Tous les vendredis, une personne du milieu des affaires se dévoile dans notre section. Cette semaine, Andrew Lutfy, président et unique propriétaire du Groupe Dynamite et chef de la direction de Carbonleo, répond à nos questions.

Quel a été votre meilleur investissement ?

Comme on dit dans les avions, il faut d’abord mettre son masque avant d’aider les autres. Mon meilleur investissement a été, et demeure, l’investissement en moi-même. De 18 à 25 ans, je n’allais pas à l’école, mais la thérapie a occupé une grande place dans ma vie. Je consultais volontairement, deux fois par semaine, même si ça fâchait mes parents qui n’étaient pas d’accord. Ça m’a appris à prendre conscience de moi-même et à faire preuve d’empathie à mon égard, envers les autres et même envers les entreprises et le reste du monde. Aujourd’hui encore, cet investissement continue de porter ses fruits.

Quel défaut tentez-vous de corriger ?

Je suis quasiment toujours en retard ! Je sais que c’est frustrant pour les autres et d’ailleurs, ça manque d’empathie.

Quels biens ou services aimez-vous le plus acheter ?

J’adore acheter sur Amazon ! Ça me rend tellement heureux. Amazon, c’est la chose la plus brillante. Le temps est la commodité la plus précieuse et je peux tout acheter d’un coup, en quelques minutes. Ça me fait gagner beaucoup de temps que j’utilise pour faire des choses plus productives. Et le temps, c’est de l’argent. J’aime l’efficience et la productivité du modèle d’Amazon. D’ailleurs, je crois qu’Amazon contribue à la croissance de l’économie américaine et à ses gains de productivité. Ses clients gagnent du temps qu’ils utilisent de manière plus productive.

Anglais ou français ?

Anglais. Je suis anglophone, on parle anglais à la maison et 90 % de mes amis sont anglophones. C’est ma langue maternelle. Mais je respecte le français totalement et j’ai d’ailleurs envoyé mes enfants à l’école française. Pour deux raisons. La première, la plus importante, c’est qu’ils développent un sentiment d’appartenance avec Montréal, le Québec et leur communauté. L’autre raison est plus égoïste : j’aime la famille et je veux qu’ils restent près de moi. L’école, ça crée des amitiés, des liens. Et ça a fonctionné. Ils restent à Montréal et n’ont jamais pensé déménager.

Sur votre téléphone, quelle est votre application préférée ou essentielle ?

Instagram. Ça me permet de faire un petit tour du monde couvrant tous mes intérêts, y compris nos marques et la compétition, en une quinzaine de minutes.

Qu’est-ce qui vous motive à travailler ?

La création. J’adore créer et rendre les gens heureux. Le lien entre les projets immobiliers et les magasins Garage, c’est qu’ils rendent les gens et la communauté heureux. Le fait de recevoir un colis, ça donne le sourire avant même de l’avoir ouvert. Les vêtements, c’est émotif, on les achète pour se donner confiance, au travail, à l’école ou lors d’une sortie. Et dans l’hôtel Four Seasons, j’adore être incognito à la réception pour voir les clients qui sourient et connectent avec d’autres personnes. C’est beau à voir. Pour moi, le Royalmount, c’est un lieu de rassemblement.

Vous imposez-vous un code vestimentaire au travail ?

Un t-shirt ou un coton ouaté noir ! En été, c’est du blanc ! Avec des pantalons noirs très casual. Certains pensent que ce sont des pantalons de jogging.

Qui admirez-vous dans le monde des affaires ?

Il n’y a pas une personne en particulier. C’est peut-être parce que j’ai grandi, de 0 à 18 ans, avec cinq figures paternelles. C’est comme si j’avais eu cinq pères et chacun était un entrepreneur, en affaires. Quand tu parles à cinq personnes du milieu des affaires, elles ont toutes leur propre recette. Cette variété de modèles à un jeune âge a eu beaucoup d’influence sur la personne que je suis aujourd’hui. Chaque matin, je regarde CNBC et j’adore quand il y a des entrevues, c’est toujours des gens intéressants. Je continue d’apprendre de tout le monde.

Quelle est votre plus grande réussite sportive ?

Je suis arrivé bon dernier dans une grosse compétition, à 14 ans, de motoneige sur l’eau. En été, tu pars de la plage et tu tentes de te rendre le plus loin possible sur l’eau avant de caler. C’était au lac Simon, et c’étaient seulement des pros de la motoneige. Moi, j’étais un amateur. Je ne suis pas un grand sportif, mais je suis en forme et je bouge tous les jours. Je suis tellement compétitif dans la vie, je joue tellement fort pour gagner, que je préfère compétitionner seulement quand il y a un gain tangible et que je peux gagner. Sinon ça me fâche trop de perdre.

Quels mots ne pouvez-vous plus supporter ?

« Je pense. » Je trouve que les gens aujourd’hui sont tellement mêlés qu’ils manquent de convictions d’un bord ou de l’autre, donc ils emploient l’expression « je pense » sans arrêt. J’aime quand les gens prennent des positions bien réfléchies avec des données pour les soutenir. « Je pense » devient une excuse pour ne rien faire. Ce que j’aime entendre, c’est « je sais ». Les « je pense » me font perdre mon temps.

Qui est Andrew Lutfy

Andrew Lutfy est né à Montréal en août 1964 dans une famille d’entrepreneurs. Il est père de deux enfants et grand-père.

Président et unique propriétaire depuis 2002 du Groupe Dynamite, un détaillant de vêtements pour femmes présent au Canada et aux États-Unis. L’entreprise exploite deux enseignes : Dynamite et Garage.

Andrew Lutfy est aussi le chef de la direction de Carbonleo, promoteur immobilier derrière le Quartier DIX30, le Royalmount et le Four Seasons Montréal (hôtel de luxe et résidences privées).

Depuis 2023, l’unité d’oncologie du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) s’appelle l’Unité d’oncologie des Cèdres Andrew J. Lutfy et famille, en reconnaissance de leur don de 3,6 millions de dollars à la Fondation du cancer des Cèdres.