Des solutions potentielles ont été identifiées jeudi pour « rétablir l’ordre » autour de l’explosion du nombre de taxis illégaux à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, affirme Aéroports de Montréal (ADM), qui salue la « sensibilité » du gouvernement. Une analyse de la situation sera faite « rapidement », promet Québec.

C’est du moins ce qu’a soutenu l’organisation aéroportuaire à l’issue d’une rencontre entre son PDG Philippe Rainville et la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, en après-midi.

« Les discussions ont porté autour de solutions potentielles pour enrayer le fléau de la sollicitation et rétablir l’ordre. La ministre a exprimé une ouverture à faire les modifications requises pour assurer la sécurité des passagers et des chauffeurs autorisés », soutient un porte-parole d’ADM, Eric Forest.

En début de journée, jeudi, le chroniqueur Maxime Bergeron révélait que près de 400 infractions ont été répertoriées depuis janvier seulement pour la présence de ces « taxis illégaux », dont les chauffeurs sont parfois harcelants, ou encore cherchent à frauder l’usager en augmentant le prix de façon arbitraire.

Sur Twitter, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, avait souligné dans la foulée de cette chronique que la situation « est préoccupante ». En fin d’après-midi, elle a qualifié son entretien avec M. Rainville de « bonne rencontre ». « Ont été abordés le transport de personnes non encadré sur le territoire de [l’aéroport] et les solutions possibles. Nous avons convenu d’analyser le tout rapidement et de nous reparler sous peu pour fixer la prochaine étape », a soulevé l’élue.

« Trop facile »

L’un des plus grands regroupements de taxis dans la métropole appelle quant à lui à des actions immédiates, déplorant qu’il est tout simplement « devenu trop facile » de s’improviser chauffeur autorisé et d’en engranger des revenus. « Ça pousse comme des champignons, littéralement. C’est devenu beaucoup trop facile. Honnêtement, le gouvernement a ouvert une jungle avec tout ça », lance le directeur général de Taxi Coop, Jean Fortier, en entrevue avec La Presse.

Pour Jean Fortier, la donne a changé depuis que Québec adopté en 2019 la Loi concernant le transport rémunéré de personnes par automobile. « Avant, on savait combien de personnes avaient un permis à Montréal. C’était légiféré, c’était clair. Là, il n’y a même plus réellement d’inventaire. N’importe qui peut devenir chauffeur autorisé », dit-il.

Le gestionnaire estime qu’il faudra « peut-être » mettre sur pied un nouveau regroupement de taxis pour faire pression sur le gouvernement. « Il faut qu’il y ait des actions qui soit posées rapidement. Nous, on ne peut pas faire grand-chose. Moi, si je m’en vais là-bas et que je commence à vérifier, c’est un chaos. Ça devient très compliqué à gérer », insiste M. Fortier.

À ses yeux, une solution peut facilement être mise en place. « On parle d’une situation aiguë à un endroit en particulier, avec certains regroupements. Je ne vois pas pourquoi on ne serait pas capables d’arriver avec quelque chose. Il s’agit que le gouvernement dispose d’une bonne oreille, d’une bonne écoute », ajoute-t-il.

« Un enjeu de sécurité majeur »

Chez Tourisme Montréal, la porte-parole Aurélie de Blois affirme que son groupe est « très préoccupé » par la situation. « Avec l’été à nos portes, il y aura des milliers de voyageurs qui vont affluer vers l’aéroport. C’est un enjeu de sécurité majeur, et on s’attend à ce que les autorités prennent action rapidement », dit-elle.

Pour l’organisme, il en va d’un « enjeu réputationnel » pour Montréal. « L’accueil, c’est le facteur numéro un du retour d’un visiteur dans une destination. Quand tu arrives à Montréal et que tu vis une expérience traumatisante, assurément que tu vas en parler à tes proches », souligne Mme de Blois.

Tourisme Montréal appelle les autorités à « effectuer un travail de communication » plus serré auprès des visiteurs, afin d’éviter que ceux-ci ne se fassent prendre par des taxis illégaux. « On espère aussi qu’une éventuelle réglementation fera en sorte qu’on est capables d’intervenir sur place, possiblement en donnant des amendes », conclut la porte-parole.

La responsable de la mobilité au comité exécutif montréalais, Sophie Mauzerolle, abonde en ce sens. « La situation rapportée est inquiétante […] Il en va de la réputation de notre métropole et du Québec auprès des visiteurs internationaux. On salue la réactivité de la ministre du Transport pour réguler la situation. »

Rappelons qu’ADM demande l’interdiction de sollicitation qui existait auparavant soit réintroduite, mais aussi de pouvoir à nouveau exiger que les chauffeurs de taxi qui travaillent à l’aéroport soient tous accrédités et, enfin, que les contrôleurs routiers puissent agir dès le moment où ils observent de la sollicitation.

Sans l’aide de Québec, l’organisme se dit impuissant devant la situation, entre autres puisque le Bureau du taxi, qui exerçait auparavant une surveillance serrée, a cessé d’exister il y a quatre mois. Pour tenter de calmer le jeu, ADM a lancé une campagne d’affichage à l’intérieur de l’aérogare.

Lisez la chronique « Taxis “ illégaux ” à l’aéroport : à Montréal comme au Far West »