Il n’y a pas à dire, les chats et les chiens rendent leurs propriétaires très sentimentaux.

Une preuve parmi tant d’autres : un parent d’animal de compagnie sur quatre affirme qu’il faudrait lui donner au moins 1 million de dollars pour renoncer définitivement à posséder une petite bête poilue. Et la moitié des propriétaires d’animaux affirment qu’aucune somme ne serait suffisante pour leur faire accepter un tel supplice, a révélé un sondage pancanadien de Rover, une plateforme en ligne sur laquelle on peut acheter ou vendre des services pour les animaux.

L’existence même du géant américain Rover – qui vaut près de 2 milliards US et dont les actions s’échangent sur le NASDAQ – démontre bien l’ampleur de l’industrie qui s’est développée grâce à l’amour des animaux de compagnie. Pour 50 $ à 65 $ la nuit, votre chien peut dormir au domicile d’un inconnu pendant vos vacances. Le gardiennage d’un chien qui s’ennuie coûte de 20 $ à 40 $ par jour. Des personnes proposent aussi de promener les chiens ou de rendre visite aux chats aux quatre coins du Québec. Le site fonctionne un peu comme Uber, Turo ou Airbnb.

Ce type de dépense s’ajoute à toutes les autres, plus ou moins évitables : nourriture, toilettage, vaccins, stérilisation, litière, jouets, éducation, médicaments, permis, alouette. Selon Rover, un chien coûte de 460 $ à 3140 $ par année, tandis qu’un chat grugera de 350 $ à 1380 $ dans le budget.

Le comparateur de produits financiers HelloSafe a pour sa part évalué, il y a quelques jours, qu’un chien coûtera en moyenne 3020 $ en 2024⁠1. Il s’agit d’un bond de 570 $ en trois ans (+23 %) qui s’explique par l’inflation généralisée, la forte demande pour tous les produits et services liés aux animaux et une évolution vers les soins de meilleure qualité.

Le prix de la nourriture fait particulièrement mal au portefeuille des propriétaires d’animaux. Certains (32 %) vont jusqu’à réduire leur propre facture d’épicerie pour nourrir leur chat ou leur chien.

Dans le cas des plus gros chiens qui mangent beaucoup, la facture peut atteindre 4605 $.

Cette tendance à la hausse des coûts a des conséquences importantes sur le budget des ménages. Avant d’adopter un animal, une planification financière minutieuse et réaliste s’impose donc.

Mais en règle générale, les Québécois sous-évaluent « nettement » les coûts d’entretien annuel d’un chat ou d’un chien, constate l’Association des médecins vétérinaires du Québec (AMVQ) en se basant sur un récent sondage Léger.

Les propriétaires d’un chat, par exemple, prévoient dépenser 869 $ pour leur animal dans la prochaine année. Les vétérinaires évaluent plutôt la facture à 1069 $ au minimum pour un chat gardé à l’intérieur, 1384 $ pour un chat qui vagabonde dehors. Quand on inclut les soins dentaires, divers dépistages et de la nourriture humide de qualité, entre autres « extras », la somme atteint 3000 $.

Pour avoir une idée des coûts avant d’adopter, l’AMVQ a préparé des fiches utiles.

Consultez les calculs de l’AMVQ

Si on peut bien vivre avec les dépenses courantes engendrées par son animal, on n’est jamais à l’abri d’un dilemme épouvantablement émotif lorsque minou ou pitou est frappé par le cancer ou une autre maladie grave. On paie 4000 $ pour l’intervention ou on fait euthanasier son petit trésor ? « On discute des frais à toutes les étapes. On nous demande l’espérance de vie, les chances de survie… C’est de la négociation sans arrêt. On parle beaucoup d’argent », m’a raconté le vétérinaire Michel Pepin.

Une solution pour avoir l’esprit tranquille est d’assurer la santé de son animal, ce qui coûte de l’argent.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Une poignée d’entreprises proposent des assurances pour les animaux, dont le CAA et Costco qui offrent les polices de Pets Plus Us. Desjardins et Sonnet ont développé leur propre produit.

Assurer son compagnon à quatre pattes

Malgré la hausse importante des coûts engendrés par les animaux de compagnie, seulement 2 % ou 3 % des chats et des chiens, au Québec, sont protégés par une assurance couvrant les maladies, les accidents et parfois les soins préventifs. Cela se comparerait à 35 % au Royaume-Uni et 80 % en Suède, selon l’Association des médecins vétérinaires du Québec (AMVQ). « Ici, ça ne bouge pas vraiment depuis des années, même si on en parle beaucoup », rapporte Michel Pepin, vétérinaire et porte-parole de l’AMVQ.

Selon la North American Pet Health Insurance Association, le marché canadien de l’assurance pour animaux a connu un taux de croissance moyenne de 17 % dans les cinq dernières années, mais on partait de presque rien. L’organisation rapporte aussi que les chiens représentaient 86 % du volume de primes, en 2022. C’est logique, puisque les problèmes de santé sont plus fréquents chez les chiens.

Une poignée d’entreprises proposent des assurances, dont le CAA et Costco qui offrent les polices de Pets Plus Us. Desjardins et Sonnet ont développé leur propre produit. Petline vend une assurance appelée Petsecure, tandis que Trupanion se targue d’être la seule compagnie au monde à offrir un paiement direct au comptoir du vétérinaire.

La comparaison de tous ces produits n’est pas une mince tâche, malheureusement.

Les primes varient grandement en fonction de l’âge et de la race de l’animal, ainsi que du montant de la franchise choisi (parfois, la franchise est imposée). Le niveau de couverture et un autre élément clé. Les polices couvrant les soins préventifs sont beaucoup plus chères puisqu’elles susciteront forcément des réclamations.

Chez Desjardins, il faudra débourser, en moyenne, de 37 $ à 136 $ par mois pour un chien. Les chats sont moins coûteux à assurer : de 26 $ à 87 $ mensuellement, en moyenne.

À CAA-Québec, la prime mensuelle moyenne est de 63 $, tous animaux confondus. Au bout de 12 ans, la barre des 9000 $ est franchie. Ce n’est quand même pas donné.

Dans certains cas, une évaluation médicale à ses frais est requise pour découvrir de potentiels problèmes de santé préexistants, qui sont exclus de la couverture pour des raisons évidentes. Les réclamations fonctionnent généralement de la même manière que les assurances collectives pour les humains : on se rend en ligne et on transmet ses factures.

Difficile de dire si les assurances pour animaux sont avantageuses financièrement. Option consommateurs et l’Union des consommateurs n’ont pas analysé ce type de produit relativement nouveau. Comme c’est le cas en assurance habitation, on peut très bien payer pendant des années… uniquement pour avoir la paix d’esprit, ce qu’on découvre toujours après.

Le principe de base étant la mutualisation des risques, certains parents d’animaux seront forcément perdants et d’autres gagnants.

Avant d’assurer un animal, il faut surtout se questionner sur notre tolérance aux risques et notre capacité financière à composer avec une facture de plusieurs milliers de dollars, suggère Sylvie De Bellefeuille, avocate et conseillère budgétaire chez Option consommateurs. « Ce qui est souvent sous-estimé, ajoute-t-elle, c’est le caractère imprévisible des coûts de santé. »

CAA-Québec, qui propose une assurance pour les animaux depuis moins de deux ans, conseille d’obtenir quelques soumissions et de bien comparer les couvertures ainsi que les exclusions. Dans le cas de races sujettes à une maladie héréditaire, « mieux vaut assurer son animal le plus tôt possible, quand il est jeune et en santé. Ce sera beaucoup moins cher », dit Dominique Larouche, experte en assurances à CAA-Québec.

« Le fait d’être assuré débloque un budget pour une médecine plus poussée, plus spécialisée », fait valoir le vétérinaire Michel Pepin. Il donne l’exemple des soins dispensés par les oncologues et les orthopédistes, les scans du cerveau, les chirurgies pour les prothèses aux hanches. Ainsi, si l’on tient mordicus à offrir ce qu’il y a de mieux à notre animal, l’assurance est une option à considérer.

Peu importe le coût total associé à son chien ou à son chat, il semble que le retour sur l’investissement est fantastique et même incomparable. Selon Rover, 84 % des propriétaires disent que leur bête leur apporte plus de bonheur que tout autre chose qui leur coûte de l’argent.

1- Consultez le rapport d’HelloSafe
https://hellosafe.ca/assurance-animaux/chien/budget-annuel