Dopée par la filière des batteries, la récolte de 13 milliards en investissements étrangers réalisée par Investissement Québec (IQ) l’an dernier sera difficile à répéter. Les volumes d’énergie et les terrains disponibles ne sont pas illimités, prévient le bras financier de l’État québécois.

Ce qu’il faut savoir

  • Investissement Québec a récolté pour 13 milliards de dollars d’investissements directs étrangers l’an dernier. Il s’agit d’un record.
  • Les grands chantiers de la filière québécoise des batteries expliquent en grande partie cette performance.
  • Il sera difficile de répéter cette performance, selon le ministre Pierre Fitzgibbon.

« On ne verra pas l’année prochaine le chiffre que l’on a maintenant, c’est sûr, parce qu’on n’aura pas les mégawatts », a reconnu le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, en conférence de presse jeudi.

À l’approche de la publication de ses résultats annuels, la présidente-directrice générale d’IQ, Bicha Ngo, et son équipe ont fait le point, jeudi, sur la performance de la société d’État sur le plan des investissements étrangers et des exportations.

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Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, en compagnie de la présidente-directrice générale d’Investissement Québec, Bicha Ngo, et de la vice-présidente aux exportations d’Investissement Québec International, Marie-Eve Jean (à l’arrière)

Le résultat de 2023 s’est avéré deux fois plus élevé que le précédent record de 6 milliards enregistré au chapitre des investissements étrangers. IQ a pu bénéficier d’annonces d’envergure concernant l’écosystème québécois des batteries.

Nous avons fracassé une autre fois des records cette année.

Bicha Ngo, présidente-directrice générale d’Investissement Québec

Dans l’ensemble, la division internationale d’IQ a bouclé 109 projets l’an dernier, soit 16 de moins qu’en 2022. Les investissements étrangers provenaient de 27 pays différents.

Gros morceau

Des projets comme ceux de Northvolt (cellules de batteries) et Solus (feuilles de cuivre) représentent ainsi près de la moitié des 13 milliards comptabilisés en investissements étrangers l’an dernier. À l’exception de Northvolt, ces entreprises se sont implantées à l’extérieur de la grande région métropolitaine.

Microsoft, qui doit construire quatre centres de données dans la région de Québec dans le cadre d’un investissement de 500 millions US, fait partie des belles prises, souligne IQ.

Les résultats de la société d’État en matière d’investissements étrangers tiennent compte de l’usine de matériaux de cathodes de Ford et de ses partenaires sud-coréens même si ce chantier de 1,2 milliard est maintenant à l’arrêt – comme l’avait révélé La Presse le 7 mai dernier.

« Je pense que la filière des batteries, comme [M. Fitzgibbon] l’a mentionné, ce n’est pas terminé, mais c’est certain qu’il y a des limites au niveau des mégawatts, des terrains et des talents », a expliqué le président d’Investissement Québec International, Hubert Bolduc.

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Le président d’Investissement Québec International, Hubert Bolduc

Dans ce secteur, des projets – qui sont presque toujours soutenus financièrement par Québec – représentant des investissements de 16 milliards ont été annoncés ces dernières années. On devrait « finir à 20 milliards probablement », selon M. Fitzgibbon.

Signe qu’une stabilisation est à prévoir dans la filière des batteries, le ministre a insisté sur l’importance de bien « exécuter les projets parce que les gens nous regardent ».

MM. Fitzgibbon et Bolduc estiment qu’il faut aussi prioriser les zones d’innovation mises sur pied par le gouvernement Legault. Dans ce contexte, il faut s’attendre à d’autres annonces dans la région de Sherbrooke (zone quantique) et Bromont (technologies numériques), ont-ils laissé entendre.

Vers l’extérieur

Investissement Québec International (IQI) a également le mandat de stimuler les exportations. Selon l’organisme, les 4055 accompagnements d’entreprises ont permis de générer 5,1 milliards de ventes hors Québec – une augmentation annuelle qui frôle les 65 %.

Environ 60 % des exportations ont été réalisées aux États-Unis, 31 % dans le reste du monde et 10 % ailleurs au Canada.

À l’approche de l’élection présidentielle de novembre prochain aux États-Unis, où le républicain Donald Trump souhaite redevenir locataire de la Maison-Blanche, IQI est bien au fait des turbulences qui pourraient survenir au sud de la frontière selon le résultat du prochain scrutin.

« Les exportations, ce n’est jamais fini, affirme la vice-présidente aux exportations chez IQI, Marie-Eve Jean. Le travail, dans la prochaine année, c’est de maintenir nos parts de marché [aux États-Unis], un marché extrêmement important pour les exportateurs québécois. »

Mme Jean ajoute que l’objectif est aussi de les « amener » vers des endroits où l’on anticipe une « importante croissance », comme l’Asie du Sud-est ainsi que l’Amérique latine.

En savoir plus
  • 2,3 milliards
    Valeur des investissements étrangers dans la province en 2018, avant la création de la division internationale d’Investissement Québec
    Source : Investissement Québec