Antoine Dionne Charest est né dans les coulisses du pouvoir. Lors du dernier référendum sur la souveraineté du Québec, en 1995, il n’avait que 7 ans. Ça ne l’a pas empêché d’organiser dans sa chambre d’enfance, à Gatineau, son propre petit comité du camp du Non. Une sorte de baptême de la politique, qui ne l’a plus jamais quitté.

À notre arrivée à son appartement du quartier Côte-des-Neiges, à Montréal, M. Dionne Charest nous accueille du haut de son balcon, en ce frisquet matin d’automne. Face à l’entrée, quelques étages plus haut, il s’excuse que le tableau de bord pour déverrouiller la porte affiche ses directives en anglais. Il a déjà porté plainte au gestionnaire de l’immeuble, jure celui qui se décrit comme un nationaliste.

Il y aura bientôt de cela 30 ans, quand le camp du Non l’a emporté par quelques milliers de voix, Antoine Dionne Charest était bien trop jeune pour comprendre les enjeux pour lesquels son père Jean Charest, alors chef du Parti progressiste-conservateur à Ottawa, était un acteur de premier plan.

Mais aujourd’hui âgé de 35 ans, devant la remontée du Parti québécois (PQ) dans les sondages et les libéraux qui s’enlisent sur la scène politique provinciale, le doctorant en philosophie et membre du comité sur la relance du Parti libéral du Québec (PLQ) veut avoir voix au chapitre.

Les libertés d’abord

Membre de la commission politique du PLQ depuis 2018, une sorte de boîte à idées qui propose des orientations politiques aux militants libéraux, Antoine Dionne Charest s’est illustré ces dernières années dans les congrès du parti. Des thèmes qui lui sont chers sont revenus à l’ordre du jour : l’interculturalisme, la Constitution du Québec, mais surtout son attachement aux libertés individuelles. Des idées qui ont pris racine au cœur du rapport du comité sur la relance du Parti libéral.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Antoine Dionne Charest se dit fier de porter le nom de Charest : « J’en suis fier et je suis très fier des réalisations du gouvernement de mon père. Aujourd’hui, je donne mon avis, je donne l’heure juste, et je ne me cache pas. »

En mai 2019 à Drummondville, avant que Dominique Anglade soit couronnée à la tête du parti, il influençait déjà le débat concernant la Loi sur la laïcité de l’État en déclarant que : « pour nous, les libéraux, les libertés individuelles, ce n’est pas négociable ». Toujours dans cette même ville, en octobre dernier, il a surpris par sa verve, alors que des journalistes ont reconnu dans l’une de ses mêlées de presse la façon de parler et la posture de son père, qui a été chef du Parti libéral du Québec de 1998 à 2012.

À ceux qui lui ont demandé si les libéraux étaient toujours tourmentés par les fantômes des scandales qui ont mené à une commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, il a répliqué que le ménage avait été fait et qu’il était bien temps, pour les médias, de changer la « cassette ».

« Moi, je suis fier de porter le nom de Charest. […] J’en suis fier et je suis très fier des réalisations du gouvernement de mon père. Aujourd’hui, je donne mon avis, je donne l’heure juste, et je ne me cache pas », nous dit-il assis dans son salon, sans détourner le regard, tout en servant le café pour une longue entrevue portant sur son parcours, mais surtout sur ses ambitions.