Une vingtaine des 71 trains Azur de la Société de transport de Montréal (STM) sont actuellement à l’arrêt en raison d’une « usure prématurée » du roulement des roues, a appris La Presse. Cette pause forcée ne nuit pas au service pour le moment, mais le transporteur ne peut assurer qu’aucun impact ne sera ressenti à plus long terme.

« On a déjà des plans de mitigation prêts si jamais on avait un impact sur le service. Cela dit, actuellement, on a une marge de manœuvre. Non seulement on a gardé des trains MR-73 [les anciens modèles] de plus, mais l’achalandage demeure aussi à environ 70 % alors qu’on livre le même volume de service. Je ne peux toutefois pas vous dire que le risque zéro n’existe pas », avoue la directrice générale de la société, Marie-Claude Léonard, en entrevue avec La Presse.

Son groupe dit s’être aperçu dès 2019 d’une « anomalie » sur le matériel de roulement des trains – l’équivalent de ce qu’on appelle souvent un bearing pour les voitures –, c’est-à-dire la pièce fixant la roue au véhicule et lui permettant de tourner. Essentiellement, un défaut de construction permet au courant électrique de passer à travers les roulements, créant par la suite des arcs qui les détruisent.

Les ingénieurs de la STM avaient d’abord trouvé à l’époque une « solution temporaire » en retirant les tresses de masse protégeant les câbles électriques, afin d’éviter d’user prématurément les pièces.

À l’automne 2022, une solution « permanente » et plus durable a finalement été implantée pour corriger le problème. Il s’agit d’installer sur chacun des moyeux – la partie centrale de la roue du train – un ensemble de couronnes conductrices qui redirigent le courant électrique ailleurs que sur le matériel de roulement, par exemple vers le rail qui récupère le courant par la suite. C’est la multinationale française Alstom qui a mis en place ce dispositif.

Ils devront tous y passer

Selon nos informations, tous les trains Azur sont touchés par cette « anomalie » sur le matériel roulant. Ils devront donc à terme passer par cette remise à niveau, en commençant par la vingtaine de rames qui viennent d’être mises hors service. « En fonction du protocole, on va retirer les trains et en mettre d’autres en fonction. On va toujours rester à environ une vingtaine de trains », affirme Mme Léonard.

« Actuellement, on sort un peu plus de trains qu’on en remet en fonction », avoue toutefois la DG, qui veut « doubler la cadence » de remplacement des moyeux dans les prochaines semaines, afin d’éviter toute coupe de services.

À l’heure actuelle, on est sur une cadence de remplacement de 30 moyeux par semaine. Il y en a environ 72 sur un train. On veut atteindre les 60 par semaine.

Marie-Claude Léonard, directrice générale de la STM

Pour l’instant, la STM n’est pas encore en mesure de déterminer combien lui coûtera la remise à niveau des moyeux sous ses trains Azur. Le tout serait « en analyse ». La société compte 71 de ces trains, surtout en service sur les lignes orange et verte, ainsi que 40 trains MR-73, qu’on voit surtout sur les lignes bleue et jaune.

Le service et les défis de l’approvisionnement

À ce jour, la situation ne cause « aucun impact sur le service » rendu dans le métro, assure Marie-Claude Léonard. « On suit cette problématique-là au quotidien, on est très rigoureux. S’il devait y avoir des impacts sur le service, on informerait nos clients au moins deux semaines à l’avance », insiste-t-elle.

Se disant optimiste à court terme, la directrice générale avoue tout de même que rien n’est garanti. « Je ne peux pas vous dire jamais », convient-elle au sujet d’une possible baisse de services, dans l’éventualité où les problèmes mécaniques persisteraient.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Train Azur sur la ligne orange

L’autre enjeu, ce sont les chaînes d’approvisionnement, qui ont pour la plupart été fortement perturbées en pleine pandémie de COVID-19. Selon nos informations, certaines pièces de remplacement pour les trains ne sont pas encore disponibles.

« Les pièces requises, on les a, assure toutefois Marie-Claude Léonard. En même temps, tout le monde connaît l’enjeu d’approvisionnement mondial. La bonne nouvelle, c’est qu’on a sécurisé un bon nombre de pièces, ce qui nous dit qu’on devrait être en mesure de doubler la cadence de remplacement », réitère-t-elle.

Pas une première

Ce n’est pas la première fois que des problèmes mécaniques sont repérés sur des trains Azur. Début 2017, la STM avait été forcée de retirer de son réseau plusieurs trains après que des frotteurs, pièces d’équipement situées sous la caisse des voitures qui servent à assurer l’alimentation électrique, eurent été endommagés sur huit rames de voitures Azur et une rame de voitures MR-73.

À l’époque, cet évènement majeur avait provoqué une interruption complète de service pendant 10 heures sur une partie de la ligne orange du métro, frustrant les usagers et les élus municipaux. Des dommages avaient notamment été causés par les frotteurs déficients aux équipements de signalisation de la station Du Collège.