S’ils le peuvent, les usagers du pont de l’Île-aux-Tourtes devraient télétravailler pendant au moins « quelques semaines » encore, affirme le gouvernement Legault. Ce dernier ne s’attend pas à rouvrir une troisième voie sur cette structure endommagée avant un mois et demi, voire deux mois.

Ce qu’il faut savoir

Le pont de l’Île-aux-Tourtes n’a plus que deux voies de circulation, à raison d’une par direction.

Québec prévoit une mise en service partielle du nouveau pont (cinq voies sur six) à la fin de 2026.

À court terme, le pont actuel fonctionnera avec seulement deux voies pour encore six à huit semaines, au grand dam des usagers.

« Dans le contexte, [nous] appelons les employeurs et les travailleurs, lorsque possible, à faire preuve de souplesse et à privilégier le télétravail pour quelques semaines. Nous travaillons sans relâche sur les solutions », a écrit mercredi la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, sur le réseau social X.

Son cabinet a confirmé dans la foulée que le pont continuerait de fonctionner à deux voies – une par direction – pour encore « six à huit semaines ». Jusqu’ici, le ministère des Transports ne s’était pas avancé sur un échéancier plus précis, indiquant simplement que la réouverture d’une troisième voie serait possible « après la fin des travaux de réparation de la dalle endommagée ».

Deux voies de l’infrastructure ont récemment été fermées coup sur coup en raison de dommages à une partie de la dalle et de la découverte de nouvelles fissures, ce qui représente un véritable casse-tête pour la circulation sur ce pont autoroutier névralgique, l’un des seuls liens reliant l’île de Montréal à l’ouest.

Outre la gratuité du train et l’ajout de service, d’autres solutions sont dans les cartons à court terme, dont l’aménagement de plusieurs stationnements incitatifs accompagnés de navettes vers les services de transport collectif situés dans le secteur. « On évalue plusieurs avenues », assure-t-on dans l’entourage de la ministre.

Toute une région « perdante »

Le gouvernement envisage aussi sérieusement de revoir la gestion des deux voies restantes. L’idée de mettre les deux voies dans le même sens, aux heures de pointe, a notamment été envisagée. Une rencontre est prévue vendredi entre des élus locaux et Geneviève Guilbault. D’autres mesures pourraient alors être adoptées. De telles rencontres ont déjà été tenues samedi, dimanche et mardi derniers.

Mercredi, le dossier du pont de l’Île-aux-Tourtes a rebondi sur la scène municipale, le conseiller de l’opposition Benoit Langevin ayant ouvertement demandé à l’administration Plante de « mettre la lumière sur les impacts de la fermeture à une voie par direction du pont […] et faire les représentations nécessaires auprès du provincial ». « C’est toute une région qui est perdante. Franchement inacceptable », a dit M. Langevin.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Congestion sur l'autoroute 40 en raison des voies en moins sur le pont de l’Île-aux-Tourtes, mercredi

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on se dit en lien constant avec le Ministère et le Service de police de la Ville de Montréal, notamment. « La sécurité des déplacements est toujours une priorité et on espère que les mesures de mitigation mises en place par le Ministère contribuent à faciliter les déplacements dans le secteur, qui ont un impact direct sur la population », a affirmé l’attachée de presse Catherine Cadotte.

Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, la colère des citoyens, elle, demeurait palpable. « Ce qui me prend habituellement 30 minutes pour rentrer chez moi hier à 19 h 30 a pris 1 h 30. Il n’y a jamais de circulation à cette heure-là. J’aimerais juste que nous ayons tous de meilleures options », a par exemple déclaré une internaute, mercredi.

Cap sur 2026… et 2027

Après avoir reçu les plus récentes évaluations environnementales du gouvernement fédéral, Québec avait confirmé lundi le lancement des travaux du nouveau pont, qui doit être partiellement mis en service – avec cinq voies sur six – en décembre 2026. Les six voies seraient ensuite prêtes fin 2027. Le but avoué du gouvernement est toutefois d’« accélérer » les travaux au maximum.

Jusqu’ici, le chantier se déroulait en « phase préparatoire ». Autrement dit, il se limitait à des tâches comme le déboisement ou encore le déplacement de marchandises. Lundi, toutefois, le site est entré en phase de réalisation, avec en premier lieu l’enrochement dans l’eau qui sera réalisé au cours des prochaines semaines pour préparer l’installation des pieux du futur pont.

Depuis son dévoilement, le projet a connu plusieurs hausses de coût. Maintenant évalué à 2,3 milliards, comme le révélait La Presse en avril, il consiste à construire un nouveau pont au nord de l’infrastructure actuelle, qui sera ensuite démantelée.

Ainsi, dans chaque direction, il y aura à terme trois voies de circulation pour les automobiles et les camions, de même qu’un accotement de quatre mètres pouvant être utilisé par des autobus. Une « piste polyvalente » de même largeur sera aménagée pour les vélos et les piétons d’ici 2028. Le nouveau pont fera une dizaine de mètres de largeur de plus que le pont actuel, qui sera démantelé d’ici 2029.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard, La Presse