La fin du service d’autobus « 10 minutes MAX » de la Société de transport de Montréal (STM) se traduira par une baisse de service de 11,2 % sur les 31 lignes qui faisaient partie de ce réseau, se sont inquiétés jeudi deux organismes de défense des usagers.

Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées jeudi matin à l’angle de la rue Jeanne-Mance et du boulevard De Maisonneuve, où ce réseau à haute fréquence était né il y a 13 ans, en 2010. Elles y ont souligné la fin d’un service « essentiel » lors d’une « cérémonie mortuaire », qui avait toutes les allures de funérailles.

D’après Trajectoire Québec et le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-MTL), qui organisaient l’évènement, l’abandon du réseau « 10 minutes MAX » se traduira par une baisse de service de 11,2 % sur ces 31 lignes par rapport à la promesse initiale qui avait été faite en 2010.

Avant la pandémie, 31 lignes d’autobus faisaient en effet partie de ce réseau haute fréquence de la STM. Puis, ce nombre a chuté à seulement huit, soit les lignes 18 (Beaubien), 24 (Sherbrooke), 33 (Langelier), 64 (Grenet), 103 (Monkland), 106 (Newman), 141 (Jean-Talon Est) et 406 Express (Newman). Ces huit lignes ont à leur tour été retirées du réseau au début du mois de janvier.

Québec interpellé

Pour les deux organismes, il s’agit d’un « affaiblissement généralisé des 31 lignes les plus importantes du réseau de bus de la STM, surtout hors des périodes de pointe ». Ils soutiennent que les périodes hors pointe seront les plus touchées « avec des baisses de 16,6 % le jour et de 19,8 % en soirée ». « Par ailleurs, la fin du réseau 10 minutes MAX représente une baisse de service de 7,1 % en matinée », ajoutent-ils.

« Les sociétés de transport comme la STM n’ont pas les moyens d’offrir un service à la hauteur des besoins des Québécois », a soutenu la directrice générale de Trajectoire Québec, Sarah V. Doyon, en marge du rassemblement jeudi.

Elle appelle la ministre des Transports Geneviève Guilbault, qui a déjà ouvert la porte à une révision du modèle de financement des sociétés de transport, à « indiquer concrètement comment le gouvernement prévoit y faire face dans le prochain budget du Québec ».

Bouleversement des habitudes de transport

La STM avait indiqué il y a quelques semaines que la décision de mettre fin au service « 10 minutes MAX » avait été prise en raison du bouleversement des habitudes de transport des utilisateurs depuis le début de la pandémie. La société compte toutefois « revoir ses familles de service bus et offrir un service optimisé et tout aussi attractif à ses clients », précise la porte-parole Justine Lord-Dufour.

« Nous répondons à l’évolution des besoins en priorisant la desserte par bus aux bons endroits et aux bons moments, et ce, sans globalement diminuer le service. Depuis la pandémie, nous avons adapté notre offre de service pour refléter l’évolution des habitudes de déplacement de la clientèle observée, notamment en ce qui a trait à l’achalandage et l’ancrage du télétravail dans les habitudes », conclut-elle.

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on dit envisager « toutes les solutions pour rétablir le 10 minutes d’attente maximum le plus rapidement possible ». « C’est visiblement une décision difficile de la STM qui témoigne du besoin urgent des sociétés de transport d’avoir du financement récurrent du gouvernement du Québec », avance l’attachée de presse Catherine Cadotte.