(Montréal) Québec solidaire a dénoncé dimanche l’absence des ministres de l’Emploi et du Travail au sein du Groupe d’action pour l’avenir de la langue française lancé par le ministre Jean-François Roberge.

La responsable solidaire en matière de Langue française, Ruba Ghazal, a souligné le « manque de courage » de la Coalition Avenir Québec (CAQ), qui « ne veut pas imposer des mesures en francisation pour le monde des affaires ».

« Si on ne s’occupe pas de cet enjeu, on est en train de manquer notre coup en matière de protection de la langue française. Les actions qui ont été mises en place par le gouvernement sont timides par rapport à la francisation en milieu professionnel, qui n’est pas obligatoire », a-t-elle expliqué en entrevue.

La députée demande ainsi au ministre québécois de la Langue française d’intégrer de façon permanente la ministre de l’Emploi, Kateri Champagne-Jourdain, ainsi que le ministre du Travail, Jean Boulet. Selon elle, le projet de loi 96, adopté en mai 2022, n’est pas suffisant pour soutenir la vitalité du français dans le monde des affaires.

« Contrairement aux prétentions du gouvernement, le projet n’a pas tout réglé pour la langue du travail. On voit une progression de l’usage de l’anglais dans les milieux de travail – surtout à Montréal, mais pas seulement – et aussi une baisse du français. On ne peut pas avoir un plan d’action ou des recommandations qui ne tiennent pas compte des affaires », a soutenu Mme Ghazal.

Depuis 2016, la proportion de personnes utilisant le plus souvent le français au travail a diminué pour s’établir à 79,7 % en 2021. Celle de personnes utilisant le plus souvent l’anglais a pour sa part augmenté, pour atteindre 13,9 % en 2021.

Épargner le monde des affaires

Le projet de loi 96 avait soulevé un tollé chez les gens d’affaires, notamment au sein de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) qui déplorait « un énième alourdissement du fardeau administratif » des PME québécoises.

« La CAQ ne veut pas recevoir encore plus de critiques en demandant au monde des affaires plus d’efforts en matière de langue française. Elle préfère donc se tourner vers les immigrants. […] À Québec solidaire, on n’est pas d’accord avec le modèle d’immigration temporaire du gouvernement, surtout avec la pénurie de main-d’œuvre et les enjeux actuels de francisation », a déclaré la députée de Mercier.

Rejoint par courriel, le cabinet du ministre Roberge a indiqué dimanche que l’inclusion de Mme Champagne-Jourdain et de M. Boulet était « déjà prévue ».

« D’autres ministres seraient invités à participer et à collaborer aux travaux du groupe d’action et les ministres de l’Emploi et du Travail en font partie », pouvait-on lire dans la déclaration.

Présidé par le ministre de la Langue française, le groupe d’action vise à identifier des mesures pour freiner le déclin du français au Québec et à définir les principales orientations du Plan d’action gouvernemental pour l’avenir de la langue française, qui sera élaboré au cours de l’année 2023.

Les cinq membres permanents du groupe sont la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette ; le ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse, Mathieu Lacombe ; la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry ; le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville ainsi que la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron.

« Si la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry – qui avait travaillé avec Michael Rousseau qui avait un mépris notoire pour la langue française –, est autour de la table, je pense que les ministres du Travail et de l’Emploi devraient y être », a conclu Mme Ghazal.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.