(Salt Lake City, Utah) Vendredi après-midi, une heure avant le point de presse de Gary Bettman officialisant l’arrivée de la LNH en Utah, on arpente les rues du centre-ville, question de tenter de cerner l’esprit de la place.

Nous voici devant Temple Square, là où, imaginez-vous donc, on retrouve un temple. C’est en fait le carrefour de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.

Devant le Tabernacle, trois jeunes dames profitent du beau temps, et orientent les visiteurs au besoin. L’une porte un drapeau ukrainien sur le devant de son épaule ; une autre, celui des Samoa. Celui de la troisième est caché, mais elle le dévoile dès qu’on mentionne venir de Montréal ; c’est un fleurdelisé.

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Temple Square, à Salt Lake City

La jeune adulte québécoise passe aussitôt au français, nous expliquant qu’elle est au cœur de sa mission, un rite de passage chez les mormons. Les femmes célibataires de 19 ans ou plus font des missions de 18 mois ; celles des hommes célibataires de 18 à 26 ans durent 24 mois. La jeune dame devant nous fait donc la sienne ici, à Salt Lake City.

On s’identifie alors comme journaliste. Elle s’excuse de refuser l’entrevue ; l’autorisation d’un supérieur aurait été nécessaire.

« Je suis désolé, je ne voulais pas être intrusif.

– C’est correct, nous sommes pas mal plus intrusifs que vous ! »

Elle nous laisse néanmoins sur des indications, afin de pouvoir rentrer dans le Tabernacle, impressionnant édifice s’il en est. « La porte 15 sera ouverte », dit-elle.

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L’intérieur du Tabernacle de Salt Lake City

Religion ou pas, la grandeur des lieux qui nous attend, une fois la porte 15 franchie, est saisissante.

Pas de chance pour le temple, par contre ; il fait l’objet de rénovations à grande échelle.

La ville est littéralement articulée autour du temple. Les rues forment un quadrillage presque parfait et sont numérotées en fonction de Temple Square.

Depuis ce carré, c’est la rue 100, puis 200, 300, et ainsi de suite, avec un point cardinal pour préciser de quel côté nous sommes. Notre hôtel était sur 400 South, soit quatre rues au sud du temple.

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Espace vert près du parc City Creek Canyon

Comme dans bien des sociétés, la coexistence des religions ne se fait pas sans heurts. Brian, un technicien qui travaillait au point de presse de Bettman, n’a pas particulièrement apprécié la blague de la mairesse au sujet de la « conversion » des gens en amateurs de hockey.

Lisez l’article « Déménagement des Coyotes à Salt Lake City : première impression réussie »

« Ça contribue aux stéréotypes, déplore cet homme bien campé à gauche, natif du Colorado voisin. Quand tu vis ici, que tu sois mormon ou pas, tu te fais toujours demander : combien d’enfants as-tu ? As-tu six femmes ? »

Marche en nature

Salt Lake City, c’est toutefois plus qu’une ville axée autour d’une église.

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Le parc City Creek Canyon à Salt Lake City

Avec deux heures à écouler avant de filer vers l’aéroport samedi matin, le parc City Creek Canyon constitue une belle option. On y découvre un secteur pas mal plus invitant que les trop larges boulevards du centre-ville. Les maisons unifamiliales se succèdent, les chats flânent dans le gazon, tout le monde ou presque se promène avec pitou.

C’est aussi ici que se terrent les 37 % d’électeurs de l’État qui ont voté pour Joe Biden en 2020. C’est du moins ce qu’on devine en constatant la présence de quelques drapeaux « Black Lives Matter », mais aussi une affiche « Make America Kind Again ». Par ici, en tout cas, les gens semblent bien gentils.

Sans être la métropole la plus olé olé, on retrouve à Salt Lake bon nombre de microbrasseries, comme partout ailleurs dans d’anciens locaux industriels.

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Une affiche « Make America Kind Again » sur la devanture d’une maison

Les mormons doivent s’abstenir de consommer de l’alcool, mais ils forment 42 % de la population de l’Utah, selon un récent article du Salt Lake Tribune. Ça laisse donc 58 % de la population – et les touristes – pour essayer, par exemple, l’excellente kölsch de Bewilder Brewing.

On réserve toutefois notre jugement définitif ; le vrai plaisir, nous dit-on, est à Park City, l’équivalent de Tremblant par ici, à une trentaine de minutes de route. Ce sera pour une autre fois.