Neuf mois après l’abandon de ses lignes « 10 minutes max », la Société de transport de Montréal (STM) redonne de l’amour à sa trentaine de circuits encore considérés comme fréquents. Quelque 2500 arrêts seront dorénavant identifiés en mauve, certifiant à l’usager qu’il attendra 12 minutes ou moins. Une tâche qui semble toutefois bien peu réaliste aux yeux du syndicat des chauffeurs.

« Aux défis d’aujourd’hui, on amène une solution d’aujourd’hui. […] On veut vraiment remiser sur la fréquence », a fait valoir lundi le président de la STM, Éric Alan Caldwell, en conférence de presse.

Selon lui, la promesse du « 10 minutes max », abandonnée en janvier en plein contexte de déficit budgétaire, n’était tout simplement « plus en adéquation avec l’offre de service », mais surtout, « elle était un peu rigide pour nous permettre d’être au rendez-vous là où les clients ont besoin de nous ».

Avant la pandémie, 31 lignes d’autobus faisaient partie du réseau haute fréquence « 10 minutes max » de la STM. Ce nombre est ensuite descendu à huit lignes d’autobus, avant que le concept soit abandonné au début de 2023.

Ces 31 lignes seront maintenant identifiées comme « fréquentes », avec une identité visuelle entièrement en mauve, par un affichage sur le bus ainsi que sur l’arrêt. La couleur mauve certifiera une attente de 2 à 12 minutes pour un passage, « avec généralement un autobus en moins de 10 minutes », soutient M. Caldwell. Seules neuf lignes seront toutefois en place toute la journée ; les 22 autres le seront pendant l’heure de pointe.

« Derrière cette nouvelle se cache malheureusement une diminution de l’offre de service aux usagers. En plus de passer de l’appellation 10 minutes max à 12 minutes max, seulement 9 lignes auront des passages fréquents en tout temps, alors qu’avant la pandémie, c’était l’ensemble des 31 lignes », a d’ailleurs dénoncé la critique en transport de l’opposition, Alba Zuniga Ramos.

Encore incertain pour la suite

Le but de la STM est d’augmenter « graduellement » le nombre de ces lignes fréquentes, mais tout dépendra de l’aide gouvernementale. La ministre des Transports du Québec, Geneviève Guilbault, doit déposer cet automne un plan pour le financement du transport collectif sur cinq ans qui sera déterminant pour la suite.

Moi, je n’ai pas les moyens d’injecter du service. Pour le moment, on s’arrange à la STM pour optimiser notre réseau avec les ressources qu’on a.

Éric Alan Caldwell, président de la STM

L’offre de service demeurera celle qui avait été confirmée à la fin du mois d’août, soit 95 % du niveau prépandémique. L’essentiel de l’augmentation de fréquence a été fait sur 75 lignes d’autobus cet automne, pour une hausse globale d’environ 3 %.

Fixer le maximum à 12 minutes au lieu de 10 est très loin d’être un hasard. « Au contraire, c’est prouvé dans la littérature que 12 minutes, c’est l’intervalle de service pour lequel les gens ne se posent pas de questions », a expliqué le responsable de la planification bus, Alain Labelle. À ce jour, le seuil d’achalandage prépandémique oscille autour de 78 % dans l’autobus et de 77 % dans le métro.

« Pas livrable », dit le syndicat

Mais selon le président du Syndicat des chauffeurs d’autobus de la STM, Frédéric Therrien, 31 lignes à 12 minutes de service maximum, « ce n’est pas livrable actuellement ». « Juste ce matin, il manquait entre 160 et 170 chauffeurs. Ça nous prendrait jusqu’à 200 chauffeurs de plus chaque jour », dit-il.

S’ils font respecter tous les délais sur leurs lignes fréquentes, ils vont forcément impacter d’autres circuits, c’est certain. C’est ça, notre crainte.

Frédéric Therrien, président du Syndicat des chauffeurs d’autobus de la STM

Vu le manque d’argent disponible, la STM « devra forcément encore compresser nos horaires et la charge de travail, craint M. Therrien. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour nous, quand on sait que 40 % de nos membres en arrêt de travail le sont pour des raisons mentales, donc un burnout ou le stress. On a de moins en moins de temps pour faire notre travail. »

Chez Trajectoire Québec, la directrice générale Sarah V. Doyon a salué lundi une « bonne nouvelle du point de vue de la communication ». « Après, ce qu’on va suivre, nous, c’est de voir s’il y aura plus de lignes fréquentes dans les prochaines années. Il faudra aussi que le 12 minutes reste intact, qu’on n’étire pas la définition de ligne fréquente pour avoir 16 minutes après trois ans », conclut-elle.

Les lignes « mauves », ou fréquentes

Neuf circuits toute la journée, de 6 h à 20 h, dans les deux directions

  • 18 Beaubien
  • 24 Sherbrooke 
  • 51 Édouard-Montpetit 
  • 67 Saint-Michel 
  • 105 Sherbrooke 
  • 121 Sauvé/Côte-Vertu 
  • 141 Jean-Talon 
  • 165 Côte-des-Neiges    
  • 439 Express Pie-IX 

22 circuits dans le sens de la pointe, de 6 h 30 à 9 h 30 ou de 15 h à 18 h

  • 32 Lacordaire
  • 33 Langelier 
  • 44 Armand-Bombardier 
  • 45 Papineau 
  • 48 Perras 
  • 49 Maurice-Duplessis 
  • 55 Boulevard Saint-Laurent 
  • 64 Grenet 
  • 69 Gouin 
  • 80 Avenue du Parc 
  • 90 Saint-Jacques 
  • 97 Avenue-du-Mont-Royal 
  • 103 Monkland 
  • 136 Viau 
  • 161 Van Horne 
  • 171 Henri-Bourassa 
  • 187 René-Lévesque 
  • 193 Jarry 
  • 196 Parc-Industriel-Lachine 
  • 197 Rosemont    
  • 406 Express Newman
  • 470 Express Pierrefonds