(Baie-Comeau) Le Centre Henry-Leonard est réputé pour son niveau de bruit et on comprend vite pourquoi en observant les plus ingénieux des partisans se pointer à l’aréna.

Ça commence par les subtils Jean-François et Marc, avec leurs subtils extincteurs convertis en subtiles machines à bruit. Machines qu’ils ont déjà mesurées à 120 dB, soit l’équivalent d’une sirène d’ambulance.

Ils l’utilisent seulement « quand les gars embarquent sur la glace et quand il y a des buts », précisent-ils. Jeudi, ils étaient toutefois tentés de le faire un peu plus souvent. En début de série, Louis Robitaille, entraîneur-chef des Eagles du Cap-Breton, avait dénoncé publiquement les différents dispositifs utilisés par les partisans, au nom de la sécurité des joueurs et des officiels.

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Jean-François et Marc avec leurs machines à bruit.

Une explication rejetée par nos deux amis. « Il a demandé un temps d’arrêt et la foule l’enterrait, c’est pour ça ! Il devrait faire comme J.-F. [Grégoire, entraîneur-chef du Drakkar], il parle et fait des signes en même temps ! »

Avec cette sortie, Robitaille est devenu la tête de Turc des partisans du Drakkar. Quelques heures après le match, le bus des Eagles se gare devant l’hôtel, où l’équipe allait passer la nuit avant de rentrer en Nouvelle-Écosse le lendemain. La Presse était alors attablée à la microbrasserie St-Pancrace, voisine de l’hôtel, question de vous informer, cher public. Au fait, la sauce à poutine est fabuleuse.

L’arrivée du bus a généré des « Ti-Louiiiiiis ! » bien sentis des clients de la microbrasserie, qui souhaitaient troller le coach adverse. Dur public, d’autant que Robitaille est un des entraîneurs les plus faciles d’approche. Mais bon, ça joue dur en séries.

Jean-François et Marc ne sont pas les seuls partisans à faire preuve de créativité. Les klaxons pour bateaux sont à la mode par ici.

Le bon Tommy, barman chez St-Pancrace, nous avait d’ailleurs indiqué que le Canadian Tire avait installé un énorme masque de gardien du Drakkar dans la rangée où sont vendus lesdits klaxons. On refuse de croire à un hasard.

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Claude Mineau et sa klaxeuse

Les plus ingénieux ne se contentent toutefois pas d’un simple klaxon. Certains ont carrément cloné une espèce, soit des klaxons collés à une perceuse. Appelons ça une klaxeuse.

Assis en première rangée, derrière un des deux buts, Claude Mineau exhibe fièrement la sienne. Coût d’assemblage : « environ 150 piastres », calcule-t-il.

Ça promet pour la finale.

L’autre article que l’on remarque assez vite, ce sont les perruques orangées, en l’honneur du très rouquin Justin Poirier.

Poirier est devenu une tête d’affiche du Drakkar cette saison en inscrivant 51 buts en 68 matchs. En séries, il marque à un rythme démentiel : 17 buts en 13 matchs, dont le but égalisateur jeudi.

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François et sa perruque rousse, un hommage au prolifique marqueur Justin Poirier

Poirier est admissible au repêchage de juin prochain. Ses talents de marqueur devraient en faire un choix de premier tour, mais les recruteurs sont réticents à son sujet, notamment en raison de sa taille (5 pi 7 po) et d’une perception selon laquelle il est unidimensionnel.

On se transporte au Tim Hortons, trois heures avant le match, là où on est vite démasqué par les habitués du coin. « On se demandait qui vous étiez ! », admet une dame.

C’est une demi-douzaine de personnes bien accueillantes qui nous invitent à nous asseoir avec eux pour prendre le thé. Il sera bien sûr question du Drakkar. La dame susmentionnée suit elle aussi l’équipe de près. « Poirier, il est petit, mais il en a dedans ! », lance-t-elle. Elle se promettait de regarder le match à la télévision.

Gaëtan, lui, avait son billet pour le match. « Passez nous voir dans la section 8, les gens sont super fins », précise-t-il. C’est finalement lui qui est monté dans la section des médias nous serrer la pince au deuxième entracte. Un chic type, ce Gaëtan.

Baie-Comeau, c’est le hockey, mais aussi la pêche. Nos nouveaux amis nous vantent les nombreux lacs de la région, et s’attardent particulièrement sur le camp de pêche Perini.

« Savais-tu que John F. Kennedy et Marilyn ont été passer une semaine là ? Ça a l’air que leurs initiales sont écrites quelque part, nous raconte l’un d’eux. Le fondateur de Baie-Comeau [Robert McCormick] avait le Chicago Tribune, il le faisait imprimer ici. Il connaissait tous les big shots aux États-Unis ! »

Son voisin renchérit. « J’ai déjà dormi dans le même lit que Marilyn, je les ai vues, les initiales ! »

Lisez « Drakkar de Baie-Comeau : Le petit marché qui voit grand »