent plus pour le même prix, soit ils paient moins pour la même chose », analyse M. Goldberg, qui a comparé cela à « l’opposé de la réduflation ».

« Si vous allez dans une épicerie et que la boîte de céréales sur l’étagère coûte 3,99 $, mais que le mois dernier c’était une boîte de 500 grammes et ce mois-ci, c’est une boîte de 400 grammes […], vous diriez que les prix ont augmenté de 25 %. Dans ce cas, c’est le contraire », ajoute-t-il.

Les données sur l’IPC de Statistique Canada ont montré que le taux d’inflation annuel global au Canada était de 2,8 % le mois dernier, en baisse par rapport aux 2,9 % de janvier.

L’agence fédérale a indiqué que les indices des services de téléphonie cellulaire et d’accès à internet étaient parmi les facteurs responsables de cette baisse.

Des forfaits pour une faible consommation ?

Les données de février sont conformes aux tendances nationales fréquemment vantées par l’industrie des télécommunications. De janvier 2019 à janvier 2024, le coût des services cellulaires au Canada a diminué de 47 %, selon les données de Statistique Canada mises en avant par l’Association canadienne des télécommunications.

« Alors que la plupart des biens et services sont devenus plus chers, la concurrence féroce dans le secteur des télécommunications a entraîné une baisse significative des prix des services de téléphonie cellulaire et d’accès à internet », a commenté le porte-parole de l’association, Nick Kyonka, par courriel.

Les prix des télécommunications ont retenu l’attention ces derniers temps, alors que la question est actuellement étudiée par le comité de l’industrie de la Chambre des communes.

Les députés du comité ont tiré la sonnette d’alarme en janvier lorsque Rogers Communications a confirmé qu’elle augmentait les prix de 5 $ en moyenne pour certains clients sans fil sans contrat, et quand certains clients de Bell Canada ont été informés que leurs factures de services sans fil allaient augmenter.

Lundi, le comité a entendu les témoignages des dirigeants de Rogers, Bell et Telus qui ont souligné que les prix pour la téléphonie et l’internet étaient en baisse. Ils ont toutefois reconnu que certains clients n’ont pas l’impression de payer moins, tout en notant que l’utilisation des données par les Canadiens a augmenté ces dernières années.

« Je ne vois tout simplement pas de forfaits adaptés à davantage de clients à faible consommation », remarque Mohammed Halabi, directeur et fondateur de MyBillsAreHigh.com, une entreprise qui aide les clients à négocier avec les fournisseurs de téléphonie mobile pour économiser de l’argent.

Alors que les grandes entreprises proposent des forfaits qui permettent aux clients de payer moins par gigaoctet de données, ils incluent généralement « une énorme quantité de données dont les clients n’ont pas nécessairement besoin », souligne-t-il.

« Où sont les forfaits plus adaptés aux personnes qui n’utilisent que cinq gigaoctets ? », affirme M. Halabi.

Selon lui, les clients ont de plus en plus la possibilité d’économiser sur leurs factures de téléphonie mobile lorsqu’ils sont regroupés avec d’autres services tels que la télévision ou l’internet domestique.

« Mais cela vous pousse alors vers un autre service dont vous n’avez peut-être pas besoin et vous devez alors composer avec des rabais importants qui expirent, dans certains cas, après deux ans », soutient-il.

M. Goldberg croit qu’il est important de reconnaître qu’une personne qui suit le même forfait depuis des années ne remarquera pas les effets mesurés par Statistique Canada. Les données ne tiennent compte que des modifications apportées aux factures des clients, y compris ceux qui ont changé d’opérateur ou renégocié leur forfait existant avec leur fournisseur.

« Vous ne devriez pas suivre un plan tarifaire vieux de deux, trois ou cinq ans, conseille-t-il. Si vous avez toujours le même forfait qu’il y a deux ans, vous n’obtenez pas suffisamment de données pour le même montant d’argent. »