Québec a lancé cette semaine la zone d’innovation de la Vallée de la transition énergétique à Shawinigan, Trois-Rivières et Bécancour, et ce devrait être bientôt au tour de Rimouski et de Grande-Rivière de devenir la prochaine zone d’innovation, responsable celle-là d’articuler le déploiement de l’économie bleue.

Après les sciences quantiques à Sherbrooke, les technologies numériques à Bromont et la transition énergétique dans la région de Trois-Rivières, La Zone bleue verra bientôt le large dans le Bas-du-Fleuve et en Gaspésie ; il s’agira de la quatrième zone d’innovation désignée par le gouvernement du Québec.

La Zone bleue aura le mandat d’articuler une vision commune autour de la valorisation des ressources maritimes du fleuve Saint-Laurent et du Saguenay, qu’il s’agisse de pêche durable, d’aquaculture, d’exploitation des marais salins, de la transformation ou des biotechnologies marines.

Cette nouvelle zone d’innovation veillera aussi au développement des technologies maritimes, de la navigation et à l’utilisation optimale des infrastructures, telles que les grands ports de mer, les chantiers maritimes avec le développement accéléré de celui de la Davie à Lévis ou celui des Méchins, racheté par le Groupe Océan.

Martin Beaulieu, qui était depuis 2014 le président de la Société de promotion économique de Rimouski, devient officiellement ce jeudi le président de La Zone bleue.

PHOTO IFTEN REDJAH, FOURNIE PAR LA ZONE BLEUE

Martin Beaulieu

« C’est un projet qui se développe de façon informelle depuis quelques années déjà. On travaillait déjà avec la Corporation de développement économique de Grande-Rivière pour favoriser le développement de l’économie bleue autour de nos forces communes dans les secteurs maritimes et de la pêche », explique Martin Beaulieu.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, également responsable du Développement économique régionale, a lancé le concept des zones d’innovation en février dernier dans le but de regrouper dans un même environnement les acteurs de la recherche, de l’industrie, du milieu de l’enseignement et de l’entrepreneuriat pour développer les avantages concurrentiels et l’innovation des entreprises autour d’un secteur de niche.

Le fleuve Saint-Laurent, le Saguenay, l’accès à la mer, la pêche qu’on y pratique, les nouveaux produits que l’on y expérimente et le fait que près de 90 % des biens de consommation dans le monde sont acheminés par bateau sont à la base de l’économie bleue.

« On parle d’économie bleue, mais c’est une économie que l’on veut verte en trouvant des solutions pour réduire les émissions de GES et des techniques utilisant l’intelligence artificielle pour combattre l’érosion des berges, notamment », explique Martin Beaulieu, titulaire d’un doctorat en sciences de l’alimentation.

Des mandats spécifiques

Rimouski a développé une forte expertise dans le domaine maritime qui repose sur une base historique importante. On y retrouve l’Institut maritime du Québec et l’Institut des sciences de la mer, en plus de l’Institut Maurice-Lamontagne à Mont-Joli.

« On a plus de 600 chercheurs dans la région de Rimouski et plus d’une centaine en Gaspésie. On a établi Novarium à Rimouski, un campus d’innovation qui accueille une cinquantaine de jeunes pousses et d’entreprises qui travaillent au développement de l’économie bleue avec des recherches sur les biocarburants ou l’utilisation de l’IA pour détecter les baleines.

« À Grande-Rivière, en Gaspésie, on a un budget de 33 millions pour construire un centre spécialisé dans la capture, la transformation et l’aquaculture et qui assurera des services d’accompagnement d’entreprises. On veut cesser d’exporter toutes nos prises et de consommer des produits de la mer qui sont importés », explique Martin Beaulieu.

L’activité maritime sur le Saint-Laurent et le Saguenay implique un millier d’entreprises et génère des retombées annuelles de 2,5 milliards. L’objectif avoué de La Zone bleue est de faire passer la contribution du secteur maritime de 0,6 % du PIB à 1,6 % d’ici cinq à dix ans.

Les ambitions du gouvernement fédéral sont encore plus grandes puisqu’Ottawa souhaite quintupler la contribution du secteur maritime canadien dans les 25 prochaines années.

Quand Martin Beaulieu espère-t-il obtenir la désignation officielle de zone d’innovation ?

« Je pense qu’on devrait être en mesure de devenir la prochaine zone d’innovation d’ici l’automne prochain », anticipe-t-il. Une prédiction qui risque bien de se réaliser quand on sait que le projet peut compter sur un allié de taille.

Dans le résumé de son livre Cap sur le Saint-Laurent, publié en 2013, l’aspirant premier ministre François Legault disait souhaiter faire de la vallée du Saint-Laurent « un lieu où innovation, éducation de haut niveau et entrepreneuriat se donnent la main pour créer un extraordinaire dynamisme économique ».

Ce qui résume, vous en conviendrez, de façon assez claire le concept de La Zone bleue.