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On ne sait toujours pas qui paiera, et surtout dans quelle proportion, pour la nouvelle phase de réparation des trains Azur de la Société de transport de Montréal (STM), dont une vingtaine sont actuellement à l’arrêt en raison d’une « usure prématurée » du roulement des roues, comme l’a révélé jeudi La Presse. Pour un expert, le principal de la facture devrait toutefois revenir à Alstom, la multinationale qui est derrière la conception des trains.

« Les discussions sont toujours en cours sur ce point », a brièvement expliqué jeudi la porte-parole de la société de transport, Justine Lord-Dufour, en précisant qu’aucun autre détail ne peut pour le moment être fourni sur la nature des coûts, ou des payeurs.

Jeudi, La Presse1 a révélé que la STM s’est aperçue dès 2019 d’une « anomalie » sur le matériel de roulement des trains – l’équivalent de ce qu’on appelle souvent un bearing pour les voitures –, c’est-à-dire la pièce fixant la roue au véhicule et lui permettant de tourner. Essentiellement, un défaut de construction permet au courant électrique de passer à travers les roulements, créant par la suite des arcs qui les détruisent. La directrice générale du transporteur montréalais, Marie-Claude Léonard, n’a pas été en mesure de confirmer ce que coûtera l’opération, en entrevue.

Par courriel, Alstom a prudemment indiqué être « en discussion avec la STM pour ce qui concerne la prise en charge des coûts directs liés au remplacement des pièces ». La multinationale assurera « son rôle de partenaire de fournisseur de matériel roulant pour la STM, comme elle le fait depuis le début du projet de remplacement des voitures de métro en 2010 », dit la vice-présidente aux communications pour toute la région des Amériques, Michelle Stein.

« Nous avons développé une solution permanente et durable et nous participons à l’effort de réparation des composantes touchées. Nous continuons de soutenir la STM pour atténuer les problèmes de chaîne d’approvisionnement et sécuriser des pièces de remplacement », note-t-elle aussi, sans s’avancer davantage.

À l’automne 2022, une solution « permanente » a été implantée pour corriger le problème. Il s’agit d’installer sur chacun des moyeux – la partie centrale de la roue du train – un ensemble de couronnes conductrices qui redirigent le courant électrique ailleurs que sur le matériel de roulement, par exemple vers le rail. C’est la multinationale française Alstom qui a mis en place ce dispositif. Selon nos informations, tous les trains Azur sont touchés par cette « anomalie » sur le matériel roulant et devront passer par cette remise à niveau.

Rappelons que les premiers trains Azur, aussi appelés « MPM-10 » pour matériel pneumatique de Montréal 2010, avaient été commandés par la STM en 2008. Le consortium composé de Bombardier et d’Alstom, qui a d’ailleurs racheté la filiale de transport de Bombardier en 2021, est celui qui a fourni l’essentiel des matériaux pour les nouveaux trains à la société de transport.

Pour Pierre Barrieau, expert en planification des transports à l’Université de Montréal, il devrait revenir à Alstom de payer la facture. « Je n’ai pas lu le contrat, mais normalement ici, on parle de vices de construction. Ce genre de chose, en règle générale, est inclus dans la garantie, puisque c’est un défaut de design. Ce serait donc normalement à Alstom de payer », résume-t-il.

Des discussions juridiques pourraient avoir lieu entre la STM et Alstom afin de dénouer l’impasse, selon l’expert. « Alstom a surtout produit les bogies, donc les chariots sous les trains. Ce qui est bizarre, c’est que c’est un bogie en production depuis longtemps et qu’ils le produisent sur d’autres réseaux de métro, dont Paris », note M. Barrieau.

1. Lisez l’article « Métro de Montréal : une vingtaine de trains Azur à l’arrêt pour “usure prématurée” »

Les nouvelles de la semaine

Un radar photo qui rapporte gros

Les conducteurs roulent beaucoup trop vite aux abords du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. À peine implanté, le radar photo mobile du mégachantier de l’A25 est déjà devenu le plus lucratif au Québec, ont révélé plus tôt cette semaine de nouvelles données du gouvernement rapportées par La Presse. Depuis l’installation de l’appareil à la fin du mois de janvier, près de 900 conducteurs ont reçu des contraventions, gracieuseté du nouveau radar photo. Son ajout a été fait après que les autorités eurent noté une vingtaine d’accidents et de collisions dans le tunnel, dont le nombre de voies a été réduit de moitié. Les amendes imposées aux usagers de la route en février sont d’ailleurs très élevées ; elles sont en moyenne de 438 $.

Lisez l’article « Tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine : un radar photo qui rapporte gros »

Des taxis « illégaux » qui poussent partout

L’explosion du nombre de taxis « illégaux » à l’aéroport Montréal-Trudeau appelle à des actions immédiates, a estimé jeudi l’un des plus grands regroupements de taxis dans la métropole dans la foulée d’une chronique de La Presse, déplorant qu’il est tout simplement « devenu trop facile » de s’improviser chauffeur autorisé et d’en engranger des revenus. « Ça pousse comme des champignons, littéralement. C’est devenu beaucoup trop facile. Honnêtement, le gouvernement a ouvert une jungle avec tout ça », lance le directeur général de Taxi Coop, Jean Fortier, en entrevue.

Lisez l’article « Taxis illégaux à Montréal-Trudeau : des solutions en discussion pour “rétablir l’ordre” »

La STM poursuivie pour 6,3 millions

Une entreprise a intenté cette semaine une poursuite de 6,3 millions contre la Société de transport de Montréal (STM), blâmant le transporteur et ses professionnels pour le retard de près de deux ans dans les travaux du nouveau centre de transport Crémazie, achevés en 2022. « Les intervenants de la STM et ses professionnels n’avaient pas mesuré l’ampleur des travaux préparatoires à exécuter pendant que les activités de la STM demeuraient en fonction. […] Les nombreux retards dans le cadre de l’exécution des travaux préparatoires ont eu pour effet de retarder la démolition de la structure du bâtiment », écrit l’avocat MKeven Laverdière, qui représente Lambert Somec inc.

Lisez l’article « Chantier du complexe Crémazie : la STM poursuivie pour 6,3 millions en raison de nombreux retards »

Le bulletin de circulation

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