Après l’avoir mis de côté ce printemps, l’administration Plante va de l’avant avec son projet d’allongement des heures tarifées du stationnement sur rue au centre-ville de Montréal. Dès novembre, les parcomètres seront payants jusqu’à 23 h du lundi au samedi, et ce, dans cinq secteurs névralgiques. La mesure rapportera 5 millions de dollars supplémentaires annuellement.

C’est ce qu’a confirmé la Ville dès le début de la journée vendredi dans un communiqué, en disant vouloir « optimiser la gestion du stationnement » et « soutenir la vitalité commerciale ainsi que la mobilité ». Montréal veut ainsi permettre un « roulement plus important » des véhicules sur les artères commerciales.

Cinq secteurs seront visés dans un premier temps. Il s’agit essentiellement d’un vaste périmètre couvrant l’essentiel du Vieux-Montréal et une bonne partie du sud du centre-ville. La Ville a refusé de préciser vendredi si ce périmètre pourrait être étendu à d’autres secteurs ou arrondissements de l’île.

Les cinq secteurs visés

  • Rue Guy/rue Sherbrooke Ouest/avenue du Parc/boulevard René-Lévesque Ouest
  • Rue Guy/boulevard René-Lévesque Ouest/rue Saint-Hubert/rues Saint-Antoine et Saint-Jacques
  • Boulevard Saint-Laurent/rue Sherbrooke Ouest/rue Saint-Hubert/boulevard René-Lévesque Ouest
  • Boulevard Robert-Bourassa/rue Saint-Antoine/rue de la Commune
  • Avenue du Parc/rue Sherbrooke Ouest/boulevard Saint-Laurent/boulevard René-Lévesque

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE MONTRÉAL

Périmètre visé par l’élargissement des heures tarifées

En semaine, dès le 15 novembre, il faudra donc payer un espace de stationnement de 8 h à 23 h, alors que l’horaire actuel était plutôt de 9 h à 21 h. Le samedi, la période tarifée sera de 9 h à 23 h, et non plus 9 h à 18 h. À noter : le dimanche, l’horaire tarifé demeurera toutefois pour l’instant de 13 h à 18 h. Il avait été question au printemps d’opter pour une plage de 9 h à 18 h.

La pose des autocollants annonçant les horaires à venir débutera d’ici quelques jours. Dans un communiqué, l’Agence de mobilité durable (AMD), responsable du stationnement, précise que « les aléas de la température et la possibilité de temps froid ont été considérés comme des facteurs pouvant compliquer, voire empêcher la pose des autocollants, d’où l’apposition dès la mi-septembre ».

Au total, l’élargissement des heures tarifées rapportera 5 millions de plus à la Ville chaque année. « Certes, ce sont des revenus supplémentaires qu’on anticipe, mais l’objectif n’est pas de faire de l’argent », assure toutefois la responsable du transport au comité exécutif, Sophie Mauzerolle.

Le but premier, c’est d’encourager les gens à se déplacer plus souvent pour générer plus d’achalandage dans les commerces. Autrement, on a des gens qui ne vont pas dans les bars et qui restent devant un parcomètre toute la nuit.

Sophie Mauzerolle, responsable du transport au comité exécutif

Au printemps, l’administration Plante avait reculé « jusqu’à nouvel ordre » sur l’allongement des périodes tarifées devant la forte opposition du milieu des affaires. Montréal dit aujourd’hui avoir « pris le temps de rencontrer » les commerçants « pour leur présenter les objectifs visés par ces nouvelles mesures et pour écouter leurs commentaires ». La Ville affirme aussi avoir accepté de faire passer la durée maximale de paiement de trois à cinq heures, à la demande des commerçants.

Lisez l’article « Parcomètres au centre-ville L’élargissement des heures tarifées mis de côté “jusqu’à nouvel ordre” »

Les commerçants « mis devant le fait accompli »

Le directeur général de la SDC Montréal centre-ville, Glenn Castanheira, offre une version fort différente des faits. « On a été mis devant un fait accompli. Oui, on a parlé avec la Ville, mais la décision était prise de leur côté. On n’était pas vraiment là pour dire ce qu’on pensait », soutient-il.

« Encore aujourd’hui, on pense que les arguments de la Ville ne démontrent pas la pertinence d’aller de l’avant », ajoute M. Castanheira, qui se demande « pourquoi ça se fait juste au centre-ville ». « Si c’est réellement une question de vitalité commerciale, alors ils devraient le faire partout », juge-t-il.

Avant d’élargir les heures tarifées, le DG soutient qu’il « aurait surtout aimé voir un projet de mutualisation des espaces de stationnement, qu’on nous promet depuis 2018, mais qui n’est toujours pas fait ». « On demande aussi et surtout d’améliorer le sentiment de sécurité dans les métros. En début d’année, le SPVM avait fait un blitz et ça avait été très positif. Là, c’est terminé et les problèmes sont revenus. Il faut maintenir une présence policière dans les métros, c’est essentiel », persiste-t-il.

Dans l’opposition, le chef Aref Salem fulmine aussi. « Cinq millions, si ce n’est pas une augmentation indirecte des taxes, je demande ce que c’est. Et tout ça dans un seul arrondissement, celui de la mairesse », a-t-il lancé vendredi en mêlée de presse.

« On est en train de pénaliser des gens qui sont déjà dans une détresse économique. On voit l’inflation qui frappe, les prix qui augmentent de façon faramineuse et on vient avec une mesure qui n’a aucune allure », a ajouté M. Salem, accusant aussi la Ville de vouloir « faire la guerre à la voiture » à tout prix.

Au Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), on salue toutefois la décision de la Ville. « Si les prix sont trop bas et les heures trop restreintes, le stationnement sera congestionné, ce qui se traduira par une perte d’accès pour la clientèle qui a vraiment besoin d’accéder en voiture », soutient son responsable des dossiers mobilité, Blaise Rémillard.

Un programme pour les abords du métro ?

L’opposition officielle a par ailleurs proposé vendredi la création d’un programme municipal pour sécuriser les déplacements des piétons et cyclistes près des diverses stations de métro de la métropole. « Les stations de métro sont de grands pôles générateurs de déplacements, ce qui pose des défis et des enjeux au niveau de la cohabitation », a indiqué la conseillère Alba Zuniga Ramos, du district Louis-Riel. Son parti propose de déployer ce programme de sécurisation là où le bilan de collisions est le plus lourd depuis 2018, soit aux abords des stations Berri-UQAM, Jean-Talon, Guy-Concordia, mais aussi Radisson, Frontenac, Peel, Côte-Vertu, Jarry, Joliette, Fabre, Namur, Henri-Bourassa, Square-Victoria–OACI et, enfin, Vendôme. L’opposition presse aussi la Ville de « se doter d’outils lui permettant d’évaluer les intersections à sécuriser de façon prioritaire ».