Veolia, géant mondial français de la gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie, prévoit finaliser dans les prochains mois la construction du centre de traitement des déchets organiques de Saint-Laurent, qui sera opérationnel l’automne prochain. « Un projet mal parti, mais qui doit rallier tout le monde une fois qu’il sera lancé », estime Frédéric Van Heems, PDG de Veolia North America, de passage dans les bureaux montréalais du groupe.

La construction des deux usines à compost qui doivent desservir les besoins des résidants de toute l’île de Montréal a été particulièrement compliquée depuis la signature du contrat, en 2019.

Les mauvaises relations entre Veolia et plusieurs sous-traitants, dont le maître d’œuvre des travaux, l’entreprise EBC, ont forcé la fermeture des chantiers durant plus de neuf mois entre l’été 2022 et le printemps 2023.

Il faut rappeler qu’au départ, c’est l’entreprise française Suez qui avait décroché le contrat de construction et d’exploitation des usines pour une période de cinq ans, mais Suez a été rachetée par sa concurrente Veolia en janvier 2022, et c’est cette dernière qui s’est retrouvée à gérer ce dossier problématique.

« Lorsqu’on démarre un projet de cette envergure à la suite d’un appel d’offres, il y a toujours un temps d’ajustement pour que toutes les parties s’entendent, c’est arrivé en pleine COVID-19, et les discussions en ont été affectées.

« Il y avait la situation de l’emploi, les fournisseurs qui n’arrivaient pas à livrer, les coûts qui ont augmenté. Le dossier s’est judiciarisé, il a fallu refaire l’alignement », relate aujourd’hui Frédéric Van Heems, PDG de Veolia North America, la division continentale de Veolia qui regroupe 10 000 employés au Canada et aux États-Unis et qui réalise des revenus de 3,6 milliards US.

Depuis le printemps, tous les fournisseurs sont revenus pour effectuer le travail après que la Ville a accepté d’augmenter le budget de 35 millions pour s’ajuster à la hausse des coûts et à certaines améliorations qui ont été exigées. Au total, la construction des deux usines coûtera 270 millions, et les frais d’exploitation des cinq premières années dépasseront 100 millions.

Veolia s’aligne pour entreprendre les premiers tests au centre de compostage de Saint-Laurent au printemps, dans le but d’entrer en production à l’automne. L’usine de biométhanisation de Montréal-Est amorcera pour sa part ses premiers tests au printemps 2025.

On est en ligne avec la planification. Durant la COVID-19, il n’y avait pas de comité de pilotage. Là, on a déjà recruté l’équipe d’exploitation de l’usine de Saint-Laurent.

Frédéric Van Heems

Le centre de traitement des matières organiques (CTMO) de Saint-Laurent va composter 50 000 tonnes de déchets de table par année, qui seront récoltés sur tout le territoire ouest de la ville, alors que le CTMO de Montréal-Est va transformer en biogaz 60 000 tonnes de déchets organiques collectés dans l’est de Montréal – biogaz qui sera récupéré par Énergir.

La transformation écologique

Veolia est le leader mondial de la gestion des eaux et des déchets, regroupant plus de 220 000 employés sur les cinq continents à la suite de l’acquisition de Suez. L’entreprise fait le traitement et la gestion des eaux pour les municipalités et les industries de façon pratiquement égale.

Le groupe français est également actif dans le traitement des déchets et favorise l’économie circulaire en recyclant notamment les ordures ménagères. Aux États-Unis, il fait principalement de la gestion de déchets dangereux.

Enfin, le groupe a développé une division énergie, qui offre des solutions d’énergie renouvelable à l’échelle locale, que ce soit des mini-réseaux éoliens ou solaires pour les entreprises et les municipalités.

L’entreprise, qui célèbre cette année son 170e anniversaire, a été fondée à Lyon, en France, en 1853 et a longtemps opéré sous le nom de Compagnie générale des eaux.

« Comme l’a dit Pasteur à peu près à la même époque, “nous buvons 90 % de nos maladies” ; il fallait traiter l’eau de la ville de Lyon et on est devenu le premier partenariat public-privé. On s’est lancé par après dans la collecte des déchets », relate Frédéric Van Heems.

On offre des solutions qui visent le triple zéro. Zéro émission de gaz à effet de serre, zéro utilisation d’eau fraîche et zéro déchet.

Frédéric Van Heems, en poste depuis deux ans et demi à Boston, au siège social nord-américain du groupe

L’empreinte de Veolia au Canada est variée. L’entreprise exploite notamment une usine de biométhanisation à Toronto, une autre de traitement des huiles usées à Saint-Hyacinthe et bientôt deux CTMO à Montréal.

Veolia réalise un chiffre d’affaires de 275 millions au Canada et emploie quelque 1000 personnes, dont 80 % sont sur le terrain à faire de la gestion quotidienne de systèmes.

Veolia est aujourd’hui engagée dans la transformation écologique, ce qui va beaucoup plus loin que la transition écologique, selon Frédéric Van Heems.

« On est une entreprise qui a une raison d’être, on contribue au progrès humain, ce n’est pas de la communication, c’est notre raison d’être. On offre des solutions pour tous les types d’industries, que ce soit dans la gestion des eaux, des déchets dangereux, de la transition énergétique et pour les municipalités », insiste le PDG.