Les dirigeants des trois plus grandes sociétés de télécommunications du Canada ont fait valoir que les prix de la téléphonie et de l’internet étaient en baisse lors d’une comparution devant les députés, lundi, citant l’utilisation accrue des données, les coûts élevés du spectre et les conditions réglementaires comme raisons pour lesquelles les Canadiens pourraient penser le contraire.

Les trois chefs de la direction – Tony Staffieri de Rogers Communications, Mirko Bibic de BCE et Darren Entwistle de Telus – ont comparu virtuellement à la réunion du comité de l’industrie de la Chambre des communes après que ses membres ont voté à l’unanimité le mois dernier pour les convoquer.

Le comité se penche sur l’accessibilité et l’abordabilité des services sans fil et à large bande – un enjeu qui a été mis au premier plan en janvier après la confirmation par Rogers d’une augmentation des prix en moyenne de 5 $ pour certains clients sans fil sans contrat.

M. Staffieri a été pressé sur la question lundi, le député libéral Francesco Sorbara suggérant que cette décision était « sourde » à la situation économique des consommateurs.

« N’admettez-vous pas que le moment n’était pas idéal ? », a-t-il demandé.

M. Staffieri a répondu que la hausse des prix n’affectait que les clients bénéficiant d’anciens forfaits ne faisant plus partie de ceux offerts aux nouveaux clients.

« Il était important pour nous de garantir que ces clients aient le choix, a-t-il déclaré. En deux clics, ils pouvaient accéder à un forfait disponible sur le marché et leur offrir le meilleur rapport qualité-prix adapté à leur situation. »

Le député conservateur Ryan Williams a demandé à MM. Bibic et Entwistle si Bell et Telus comptaient augmenter leurs prix en réponse à la décision de Rogers.

M. Bibic n’a pas voulu dire si Bell envisageait de faire de même, insistant sur le fait que l’entreprise se concentre sur la réduction des coûts, tandis que M. Entwistle a déclaré qu’il restait persuadé que les Canadiens verraient des baisses de prix, mais qu’il « n’allait pas parler de fixation des prix dans un forum avec mes deux concurrents aussi présents ».

Les PDG soulignent la consommation de données

Certains membres du comité se sont dits préoccupés par les prix de la téléphonie et de l’internet au Canada, arguant que les Canadiens paient trop cher pour ces services.

Mais les chefs de la direction ont cité des données récentes de Statistique Canada montrant que les prix des services sans fil ont diminué de 16 % au cours de la dernière année et de 47 % au cours des cinq dernières années.

Si vous comparez au Canada, de 2019 à 2024 seulement, nous offrons dans certains cas 10 fois plus de données pour 40 $ de moins par mois. Vous pouvez voir la baisse massive.

Mirko Bibic, chef de la direction de BCE

M. Entwistle a soutenu que « l’augmentation massive de la consommation de données » explique en partie pourquoi certains Canadiens peuvent avoir l’impression que les prix de leurs services de télécommunications ont augmenté. Il a déclaré que les Canadiens sont « parmi les plus grands consommateurs de données au monde », raison pour laquelle les grandes entreprises leur proposent des forfaits plus importants qu’auparavant.

« Si vous réduisez mathématiquement le coût de moitié, mais que l’utilisateur utilise deux fois plus de données qu’il n’en a été le cas historiquement, le coût sera le même pour l’utilisateur », a-t-il fait valoir.

M. Entwistle a ajouté que l’élément « manquant » de la conversation concerne le coût du téléphone portable physique lui-même, qui, selon lui, peut représenter près de la moitié d’une facture mobile globale.

« C’est un segment où nous ne contrôlons pas les coûts, a-t-il déclaré. En fin de compte, ces aspects économiques sont déterminés par les fabricants d’appareils. »

Le coût du spectre

Les trois chefs d’entreprise ont également déclaré au comité que le coût qu’ils paient au Canada pour le spectre sans fil – les fréquences électromagnétiques qui permettent les communications par téléphone intelligent – est parmi les plus élevés au monde.

En novembre dernier, les entreprises canadiennes de services sans fil ont dépensé collectivement environ 2,1 milliards pour des morceaux de bande passante 5G lors de la plus récente vente aux enchères de spectre du gouvernement fédéral. À ce moment, des experts avaient souligné que le coût du spectre supporté par les opérateurs pouvait entraîner une hausse des prix des services cellulaires à mesure que les entreprises récupèrent leurs investissements.

M. Entwistle a déclaré qu’en 2021, les frais de spectre représentaient 100 $ sur la facture annuelle de téléphone sans fil de chaque Canadien.

« Ces frais reflètent le fait que les opérateurs sans fil canadiens ont historiquement payé les prix les plus élevés pour le spectre lors d’enchères successives dans le monde, a-t-il affirmé. Cela représente une part importante de notre base de coûts, et je dirais que cela est incompatible avec une politique visant à améliorer l’abordabilité. »

M. Bibic a ajouté que si les prix du spectre imposés par le gouvernement au Canada suivaient la moyenne mondiale, « la facture sans fil de chaque Canadien serait inférieure de 5 $ par mois ».

Mais le député conservateur Rick Perkins a suggéré que la faute incombait également aux entreprises elles-mêmes. Il a déclaré que les rapports trimestriels sur les résultats de Rogers « se vantent fréquemment de l’augmentation de votre revenu moyen par utilisateur chaque année ».

« C’est pourquoi les Canadiens ont l’impression de payer plus, parce que vous leur faites payer plus », a-t-il déclaré lors d’un échange avec M. Staffieri.

« Le revenu moyen par utilisateur n’est pas égal au prix », a répondu M. Staffieri, soulignant qu’il s’agit « d’une mesure comptable […] et qu’elle inclut des services que le client peut choisir d’ajouter ».

« Et le vôtre est passé de 50,75 $ en 2020 à près de 60 $ maintenant, en seulement quatre ans », a déclaré le député Perkins.