Le métier, les médias, la salle de rédaction de La Presse, et vous

On a de plus en plus de mal à se parler, à s’écouter, à dialoguer, je me trompe ?

On est captivés par nos cellulaires. On s’impatiente pour un rien. On s’insulte sur les réseaux sociaux. On s’envoie promener par courriel. On travaille seul de la maison, on devient plus pantouflard, on s’enferme dans nos bulles d’intérêts et d’opinions.

Et parallèlement, les rares endroits où des échanges constructifs avaient lieu s’effacent les uns après les autres, comme si la place publique disparaissait.

Meta a supprimé les nouvelles, qui avaient le mérite de susciter les échanges.

Le monde à l’envers a été abandonné, l’une des rares émissions qui présentaient un choc des idées à la télévision à heure de grande écoute.

Et Twitter, qui générait bien des débats à une autre époque, est mort : un égout à ciel ouvert appelé X l’a remplacé.

Donc on fait quoi ?

On se donne rendez-vous du lundi au vendredi dans la toute nouvelle section de La Presse : Dialogue !

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Après 10 ans de publication quotidienne, la section Débats laissera en effet sa place à une nouvelle section à compter de demain.

Nous étions des pionniers au lancement de cette section consacrée aux éditoriaux et aux lettres ouvertes. Aucun autre média ne publie autant de lettres, de collaborations, de textes d’opinion et de répliques.

Mais voilà : la formule a fait son temps, pour toutes sortes de raisons, notamment le fait que les textes se côtoient sans échange.

Nous avons donc décidé de repenser la section avec l’idée de la bonifier, d’en faire une sorte de place publique, de lui insuffler encore plus de dynamisme, et de passer ainsi du débat au dialogue.

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Nous avons également réfléchi à la place de l’éditorial, un genre journalistique très circonscrit, parfois mal compris.

L’éditorial, par tradition, est la voix de l’institution ou de son propriétaire. C’est un genre qui demande du temps, de la réflexion, de la hauteur. Et pourtant, nous nous obligions à en publier un ou deux chaque jour, un rythme qui imposait des prises de position tranchées continuelles, sur tous les sujets, dans un monde qui gagne en complexité.

Nous avons donc décidé, alors que nous n’avons plus de propriétaire et que nous sommes désormais un média indépendant à but non lucratif qui appartient à sa communauté de lecteurs, de réserver la fonction éditoriale à l’éditorialiste en chef, un poste occupé avec brio par Stéphanie Grammond.

C’est elle seule qui parlera maintenant au nom de l’institution, qui sera la gardienne de la position éditoriale de La Presse. À compter d’aujourd’hui, elle sera ainsi publiée dans la section Actualités, de même que le caricaturiste Serge Chapleau que vous aimez tant !

Quant aux éditorialistes que vous appréciez (Vincent Brousseau-Pouliot, Nathalie Collard, Philippe Mercure et Alexandre Sirois), ils seront maintenant chroniqueurs, dans Dialogue, la chronique étant un genre qui leur permettra un ton différent, un brin moins formel, ce qui leur donnera plus de liberté pour dialoguer avec les acteurs de l’actualité et avec vous, les lecteurs.

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À quoi ressemblera donc concrètement Dialogue ? L’image que nous avions en tête en travaillant sur le projet ces derniers mois est celle d’un joyeux souper entre amis au cours duquel les enjeux de l’heure font l’objet de discussions animées.

On souhaite y retrouver cette notion d’échange cordial et enrichissant, qui permet l’expression de différents points de vue qui nous ébranlent en confrontant nos a priori, qui répondent à nos interrogations, qui poussent la conversation plus loin.

On souhaite un dialogue, bref, qui nous aide à penser, à réfléchir, à nous faire notre propre tête sur tous les enjeux, à la jonction des grands débats de société et des questions terre à terre qui vous préoccupent dans votre quotidien.

Cette section dirigée par Isabelle Audet et Mélanie Thivierge sera faite de chroniques, de rubriques et de rendez-vous (« Convaincs-moi », par exemple, où un chroniqueur s’assoie avec un expert qui a une opinion contraire à la sienne, et demande à être convaincu. Ou encore, « Casser la cassette », où on décortique la citation opaque d’un acteur de l’actualité).

Mais on y retrouvera aussi des lettres d’opinion, moins nombreuses, certes, mais mieux mises en valeur*. On y retrouvera vos collaborateurs préférés, comme Marie-France Bazzo, Régis Labeaume, Rafaële Germain, Maxime Pedneaud-Jobin et Michel C. Auger (Boucar Diouf déménage aux Actualités).

La société change, les habitudes se transforment, les médias doivent aussi changer et se transformer.

La section Dialogue permettra à la fois de ne pas trop vous dépayser, afin que vous conserviez le rituel d’information que vous chérissez tant, tout en faisant évoluer La Presse pour qu’elle continue d’être en phase avec la société dans laquelle elle se situe.

Bonne lecture !

* Lisez notre politique de lettre ouverte