Montréal va recommander la démolition du pavillon du Natatorium de Verdun, un bâtiment patrimonial qui souffre de problèmes structurels critiques, a appris La Presse.

La mairesse de l’arrondissement, Marie-Andrée Mauger, en fera l’annonce la semaine prochaine au cours d’une rencontre publique convoquée pour annoncer « un plan d’action et un scénario » pour l’édifice. Les citoyens se feront alors expliquer que la démolition est inévitable et que la Ville planche sur un projet de remplacement.

Le Natatorium de Verdun a été inauguré en 1940 et était alors la plus grande piscine extérieure du Canada. Plusieurs générations de Montréalais ont des souvenirs d’enfance liés à ces lieux. Le pavillon Art déco a été construit en même temps que l’Auditorium de Verdun.

En 2017, des travaux ont été entamés sur le bâtiment par la Ville de Montréal, afin de le rendre accessible aux nageurs à mobilité réduite. Le chantier a toutefois été rapidement stoppé, la même année : d’inquiétantes fissures ont été découvertes dans la structure de béton, notamment dans les vestiaires et dans le plafond du rez-de-chaussée. Des supports ont dû être installés.

Le bâtiment est fermé depuis.

En entrevue avec La Presse jeudi, la mairesse d’arrondissement Marie-Andrée Mauger n’a pas voulu confirmer que le Natatorium serait détruit. « Je dirais qu’il y a quelques dossiers à Verdun qui sont difficiles et celui-là compte parmi les dossiers difficiles », a-t-elle tout de même laissé tomber.

L’annonce officielle ne viendra pas avant mardi prochain, a-t-elle toutefois souligné.

« C’est vraiment une soirée attendue dans la population. Ça fait plusieurs années qu’on se demande ce qui se passe avec le pavillon des baigneurs du Natatorium et je sais que toute la communauté est très attachée à ce lieu-là », a-t-elle continué. « C’est un lieu emblématique pour lequel on a un grand attachement. Je sais que c’est un sujet sensible. »

L’opposition s’organise

L’annonce de la démolition n’est pas encore effectuée que déjà des opposants montent au créneau. Jean-François Parenteau, le prédécesseur de Mme Mauger, a déjà annoncé qu’il comptait se battre « bec et ongles » contre cette éventualité.

« On ne peut pas se permettre, d’aucune façon, de détruire un édifice patrimonial. On en a déjà beaucoup perdu à Montréal », a-t-il fait valoir en entrevue avec La Presse. « On va sur la Lune, vous ne viendrez pas me dire qu’on ne peut pas changer une poutre de béton. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Vue aérienne du Natatorium de Verdun, qui est fermé à la population depuis 2017

« On l’a prouvé avec l’Auditorium [de Verdun], qu’on est capables de préserver le patrimoine. Oui, il y a des coûts reliés à ça. Mais c’est un legs pour le futur », a-t-il continué.

Héritage Montréal a demandé que les experts de patrimoine de la Ville de Montréal soient impliqués dans le dossier.

« Il y a un enjeu de dégradation du béton d’origine », a dit Dinu Bumbaru, directeur des programmes. « Ce n’est pas le premier cas du genre. [Un autre bâtiment du centre-ville] avait des problèmes de béton ancien qui ont été surmontés sans tout détruire. »