Cette semaine, Ruth Vachon, PDG du Réseau des femmes d’affaires du Québec (RFAQ), répond à nos questions sur le leadership

Vous partez en Jordanie du 20 au 22 avril. Que se passe-t-il là-bas ?

C’est la réunion du Comité mondial de femmes chefs d’entreprises mondiales (FCEM). L’organisation à but non lucratif, non gouvernementale et apolitique regroupe 5 millions de femmes entrepreneures de 120 pays. Je pars donc là-bas « vendre mes femmes », comme je dis souvent, les femmes qui font partie du Réseau des femmes d’affaires du Québec (RFAQ). Chaque fois que je pars en mission, je le fais par amour pour les femmes du RFAQ. Je veux leur ramener de la business ! Si tu es membre du réseau, tu peux venir avec moi et je vais te présenter plein de gens d’affaires. Cette fois, par contre, je pars seule, parce qu’il y a peu de gens qui veulent aller en Jordanie ces temps-ci. Mais ce n’est pas dangereux, la Jordanie. C’est la frontière la moins risquée. La plupart du temps pendant cette réunion mondiale sur « L’autonomisation des femmes pour un avenir durable », on sera à l’intérieur de l’hôtel Fairmont à Amman. Il n’y a qu’un petit tour de ville qui est prévu le dernier jour. En novembre dernier, par contre, plusieurs femmes m’accompagnaient pour le 70Congrès mondial à Paris, où il y avait 700 femmes chefs d’entreprises de partout dans le monde. En avril 2025, ce sera à notre tour, à Montréal, de les recevoir. On a été choisi.

Une fois sur place, comment aidez-vous les travailleuses autonomes et les entrepreneures québécoises à promouvoir leurs entreprises ?

Quelqu’un me dit, par exemple : je veux rencontrer la présidente de telle entreprise, et moi, je la mets en relation avec cette personne. Quand tu pars avec moi en mission commerciale, tu te fais des contacts incroyables. Je connais tout le monde. Je n’ai pas de gêne. Quand on était à Paris en novembre, on a été reçues par Manpower. Les femmes me disaient : Ruth, je n’ai rien à vendre à Manpower. Je leur ai dit : venez quand même ! Et rendues chez Manpower, elles se sont aperçues que les gros directeurs de compte étaient là, comme L’Oréal. Alors je leur ai dit : venez, je vais vous faire un pitch adapté à cette clientèle-là. Je suis aussi un coach, parce que notre réseau fait du développement d’affaires accompagné. On te montre à parler. À créer de la richesse. Quand on va en mission commerciale, on aide les femmes à faire des pitchs aux grandes entreprises. On s’assure qu’elles sont à l’aise. La plupart des femmes, 75 %, disent qu’elles aimeraient faire des affaires dans leur langue. Alors l’aide sur le terrain est encore plus importante, parce qu’ici au Québec, on fait 10 km et on est en anglais. Et ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise en anglais.

Qu’est-ce qu’on apprécie de la femme entrepreneure québécoise ?

À l’étranger, les gens sont très excités par le Canada et encore plus par le Québec. C’est comme magique. D’abord, les femmes québécoises sont très professionnelles. Que ce soient les grandes entreprises de partout dans le monde ou celles qui sont aux États-Unis, elles disent tout le temps : « Ah ! Vous devez venir du Québec, vous êtes tellement bien préparées. » On a vraiment une réputation de bien faire les choses. Les femmes d’affaires du Québec se présentent bien et encore aujourd’hui, c’est important. Lorsque tu t’en vas dans une mission à l’étranger et qu’il y a 5000 femmes, quand c’est ton tour, il faut que tu dises quelque chose d’intelligent. Ne manque surtout pas ton tour, parce que ça ne repassera pas. Ça coûte trop cher pour se permettre de ne pas être bien préparé. Quand tu investis 5000 $ pour aller en mission, tu peux avoir du plaisir, mais il faut que tu rentabilises ton investissement. Alors on se prépare sur tout.

Quand on part à l’étranger, quelles qualités de leadership faut-il avoir dans sa valise ?

Ouverture, écoute, aimer l’autre, avoir le goût de le connaître, parce que chacune a tellement à apporter d’une façon différente. Écouter et entendre. Même si tu ne parles à personne, juste écouter des conversations t’amène à des occasions. Moi, tout ce que je veux, c’est d’aller chercher des occasions pour les femmes qui nous entourent. Je veux comprendre ce qui peut être fait pour nos femmes. Celle qui est présidente de Monaco, sa business, c’est de trouver des marques pour mettre dans ses centres commerciaux. Moi, c’est de trouver des femmes qui ont de bonnes marques pour les amener dans ses centres commerciaux. C’est concret.