Les mers du Nord sont parfois agitées. En jouant un brin avec l’itinéraire, l’équipage du Maud s’organise pour suivre le beau temps. C’est ainsi que nous accostons à Lerwick, la capitale des îles Shetland, alors que cesse la pluie et que le soleil s’annonce.
Après les petites maisons colorées d’inspiration scandinave d’Islande et des îles Féroé, ce sont de sobres, mais harmonieux bâtiments de pierres grises qui nous accueillent. Nous sommes désormais en terre écossaise, même si les gens des îles Shetland demeurent attachés à un passé nordique. Ce groupe d’îles était parfaitement positionné entre la terre d’origine des Vikings, en Norvège, et les territoires qu’ils allaient joyeusement piller en Angleterre.
Il y avait toutefois des habitants ici bien avant les Vikings. C’est ainsi qu’une petite randonnée à l’extérieur de Lerwick nous amène au Broch de Clickimin, un bâtiment de pierres qui remonterait à 800 ans avant l’ère chrétienne.
Nous retournons au XVIIe siècle, au centre historique de Lerwick. C’est dimanche, les boutiques de la petite rue principale sont fermées, la ville est bien paisible. C’est le moment idéal pour parcourir les étroites allées qui gravissent la petite colline sur laquelle s’est développée la ville. On peut ainsi voir les charmants jardins qui tentent de se cacher derrière les pierres grises.
Le Maud repart vers le nord pour accoster sur l’île d’Unst, site de la réserve naturelle Hermaness, créée pour protéger plusieurs espèces d’oiseaux, dont le grand labbe. Ce n’est pas un oiseau particulièrement sympathique : il attaque notamment les fous de Bassan qui reviennent au nid afin de voler la nourriture qu’ils rapportent à leurs petits. Ici, on l’appelle le bonxie, un nom qui lui va plutôt bien.
Nous entreprenons une longue randonnée à travers la lande, puis au haut des falaises. Il vente de façon intense, les moutons, bien emmitouflés, semblent vouloir s’enraciner sur les plateaux. Un nombre impressionnant de fous de Bassan font des aller-retour entre les falaises et la mer. On dirait d’innombrables flocons de neige.
Au retour, je me joins à une excursion pour visiter un site intéressant comprenant la reproduction grandeur nature d’un bateau viking découvert sous un tumulus en Norvège en 1880, ainsi que la reproduction d’une maison longue de l’époque viking. On a découvert les restes de 60 maisons longues dans l’île d’Unst. Aucun autre endroit dans le monde, même en Scandinavie, ne présente une telle concentration de communautés de l’ère viking.
Le clou de notre visite aux îles Shetland demeure toutefois Fair Isle, une toute petite île difficilement accessible, qui compte une cinquantaine d’habitants, un nombre beaucoup plus élevé de moutons et d’énormes colonies d’oiseaux de mer.
L’équipage du Maud a misé sur une pause entre deux systèmes de mauvais temps pour organiser la visite et a gagné son pari : il fait exceptionnellement beau lorsque nous accostons sur une plage à l’aide des zodiacs. Nous traversons l’île à pied en suivant le haut des falaises pour atteindre le phare du sud, érigé en 1892, particulièrement photogénique. Nous revenons sur la seule route, très étroite, qui relie les quelques maisons de la communauté, pour rejoindre les zodiacs.
Seuls deux phoques curieux assistent à notre départ.