Gary Bettman n’a pas menti la semaine dernière en abordant la question du tanking. Il a simplement bien choisi ses mots.

« Vous n’allez pas perdre des matchs pour augmenter de quelques points vos chances de repêcher premier. Couler volontairement reviendrait à remettre en question le professionnalisme de nos joueurs et de nos entraîneurs. »

Joueurs et entraîneurs. Voyez la subtilité ? Le commissaire de la LNH s’est bien gardé de nommer présidents et, ou directeurs généraux.

Énumérons quelques exemples. Bill Armstrong, DG des Coyotes de l’Arizona, a vidé son équipe de Oliver Ekman-Larsson, Conor Garland, Christian Dvorak, Darcy Kuemper et Antti Raanta depuis 2021.

Non seulement a-t-il fragilisé son équipe, mais il a amassé trois choix de première ronde au cours de l’exercice. Il fallait aussi un certain flair : aucun de ces joueurs n’a été meilleur ailleurs. Ils ont même régressé.

Armstrong a aussi entamé la saison avec les gardiens Karel Vejmelka et Connor Ingram. Les deux réunis n’avaient pas 60 matchs d’expérience dans la LNH.

Armstrong n’avise évidemment pas son entraîneur André Tourigny de prendre des décisions pour perdre ses matchs et ainsi obtenir de meilleures chances de remporter la loterie. Il lui offre néanmoins une formation de deuxième ordre, garnie de jeunes et de vétérans improductifs en lui souhaitant… bonne chance.

D’ici la date limite des échanges, le meilleur défenseur de l’équipe, Jakob Chychrun, 24 ans, 25 points en 34 matchs depuis son retour au jeu, devrait être le prochain à quitter, en retour de choix au repêchage et d’espoirs.

Les Coyotes ont surpris pendant un certain moment cet automne, mais le naturel est revenu au galop. Ils occupent désormais le 29e rang du classement général, un seul point devant Anaheim, quatre devant Chicago, qui a deux matchs de plus à disputer, et cinq points sur Columbus, dernier.

Les Blackhawks, on le mentionnait la semaine dernière dans ces pages, ont été encore moins subtils. Le directeur général Kyle Davidson a échangé deux joueurs de moins de 25 ans, Alex DeBrincat et Kirby Dach, et en a abandonné un troisième, Dylan Strome. Les trois sont en voie de dépasser la marque des 50 points cette saison.

Petr Mrazek, Arvid Söderblom, Alex Stalock, Dylan Wells et Jaxson Stauber se sont succédé devant le filet cette saison.

Outre Mrazek, à sa cinquième équipe depuis 2018, et qui a coûté aux Maple Leafs un choix de première ronde (contre un choix de second tour) pour s’en débarrasser, les quatre autres n’ont pas beaucoup d’expérience dans la LNH.

Stalock, 35 ans, est un auxiliaire de carrière. Il a passé la majorité de la saison précédente dans la Ligue américaine. Wells et Stauber n’avaient jamais disputé de match dans la LNH avant cette saison, Söderblom seulement trois…

Mais les joueurs et leur entraîneur Luke Richardson ont leur fierté. Quelle insulte pour un hockeyeur de perdre tous ses matchs dans l’espoir hypothétique d’accueillir un sauveur de… 17 ans.

Malgré leur talent limité au plan collectif, les joueurs des Hawks mettent tout en œuvre pour faire un pied de nez au patron. Ils ont d’ailleurs remporté six de leurs dix derniers matchs et le défenseur Seth Jones a laissé un indice plutôt clair de la lutte intestine au sein de l’organisation.

« Nous tentons de gagner chacun de nos matchs, a-t-il déclaré récemment aux journalistes. Nous contrôlons ce que nous pouvons contrôler et la direction, elle, contrôle ce qu’elle doit contrôler… »

Remis d’une blessure au pouce, Jones a fait sa large part récemment avec douze points à ses onze derniers matchs, pour doubler sa production cette saison.

Le Canadien a été plus subtil. On a évidemment tenté d’échanger les joueurs improductifs et surpayés, sans succès. On s’est tout de même départi de joueurs de 26 ans ou plus, Artturi Lehkonen et Tyler Toffoli, pour des choix et des espoirs même si pouvait retenir leurs services pour quelques saisons supplémentaires. Joel Edmundson et Josh Anderson pourraient être les prochains.

On a aussi confié le filet à Jake Allen et Samuel Montembeault en sachant qu’ils n’allaient pas être un duo dominant. Montembeault est en train de brouiller les cartes.

On a aussi offert un poste à quatre recrues en défense au lieu de combler le vide avec des vétérans d’expérience. Le pari s’avère payant. Et contrairement aux Hawks, on n’a pas touché au noyau.

Anaheim et Columbus, eux, ne voulaient pas couler. Ils ont attiré de gros joueurs sur le marché des joueurs autonomes. Vancouver a offert une énorme prolongation de contrat à J. T. Miller, bientôt 30 ans.

Ils font néanmoins partie des six pires clubs de la LNH à l’heure actuelle. Il ne faudra pas leur donner trop de mérite s’ils mettent la main sur Bedard et qu’on salue ensuite leur plan de reconstruction…

O’Reilly veut rester à St. Louis, mais…

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Ryan O’Reilly

Joueur autonome sans compensation à la fin de la saison, Ryan O’Reilly ne veut pas entendre les rumeurs d’échange et souhaite demeurer chez les Blues de St. Louis. Le DG Doug Armstrong doit déterminer si le jeu en vaut la chandelle. Les Blues seront exclus des séries. Ils se retrouvent à huit points de l’Avalanche et de la dernière place y donnant accès, avec deux matchs de moins à disputer.

O’Reilly, 32 ans dans une semaine, connait une saison difficile offensivement avec seulement 16 points en 37 matchs. Robert Thomas, 23 ans, est désormais le centre numéro un et Brayden Schenn, 31 ans, produit davantage qu’O’Reilly et demeure sous contrat jusqu’en 2028.

En raison de son efficacité en défense et de ses prouesses en séries éliminatoires en 2019, où on l’a récompensé avec le trophée du joueur par excellence, le Conn-Smythe, O’Reilly vaudra au moins un choix de première ronde, et sans doute plus. L’Avalanche du Colorado ne cracherait sans doute pas sur lui, même si le divorce fut acrimonieux à l’époque. Pendant ce temps, Kent Hughes doit espérer le retour au jeu de Sean Monahan le plus rapidement possible. Il n’était toujours pas à l’entraînement lundi matin…

À ne pas manquer

1- Une légende, Bobby Hull, vient de s’éteindre lundi matin à 84 ans. Hull, le père de Brett, a marqué 610 buts en carrière dans la LNH malgré sept saisons dans l’Association mondiale de hockey. Homme controversé, son après-carrière n’est pas aussi glorieuse malheureusement. La Presse résume.

2- Quelle belle histoire humaine que celle de Mathieu Brodeur, racontée par Guillaume Lefrançois. Brodeur vient de prendre sa retraite pour soutenir sa femme.

3- Les Eagles seront du Super Bowl, contre les Chiefs de Kansas City. L’analyse de Nicholas Richard.