Le DG des Blackhawks de Chicago, Kyle Davidson, résiste-t-il à la tentation de consulter le sommaire des matchs du Canadien ?

S’il l’a fait mardi soir, on se demande comment il a pu réagir en réalisant que Kirby Dach avait marqué deux autres buts, contre les Bruins, et joué presque 24 minutes, un sommet chez les attaquants des deux équipes… à seulement 22 ans (il a célébré son anniversaire le 21 janvier).

Avec 31 points en 48 matchs, sept points de plus en 22 rencontres de moins par rapport à sa saison précédente à Chicago, Dach est en voie de produire 53 points. Il peut même espérer atteindre la marque des 60 et plus s’il maintient un tel rythme, puisqu’il a obtenu huit points à ses neuf dernières parties.

Aussi, surtout, on le sent de plus en plus à l’aise au centre depuis son retour à sa position naturelle, à la suite de la blessure de Jake Evans. D’où son utilisation à outrance depuis quelques matchs.

Canadien et Blackhawks étaient pourtant au même stade de leur croissance l’été dernier : en phase de rajeunissement. Chicago a même obtenu 13 points de plus au classement.

Montréal et son directeur général Kent Hughes, de concert avec le VP aux opérations hockey, Jeff Gorton, ont opté pour une réinitialisation majeure. Davidson a choisi la déconstruction majeure.

Il faut de l’audace, ou de l’inconscience, pour échanger un centre droitier de 6 pieds 4 pouces et 215 livres, troisième choix au total trois années plus tôt, alors âgé de seulement 21 ans, pour un hypothétique choix de milieu de première ronde (et un choix de troisième tour).

Hypothétique dans le sens où la transaction entre le CH et les Hawks a été réalisée avant le début du repêchage de 2022 ; en conséquence Davidson ne savait pas encore quel joueur serait disponible au 13e rang.

Chicago a finalement opté pour Frank Nazar, du programme de développement américain, un centre de 5 pieds 10 pouces, 35 points en 24 matchs en USHL. Manque de pot, Nazar a vu sa saison entière tomber à l’eau avant même qu’elle ne commence en raison d’une grave blessure.

L’échange d’Alex DeBrincat aux Sénateurs d’Ottawa s’explique un peu mieux, malgré les 41 buts de celui-ci l’an dernier, puisque DeBrincat allait avoir 25 ans et aussi, surtout, a rapporté un 7e choix au total, et des choix de deuxième et troisième rondes.

Chicago a repêché le défenseur Kevin Korchinski avec ce choix. Korchinski a 37 points en 28 matchs à Seattle et a représenté le Canada au Championnat mondial junior à seulement 18 ans.

Mais en échangeant un centre de 21 ans, il faut soit ne plus croire en son potentiel, ou vouloir liquider le maximum d’actifs, peu importe leur âge, afin de couler volontairement ; quitte à allonger la durée de la reconstruction de plusieurs années.

Un pari périlleux, surtout pour une organisation déjà en manque d’espoirs à la suite de l’acquisition de Seth Jones en 2021 au coût du jeune défenseur Adam Boqvist, 8e choix au total en 2018, de choix de premier tour en 2021 et 2022 et d’un choix de deuxième ronde en 2021. Chicago a néanmoins reçu un choix de fin de première ronde en 2021 (32e au total) pour le 12e choix au total.

Mais la thèse du naufrage volontaire se confirme encore davantage avec le départ d’un autre jeune centre, Dylan Strome, l’été dernier. Davidson a choisi de ne pas offrir de contrat au jeune homme de 25 ans même si celui-ci était toujours lié à l’organisation et avait connu une saison de 48 points, dont 22 buts, en 69 matchs.

Strome s’est trouvé une niche à Washington, où il montre une fiche de 36 points en 49 matchs, en route vers une saison de 60 points, au centre du premier trio en compagnie d’un certain Alex Ovechkin…

Chicago se situe au troisième rang en prévision de la loterie du repêchage, derrière Columbus et Anaheim, avec 11 % de probabilité de remporter le premier lot. Le Canadien, avec son propre choix et celui des Panthers, a un taux de 9,5 %.

On souhaite aux Hawks, surtout à leurs fans, l’arrivée de Connor Bedard, avec l’exode de jeunes talents en 2022, les départs éventuels de leurs légendes Toews et Kane, et un hiver à endurer les Athanasiou, Domi, Raddysh et compagnie au sein des deux premiers trios et les gaffes de Jack Johnson en défense…

Des huées pour Rick Tocchet

PHOTO DARRYL DYCK, LA PRESSE CANADIENNE

Rick Tocchet derrière le banc des Canucks de Vancouver

Le nouvel entraîneur des Canucks de Vancouver, Rick Tocchet, n’a pas reçu l’accueil espéré mardi soir, par des fans encore aigris par le traitement réservé par l’organisation à son prédécesseur, Bruce Boudreau. Tocchet a été hué par la foule du Rogers Arena et un partisan a même lancé son chandail des Canucks par dépit sur la glace, pendant le déroulement du jeu !

Les Canucks ont néanmoins remporté une victoire nette de 5-2. Les patrons des Canucks avaient eu la bonne idée de congédier Boudreau et de le remplacer par Tocchet à la veille d’un match contre les pauvres Blackhawks de Chicago, la pire équipe défensive après les Ducks d’Anaheim.

Mais le pire est sans doute à venir, avec le départ probable du capitaine Bo Horvat et des adversaires plus coriaces, dont le Kraken de Seattle mercredi soir. Plusieurs fans se demandent pourquoi on a remplacé Boudreau par un entraîneur dont la fiche en carrière est de 178-200-60, a été exclu des séries cinq fois en six saisons et déclaré coupable en 2007 d’avoir dirigé un réseau de pari illégal. Tocchet était alors entraîneur adjoint chez les Coyotes de l’Arizona.

Avant sa première conférence de presse cette semaine, Tocchet a aussi pris soin d’effacer toutes traces sur Twitter de ses préférences dans le domaine politique, dont son appui à Donald Trump, de son « j’aime » à la suggestion que la chanteuse Miley Cyrus passe au monde porno et quelques autres « j’aime » aussi peu gracieux que celui-là…

À ne pas manquer

1- Belle défaite morale du Canadien, mardi contre Boston. L’analyse de Guillaume Lefrançois.

2- L’entraîneur Vincent Lavandier ne sera pas de retour chez l’Alliance de Montréal de la Ligue d’élite canadienne de basketball. Les détails de Justin Vézina.

3- Gary Bettman affirme que l’enquête sur les allégations de viol collectif pesant sur les membres de l’équipe canadienne junior de 2018 tire à sa fin. Il y a des sceptiques, et ce texte de Simon-Olivier Lorange.