D’un côté, un gardien de 29 ans qui prenait part à son 23match éliminatoire en carrière. De l’autre, un jeune cerbère de 23 ans qui n’en était qu’à son 12départ dans la Ligue nationale.

Juuse Saros et Arturs Silovs ont offert un duel de gardiens haletant, vendredi, à Nashville. Les deux hommes ont été le roc de leur équipe respective, mais la jeunesse a ultimement eu le dessus, de peu, sur l’expérience : la recrue Silovs a été parfaite et a permis aux Canucks de Vancouver de l’emporter par la marque de 1-0 pour éliminer les Predators en six matchs.

Silovs, qui avait la lourde tâche de défendre le filet des Canucks pour le troisième match de suite, a bloqué la totalité des 28 rondelles qui se sont rendues jusqu’à lui.

Le jeune Letton, faut-il rappeler, est un choix de 6tour des Canucks en 2019. Si son nom vous dit quelque chose, c’est qu’il a disputé 10 matchs avec les Lions de Trois-Rivières, dans l’ECHL, en 2022. Vous avez bien lu.

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Arturs Silovs arrête le tir d’Anthony Beauvillier (21).

Deux ans plus tard, il mène la troupe de Rick Tocchet jusqu’au deuxième tour des séries éliminatoires de la Coupe Stanley…

Ce qu’il accomplit actuellement est d’autant plus impressionnant qu’il n’aurait normalement disputé aucun match, n’eût été la blessure subie par Thatcher Demko au début de la série, puisqu’il était le troisième gardien de l’équipe. C’est Casey DeSmith qui a d’abord remplacé Demko le temps de deux matchs, jusqu’à ce qu’il se blesse à son tour. Silovs a été rappelé en renfort au match no 4, puis Tocchet l’a préféré à DeSmith pour les deux rencontres suivantes.

Certains doutaient de la décision de l’entraîneur, vendredi matin, mais Silovs a confondu les sceptiques. Le voilà qui se magasine un nouveau contrat certainement plus lucratif que son actuelle entente, qui s’achève.

Lent départ

Rien n’indiquait, en première période, que les gardiens seraient les héros de ce match.

Dans les 18 premières minutes, seulement deux tirs des Canucks se sont rendus jusqu’à Saros. Les joueurs des Predators ont bloqué 13 rondelles dans cette seule première période, ne laissant que très peu d’espace aux visiteurs pour manœuvrer offensivement.

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Gustav Nyquist (14) devant Nikita Zadorov (91), des Canucks

De l’autre côté de la patinoire, les Predators n’étaient pas beaucoup plus convaincants offensivement, quoique plus agressifs. Le jeune Silovs, toujours aussi calme devant son filet, s’est rapidement signalé, notamment en sortant le bâton pour harponner un Gustav Nyquist qui s’amenait pratiquement seul devant lui.

Si le deuxième engagement a été plus agité, c’est au troisième tiers qu’on a enfin eu droit à du vrai hockey de séries éliminatoires. Comme si les deux formations attendaient de manquer de temps avant de se réveiller.

« Nous jouons du bon hockey, mais nous n’avons pas encore joué notre meilleur hockey », disait Rick Tocchet aux médias sur place à Nashville, vendredi matin.

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Le gardien Juuse Saros saisit un tir du défenseur Quinn Hughes (43).

Si les Canucks n’ont pas joué leur meilleur hockey en troisième période, ils ont offert quelque chose qui s’en approche. Encore et encore, ils se sont butés à Saros. Rien n’y faisait, jusqu’à ce qu’il ne reste que 1 min 39 s à écouler au cadran.

Grâce à son travail le long de la bande, Elias Pettersson a remis la rondelle derrière le but à Brock Boeser, qui l’a envoyée vers Pius Suter devant le but. Saros, laissé à lui-même, n’y pouvait rien.

Le gardien des Predators aura tout de même réalisé 28 arrêts dans la rencontre, autant que son opposant.

Un duel tout canadien

Les Canucks auront donc rendez-vous avec Connor McDavid et les Oilers d’Edmonton, qu’ils ont vaincus quatre fois en quatre affrontements cette saison, au deuxième tour. On aura donc droit à un duel tout canadien.

Espérons que les hommes de Rick Tocchet ont retenu certaines leçons de ce premier tour. Notamment, l’importance de trouver une façon de tirer au filet. Avant le match de vendredi, ils n’avaient tiré que 92 fois ; c’est le deuxième plus bas total de tirs dans les cinq premiers matchs d’une série depuis 1960…

Pour la suite de la danse printanière, ils auront grandement besoin de leurs meilleurs éléments offensifs. Ici, on pense notamment à Elias Pettersson.

L’attaquant de 25 ans a inscrit 34 buts et 89 points cette saison, mais n’a pas été l’ombre de lui-même contre les Predators. Vendredi encore, avant qu’il ne contribue au but gagnant, on l’a peu vu ; il manque manifestement de confiance actuellement.

Là où les Canucks n’ont visiblement pas à s’inquiéter, c’est devant le filet. Même si, on en convient, un retour de Thatcher Demko ne ferait pas de tort.