Dans un local aménagé pour un cocktail de financement dans l’association libérale de L’Acadie à Montréal, quelque temps avant les élections de 2022, les militants écoutent un discours passionné sur le Québec et la fédération canadienne. Antoine Dionne Charest en est l’orateur et la salle est tout simplement conquise, se souvient l’ex-députée du coin, Christine St-Pierre.

Cette ancienne ministre avait d’ailleurs un plan de match pour sa recrue. Comme plusieurs autres personnes à qui nous avons parlé dans le cadre de ce reportage, elle voyait le jeune Dionne Charest devenir candidat pour l’équipe de Dominique Anglade. Sa proposition : que les libéraux le présentent dans la circonscription de Saint-François, en Estrie, « la circonscription voisine de celle de son père à l’époque [Sherbrooke], où Monique Gagnon-Tremblay a longtemps été députée ». Le plan ne s’est finalement pas réalisé.

Parce que les cycles politiques avancent vite et que les yeux sont déjà rivés sur le prochain rendez-vous électoral, en 2026, une question toute simple se pose : le retrouverons-nous en campagne électorale aux côtés du prochain chef libéral ?

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Antoine Dionne Charest

« Espérons-le », répond-il tout de go, alors que ses yeux s’écarquillent face à son élan de spontanéité. « Sait-on jamais ? Comme dirait l’autre, on verra », ajoute-t-il avec précipitation, tout sourire, comme s’il était surpris par sa propre réponse.

« Chaque chose en son temps, mais je veux poursuivre mon engagement politique. Je crois au parti, j’aime le Québec. Ma passion, c’est la politique québécoise », précise-t-il.

La tête à Montréal, le cœur en Estrie

Même s’il a grandi entre l’Outaouais et la métropole, les liens de la famille Charest avec la région de l’Estrie sont profonds. En entrevue, Antoine Dionne Charest raconte son parcours de vie, débutant à l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke, partant ensuite pour Gatineau, rue du Muguet, puis vers Montréal, où il vit toujours.

Il souligne à doubles traits ses souvenirs d’enfance dans les Cantons-de-l’Est. Ce sont les étés des 400 coups avec les enfants de la famille Vallières. Frédérique Vallières, qu’il a une fois de plus côtoyé plus tard dans sa vie d’adulte au sein d’un organisme humanitaire en Afrique, se souvient d’un garçon qui fait rire, fasciné par les farces et attrapes de l’émission Jackass, et qui possède des talents insoupçonnés, « excellent en skateboard ».

À Drummondville en octobre dernier, lors du dernier congrès libéral, M. Dionne Charest a mis au jour ses vieux talents en effectuant une vrille éclatante, comme sur une planche à roulettes, transposée cette fois-ci dans l’univers de la joute oratoire à la défense des universités de langue anglaise.

« Il est temps, pour la communauté anglophone, de passer à l’offensive », a-t-il dit dans le contexte où le gouvernement Legault souhaite hausser substantiellement les droits de scolarité des étudiants provenant d’ailleurs au Canada et de l’étranger.

Bishop’s, qui pourra finalement continuer d’accueillir un nombre fixe d’étudiants d’autres provinces au tarif actuel, aurait particulièrement souffert d’une telle réforme. L’université est située à Lennoxville. Cet arrondissement de Sherbrooke s’inscrit par ailleurs dans la circonscription de Saint-François, où l’ancienne députée Christine St-Pierre imaginait le jeune Dionne Charest atterrir comme candidat, en 2022.