À l’aube d’une réforme très attendue du financement gouvernemental en transport collectif, plus d’une vingtaine de maires et mairesses du Grand Montréal demandent à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, de prévoir « un minimum de 7 % d’augmentation par année » de l’offre de service.

« Québec doit monter la barre », écrivent 24 élus municipaux de la région métropolitaine, dans une lettre ouverte obtenue par La Presse. Parmi les municipalités signataires, on compte entre autres Chambly, Boisbriand, Mirabel, Repentigny, Candiac, Mascouche, Belœil, Terrebonne et Sainte-Julie.

Les maires et mairesses disent comprendre « qu’en raison des bouleversements des dernières années, les gouvernements se sont concentrés au maintien des services de transport collectif, plutôt qu’à leur développement ». Cela dit, « il est urgent de reprendre le chemin de la croissance pour les prochaines années », plaident-ils.

Dans le Plan d’action 2018-2023 de la Politique de mobilité durable (PMD), le gouvernement chiffrait à 5 % la cible d’augmentation annuelle du niveau de service à travers le Québec. Cet objectif a toutefois été mis à mal par la COVID-19.

Pour maintenir la cadence et rattraper le retard, mais aussi « pour assurer une réelle prévisibilité », le prochain plan d’action de la PMD « devrait donc viser un minimum de 7 % d’augmentation par année à l’échelle du Québec, et prévoir des fonds conséquents pour y parvenir », soutiennent les élus.

Autres projets en vue

Ces derniers rappellent aussi que pour réduire la dépendance des Québécois à l’automobile, « plusieurs grands projets structurants devront s’ajouter à ceux déjà en réalisation comme le REM de l’Ouest, la ligne bleue et le tramway de Québec ». « Il faudra aussi améliorer la desserte là où les services existent déjà », souligne le groupe de signataires.

Le temps presse, estiment les élus, puisque « les changements climatiques se manifestent par des catastrophes de plus en plus dramatiques aux quatre coins du Québec, les routes se congestionnent à nouveau et les habitudes reprennent sur un air de déjà vu ». « C’est encore l’auto-boulot-dodo qui s’impose, faute de mieux », regrettent-ils.

Si l’investissement du gouvernement est « pérenne et soutenu », les villes pourront « construire des dizaines de milliers de nouveaux logements dans des milieux de vie complets, près des services » de transport collectif, renchérit-on.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault

« Nous pourrons jumeler ce développement avec les infrastructures municipales existantes, et éviter un étalement urbain de plus en plus coûteux. Nous pourrons rapprocher les Québécois de leurs lieux de travail », ajoute le groupe, qui appelle la ministre Geneviève Guilbault à « saisir la lancée » de l’augmentation graduelle des niveaux d’achalandage déjà en cours dans plusieurs régions.

On ignore encore quand Mme Guilbault présentera sa réforme quinquennale du financement du transport collectif. Elle doit en théorie le faire d’ici la fin de 2023. En février dernier, à la veille de sa tournée de consultations, la ministre avait dit vouloir surtout « rationaliser » les dépenses, en écartant l’idée d’une nouvelle taxation provinciale pour financer l’industrie.

« Nous comprenons les besoins exprimés et réitérons que tout le monde a un rôle à jouer dans ce dossier, surtout dans le contexte économique actuel. La ministre poursuit son travail », a prudemment indiqué le cabinet de Geneviève Guilbault, en réponse à nos questions.