L’incendie qui s’est déclaré dans une partie en rénovation du Théâtre du Nouveau Monde (TNM) jeudi matin a causé plus de peur que de mal. Mais il a donné toute une frousse à sa directrice, Lorraine Pintal.

« J’ai vécu la pire heure de ma vie », confie celle qui tient les rênes de l’institution montréalaise depuis 30 ans.

Entre le moment où les flammes ont débuté, à 7 h, et son arrivée au TNM plus d’une heure plus tard, Lorraine Pintal s’est « attendue au pire », raconte-t-elle.

« J’étais sûre que le théâtre flambait au complet. C’est le pire cauchemar. La zone Saint-Urbain était complètement bloquée, tout le monde m’appelait… Les nouvelles étaient mauvaises. »

Ce n’est que vers 8 h 45 que la directrice a recommencé à respirer un peu. Mais plusieurs heures plus tard, les images du théâtre en feu lui traversaient toujours l’esprit. « Il ne faut pas penser à ça. J’essaie de garder le cap sur l’optimisme et l’espoir. »

Une épaisse fumée noire s’échappait du bâtiment du TNM tôt jeudi matin, à l’angle des rues Sainte-Catherine et Saint-Urbain. Le Service de sécurité incendie de Montréal s’y est rendu dès 7 h, l’incendie a pu être rapidement maîtrisé et toutes les personnes sur place ont été évacuées.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Lorraine Pintal, directrice artistique et générale du Théâtre du Nouveau Monde

« Une chance que personne n’a été blessé, qu’il n’y a pas eu d’accident grave. »

Après avoir visité le théâtre en matinée et fait l’analyse des dégâts, Lorraine Pintal a pu constater que l’intérieur du théâtre n’avait pas été touché. Le feu, qui s’est déclaré dans le débarcadère, n’a pas pu se propager.

« C’est comme s’il y avait eu un mur hermétique entre le débarcadère et la salle. C’est dans les escaliers, les corridors, les zones d’amplification et des transformateurs qu’il y a eu infiltration d’eau. »

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Pompiers sur les lieux de l'incendie du TNM, jeudi matin

Après analyse, le TNM a tout de même préféré reporter les trois premières représentations des Sept branches de la rivière Ōta de Robert Lepage, soit celles de ce vendredi, de samedi et de dimanche. Les cinq autres, qui sont prévues les 26, 27 et 28 août ainsi que les 3 et 4 septembre, sont maintenues.

Il est préférable de se donner le temps de remettre le théâtre en ordre. Mais on va être prêts la semaine prochaine pour accueillir le public.

Lorraine Pintal, directrice artistique et générale du TNM

D’ici là, des équipes de nettoyage « armées jusqu’aux dents » sont à l’œuvre, les costumes et les perruques sont partis chez le nettoyeur, les zones stratégiques sont en train d’être asséchées.

« Tout est sous contrôle. La grande question, c’est dans quel état sont nos amplis et nos transformateurs. Mais même si c’est endommagé, ce n’est pas irrémédiable, et ça se loue aussi si nécessaire. Je ne crois pas que ça handicapera les représentations de la semaine prochaine. »

Coup dur

L’incendie a commencé alors qu’une équipe de soudeurs travaillait sur le deuxième niveau du débarcadère, précise Lorraine Pintal. « Des flammèches sont tombées dans la zone des amplis, qui étaient protégés par de la laine minérale. C’est la laine minérale qui a pris feu et ç’a été très vite. »

Ce sont les assurances du chargé de projet de l’agrandissement du TNM, LEM, qui paieront pour les dommages causés par l’incendie. Les travaux, entrepris à l’été 2021, devraient normalement se terminer en novembre 2023, et Lorraine Pintal ne croit pas que cet évènement perturbera le calendrier.

C’est une chance dans notre malchance, nous n’étions qu’à l’étape de la structure, du béton et de l’acier. On doit arrêter les travaux le temps que ça redevienne sécuritaire, mais ça n’aura pas d’impact sur l’échéancier. J’espère que je ne me contredirai pas dans un mois !

Lorraine Pintal, directrice artistique et générale du TNM

L’équipe du TNM travaille en ce moment à trouver des dates de report pour les trois représentations des Sept branches de la rivière Ōta qui doivent être déplacées. « On avait déjà une supplémentaire prévue, mais pas annoncée, elle servira pour la représentation de vendredi. Il nous en reste deux à trouver seulement. »

Pas question d’annulation, donc.

« J’espère que non ! On a beaucoup remboursé de billets pendant la pandémie, on aimerait ça arrêter… »

À l’aube d’une nouvelle saison, cet incendie est un coup dur pour le TNM – de plus, des ordinateurs portables de la production ont été volés mardi, des intrus ayant profité du va-et-vient causé par les travaux pour s’introduire dans le bâtiment.

« C’est une semaine cauchemardesque. Aujourd’hui, on le vit comme une journée de deuil. Après deux ans de pandémie, on parlait d’une renaissance au TNM, alors c’est dur. Pour les équipes, pour tout le monde. Mais on va passer au travers, comme toujours. »

Avec la collaboration de Mayssa Ferah, La Presse

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