Avec une journée pédagogique scolaire à cause de l’éclipse solaire, aussi bien avoir les employés ainsi que leurs enfants au bureau. Le spécialiste québécois des simulateurs de vol et de la formation CAE a mis en place tout le nécessaire pour assister au phénomène.

« Nous avions commandé 1000 paires de lunettes et elles ont été distribuées au complet », souligne Samantha Golinski, vice-présidente aux affaires publiques et communications mondiales de CAE, dans un entretien téléphonique.

Plus d’un millier de personnes ont participé au rassemblement organisé par la multinationale à ses installations situées dans l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent. La cafétéria de l’établissement a été le théâtre d’une présentation sur le phénomène, suivie des explications en matière de sécurité – essentiellement quand porter les lunettes d’éclipse et quand les retirer.

PHOTO FOURNIE PAR CAE

Des employés de CAE regardent l’’éclipse près des bureaux de l'entreprise à Montréal.

C’est le parc situé à un jet de pierre du complexe de CAE – et qui appartient à l’entreprise – qui a servi de lieu de rassemblement pour les employés présents.

« Les familles qui se sont déplacées, elles auraient pu vivre ce moment seules dans leur cour, dit Mme Golinski. Nous sommes vraiment fiers et contents d’avoir créé un moment de rassemblement pour le vivre en équipe. L’équipe de santé et de sécurité de CAE était sur place dans le parc au cas où. »

« On les cherche souvent, ces moments-là d’activité, de teambuilding : là, elle nous était offerte sur un plateau d’argent », analyse Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec. Beaucoup d’entreprises avaient organisé un évènement, des activités, acheté des lunettes pour tous, une collation, etc.

Selon la présidente de l’Ordre, comme ça s’est passé chez CAE, la plupart des employeurs avaient prévu l’après-midi de lundi. Peu s’inquiétaient d’une perte de productivité.

On s’attend à ce que les gens fassent leur prestation de travail dans la latitude donnée. On donne à la personne l’autonomie et la confiance », ajoute-t-elle.

Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec

Chez CAE, bon nombre des employés peuvent aménager leur horaire pour effectuer du télétravail. Il n’y a donc pas eu de contraintes et de demandes particulières pour les employés de l’entreprise avec des enfants qui se sont retrouvés en congé scolaire.

Selon Manon Poirier, même dans ces situations, l’éclipse ne devrait pas avoir causé de soucis pour les entreprises, bien au contraire. Des employés ont échangé des photos d’eux, avec leurs lunettes. « C’est un moment rassembleur qu’on vient tous de vivre collectivement », précise Manon Poirier, jointe en fin d’après-midi, lundi.

À Valcourt, en Estrie, BRP a décidé de lever le pied dans son usine pour offrir l’occasion à ses employés de prendre du temps pour regarder l’éclipse. Quelque 2000 personnes assemblent des motoneiges ainsi que des motos à trois roues dans cette usine.

« Nous attendions de connaître l’état de notre production et les conditions météo, souligne Émilie Proulx, porte-parole de BRP. Ce matin, nous avons convenu de libérer nos employés d’usine à compter de 14 h 30 pour qu’ils puissent participer à l’évènement avec leurs proches. Pour les employés de bureau, la participation se faisait soit de la maison, soit à partir du travail. »

Des détaillants indulgents

Dans les 10 magasins Sports Experts appartenant à Paul-André Goulet, les employés n’ont pas fait plus de demandes de congé qu’à l’habitude. « Par contre, j’ai demandé à mes directeurs d’être indulgents et tolérants pendant l’éclipse », a indiqué M. Goulet, quelques heures avant le début de l’éclipse. Le mot d’ordre : permettre aux employés voulant admirer le spectacle à l’extérieur de le faire « sans être embêtés ». « Évidemment, c’est le gros bon sens qui prime », ajoute-t-il toutefois. Les employés n’avaient pas non plus le feu vert pour passer deux heures dehors à regarder le ciel.

Même scénario du côté de Groupe Marie Claire. Le détaillant, qui regroupe les enseignes Marie Claire Boutiques, Grenier, Claire France, San Francisco, Livøm et Dans un Jardin, avait également l’intention de permettre à ses employés de quitter le plancher pour admirer le spectacle, a assuré le président de l’entreprise, Sylvain Lafrance.

S’il n’a pas eu de demandes particulières de la part de ses employés, Dominique Bélanger, propriétaire de la Quincaillerie C. Bélanger, appréhendait, peu de temps avant l’éclipse, que le magasin soit vide… de clients entre 14 h et 16 h. « [Ça sera suivi] d’un rush après, comme après les orages ou les pluies intermittentes. »

Au Mouvement Desjardins, dont les 669 centres de services couvrent l’essentiel du Québec habité et une partie de l’Ontario, rien de spécial n’a été mis en place pour l’évènement qui touchait un nombre important, mais non précisé, d’établissements dans la zone d’éclipse totale.

« Nous demandons aux gestionnaires de faire preuve de flexibilité – écoles fermées, déplacement professionnel – envers les employés », nous a éclairé sa porte-parole Chantal Corbeil.

Les succursales devaient cependant demeurer ouvertes. La majorité des employés ont un mode de travail hybride, le plus souvent à raison de trois jours en télétravail et deux jours au bureau.

« Ils peuvent donc planifier leur semaine en fonction de cet évènement unique sans avoir d’impact sur leur productivité », a-t-elle précisé.

Seuls les caissiers sont en mode 100 % présentiel.