À moins d’une surprise, les constables spéciaux seront équipés de poivre de Cayenne en gel d’ici la fin de décembre dans le métro de la métropole. La Société de transport de Montréal (STM) estime que cet outil additionnel contribuera à « dissuader » toute personne qui voudrait s’en prendre à ses agents.

« Dans sa gradation, le constable, il arrive très rapidement au bâton télescopique. Et le bâton télescopique, ce n’est jamais élégant quand on sort ça. Quand on a des personnes intoxiquées, il n’y a pas d’impact, souvent, comme les gens sont tellement intoxiqués. Le poivre, lui, il va faire son effet », a expliqué lundi à La Presse la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, en marge d’une conférence de presse.

Son groupe a confirmé qu’il demandera mercredi à son conseil d’administration d’autoriser l’utilisation du poivre de Cayenne en gel dans des « circonstances exceptionnelles », pour les constables spéciaux. Si tout se passe bien, ces derniers y auront accès à compter de la fin de décembre, selon la gestionnaire.

Nos gens sont formés pour faire de la désescalade, mais ça leur donne un outil de plus. Juste de savoir qu’ils ont le poivre, ça va aussi dissuader les gens d’aller plus loin. Cet effet de dissuasion, on le voit à Toronto, qui a déjà appliqué la mesure. Ça évite des blessures pour tout le monde.

Marie-Claude Léonard, DG de la STM

À ses yeux, le poivre de Cayenne en gel permettra « de maîtriser plus rapidement une situation qu’avec l’emploi de la force ». Quant aux risques de propagation dans le réseau, « c’est sûr que le risque zéro n’existe pas, mais le poivre en gel est moins volatil qu’un poivre en spray dans un environnement comme le métro, dit la DG. Dans la littérature, il n’y a pas vraiment d’incident majeur avec ce type de produit ».

Bref, le choix de la formule en gel a été fait pour ne pas devoir ventiler des stations entières en cas d’utilisation. Il est d’ailleurs de plus en plus fréquent à Montréal que la STM doive évacuer des stations de métro et paralyser des lignes entières du réseau parce qu’une personne a utilisé volontairement un gaz irritant. Le phénomène a triplé en 2022 par rapport à l’année précédente, et est 10 fois plus élevé qu’il y a 10 ans, rapportait précédemment La Presse.

Plus de « comportements imprévisibles »

Le président de la STM, Éric Alan Caldwell, a quant à lui évoqué lundi que le niveau de consommation dans certains secteurs « rend certains comportements très imprévisibles ». « On a définitivement plus de situations où l’issue n’est pas claire, où c’est vraiment plus complexe », a-t-il dit en anglais.

« Au fond, ce qu’on fait ici, c’est justement pour nous assurer que notre personnel de sécurité puisse gérer les situations avec moins de dommages et une meilleure efficacité », a persisté M. Caldwell.

C’est la Fraternité des constables et des agents de la paix STM-CSN qui avait amorcé les discussions en ce sens. Son président Kevin Grenier affirme l’avoir demandé vu « l’augmentation de la violence armée et les nombres grandissants d’interventions avec des personnes perturbées mentalement ».

« Nous sommes contents de la nouvelle. Nous allons avoir une option de plus pour assurer une intervention sécuritaire, pour nous, les clients et la personne avec qui on intervient », explique M. Grenier.

Un « suivi serré » sera néanmoins fait pour s’assurer du bien-fondé de l’utilisation du poivre de Cayenne en gel, assure la STM. Un protocole de prise en charge de l’usager qui serait « poivré » sera aussi mis en place.

En savoir plus
  • 17,88 %
    En 2022, « 323 évènements avec emploi de la force ont eu lieu, ce qui correspond à une augmentation de 17,88 % par rapport à 2019 », indiquait d’ailleurs un rapport de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) effectué après une plainte du syndicat que La Presse avait obtenu en juin dernier.