Aéroports de Montréal (ADM) présentera un plan « d’ici la fin de l’automne » pour s’attaquer à la congestion et l’attente aux douanes à Montréal-Trudeau. L’organisation dit toutefois s’attendre à une « amélioration » des communications lors de travaux du ministère des Transports et réclame une place au sein du comité Mobilité Montréal.

C’est ce que soutient l’entourage du président et directeur général d’ADM, Yves Beauchamp, qui a rencontré lundi dernier la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, pour faire le point sur plusieurs enjeux.

À la fin du mois de septembre, La Presse rapportait que des files d’attente en voiture ou en autobus en passant par les délais d’attente à la douane, les embûches s’accumulent à l’aéroport Montréal-Trudeau. Et le pire est probablement à venir, puisque des travaux majeurs doivent avoir lieu pour augmenter la capacité du débarcadère.

Deux semaines plus tard, il semble que les choses s’accélèrent. Un « plan de mitigation » portant entre autres sur « la congestion des débarcadères et l’attente au contrôle frontalier » devrait être présenté « au moment opportun, d’ici la fin de l’automne », affirme un porte-parole d’ADM, Eric Forest.

Il est déjà acquis qu’un nouveau stationnement étagé doit ouvrir au début de 2024, avec la possibilité d’un débarcadère éloigné, ce qui pourrait améliorer les choses à moyen terme, selon Aéroports de Montréal.

À plus long terme, un vaste chantier est aussi en cours pour « mettre à jour le plan stratégique d’ADM », poursuit-on. Un plan de développement côté ville, qui inclut une hausse de la capacité du débarcadère et le réaménagement de la façade de l’aéroport, sera dévoilé prochainement, avec plusieurs mesures d’atténuation, mais probablement pas en 2023. Le plan directeur allant jusqu’en 2043 devrait aussi être mis à jour.

Québec devra aussi s’améliorer

Lors de la rencontre avec Mme Guilbault, M. Beauchamp a « discuté avec la ministre de différents enjeux touchant le site aéroportuaire, dont l’amélioration souhaitée aux communications et mesures de mitigation lors des travaux routiers effectués par le MTQ », soutient un porte-parole d’ADM, Eric Forest.

« Une demande a aussi été faite afin qu’ADM siège à Mobilité Montréal et soit ainsi en meilleure position pour en savoir plus sur les entraves à la circulation sur les chemins d’accès vers l’aéroport », précise M. Forest.

Au cabinet de la ministre Guilbault, on se dit très ouverts à l’idée d’intégrer l’organisme aéroportuaire à Mobilité Montréal, qui est le comité qui coordonne l’ensemble des chantiers de la région métropolitaine. « On se demande même si on ne ferait pas un sous-comité ou une cellule de travail pour le secteur de l’aéroport en particulier », affirme en ce sens le directeur des communications, Maxime Roy.

Il soutient que Mme Guilbault convoquera d’ailleurs bientôt une réunion du comité directeur de Mobilité Montréal, vers la fin du mois d’octobre.

Au mois d’octobre 2022, La Presse avait rapporté que Mobilité Montréal a eu une seule rencontre dans les cinq dernières années. Des sources dénonçaient alors l’absence de leadership à la tête de l’organisme. Mme Guilbault avait promis quelques mois plus tard promet qu’en 2023, Mobilité Montréal se réunira plus souvent. « On peut faire mieux pour les prochaines années. […] On va être meilleurs en 2024. C’est l’engagement que je prends aujourd’hui », avait-elle dit.

Mirabel, le « faux débat »

Plusieurs lecteurs nous l’ont demandé depuis quelques semaines : la fermeture du terminal international de Mirabel aurait-elle pu prévenir la situation actuelle ? Pas aux yeux d’ADM.

« Pour nous, il s’agit d’un faux débat en ce sens qu’il y aurait des enjeux similaires si les vols internationaux étaient demeurés à Mirabel. L’aérogare de l’époque n’était pas assez grande pour accueillir le nombre de passagers enregistrés actuellement et l’accès routier est difficile. Des investissements majeurs auraient dû être faits dans les infrastructures et nous aurions les mêmes difficultés de financement qu’aujourd’hui », répond la directrice des communications, Anne-Sophie Hamel.

Ultimement, « ajouter un second aéroport international pour les passagers réduirait le bassin de clientèle des transporteurs et augmenterait leurs coûts d’opération », estime-t-elle. Pour ADM, perdre l’exclusivité des vols internationaux « se traduirait par une baisse de part de marché, et donc, d’un risque accru pour les investisseurs, contribuant ainsi à abaisser notre cote de crédit ».

Une idée du défi financier

Dès novembre 2021, l’ancien PDG d’ADM, Philippe Rainville, qui a depuis laissé sa place à Yves Beauchamp, avait prévenu qu’il faudrait injecter beaucoup d’argent dans l’aéroport Trudeau au retour de la pandémie. À l’époque, M. Rainville parlait de « quelques milliards » pour se refaire une santé financière. Jusqu’ici, ADM a touché 170 millions d’Ottawa, dont 100 millions pour l’antenne du Réseau express métropolitain (REM), qui coûtera 600 millions à construire d’ici 2027. À ce jour, la dette nette d’ADM demeure d’approximativement 2,27 milliards.