Un match numéro 7 entre deux rivaux naturels, deux équipes originales qui plus est, ne pouvait se conclure autrement que par un but en prolongation. Samedi soir, comme ç’a souvent été le cas dans la dernière décennie, les Bruins de Boston ont eu l’avantage sur les Maple Leafs de Toronto.

Trente et un tirs au but de chaque côté, 43 tirs bloqués au cumulatif, un total de 109 mises en échec et une égalité de 1-1 au bout de 60 minutes. Le duel ultime entre les Bruins et les Leafs a été à la hauteur des espérances. Furieux, intense et imprévisible.

Puis, moins de deux minutes après le début de la prolongation, le sort des deux équipes était scellé.

À peine passé de l’autre côté de la ligne centrale, Hampus Lindholm a poussé le disque dans le fond de la zone des Leafs dans le but de le faire rebondir sur la bande pour remettre à un coéquipier. Un peu à la manière de Nicklas Lidström et des jumeaux Sedin. Visiblement, un stratagème bien suédois.

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David Pastrnak marque le but de la victoire.

David Pastrnak, déguisé en homme invisible depuis le début des séries, passait par-là et a saisi la rondelle pour battre le gardien Ilya Samsonov d’une feinte du revers.

Critiqué par son entraîneur il y a quelques jours, le marqueur de 47 buts en saison régulière a mis le point d’exclamation à une soirée déjà forte en émotions.

Attaquant le plus utilisé de la soirée par Jim Montgomery, Pastrnak a permis à son équipe de rejoindre les Panthers de la Floride en deuxième ronde, mais surtout de mettre fin à la saison des Torontois, qui, une fois de plus, flanchent en première ronde.

Une remontée inachevée

Les Maple Leafs se sont battus dignement. Désavantagée par l’absence temporaire de plusieurs joueurs d’impact au cours de la série, comme William Nylander et Auston Matthews, l’équipe s’est bien ressaisie malgré un déficit de 1-3 dans la série.

Dans ses quatre matchs disputés, Nylander a été fumant. Il a inscrit le seul but des siens, en milieu de troisième période, sur une passe de Matthews, justement, à la suite d’un revirement de Brandon Carlo dans la zone des Bruins.

Les trois derniers buts des Leafs appartiennent à Nylander, auteur de deux réussites lors du sixième match.

Difficile de critiquer ceux qui deviendront les deux plus hauts salariés de l’équipe la saison prochaine. Or, le troisième mousquetaire, Mitch Marner, devra certainement essuyer les critiques des médias torontois dans les jours à venir. L’ailier a marqué seulement un but en sept rencontres, et même s’il a été le deuxième attaquant le plus utilisé des Leafs, il n’a décoché qu’un seul tir au but dans ce match étiré.

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Jake DeBrusk (74) tente un tir.

Son équipe rate donc une belle chance de faire taire les critiques et de mettre fin à une vilaine séquence. La dernière fois que l’équipe a gagné un match numéro 7, Ed Belfour agissait comme gardien des Leafs, en 2004. Depuis 20 ans, ils ont survécu au premier tour une seule fois, et c’était en 2023.

Sinon, l’organisation accumule les échecs depuis.

Une bataille de cerbères

L’allure de cette rencontre aurait été bien différente, n’eût été la tenue des deux gardiens d’office.

Du côté des Leafs, Samsonov est arrivé en renfort à Joseph Woll à la dernière minute, puisque le gardien partant s’est blessé lors de l’entraînement matinal. Il n’était même pas en uniforme pour la rencontre.

Samsonov avait été décevant lors des premiers duels de cette série avec un taux d’efficacité de 0,833 à sa première apparition et de 0,824 à sa dernière.

Or, il n’a rien à se reprocher dans la défaite des siens. Il s’est illustré lorsque les Bruins menaçaient et même si Woll retrouvera sans doute son filet pour le premier match de la prochaine saison, Samsonov a mieux paru que ce à quoi bien des partisans torontois s’attendaient.

De l’autre côté, Jeremy Swayman a été la véritable vedette des Bruins. Auteur de 30 arrêts, il a été intraitable. Avant le but égalisateur de Lindholm en troisième période, il a effectué un arrêt spectaculaire pour entreprendre la relance des siens. Il s’est aussi signalé à deux occasions sur des échappées des joueurs des Leafs.

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Jeremy Swayman a arrêté 30 tirs.

Montgomery avait bon espoir avant le début de cette série de pouvoir poursuivre son travail d’alternance entre Swayman et Linus Ullmark, ce qu’il a tenté au deuxième match.

Mais Swayman peut maintenant dormir sur ses deux oreilles : à moins d’un revirement de situation majeur, il sera l’homme de confiance jusqu’à ce que la saison des Bruins prenne fin.

D’ici là, certains de ses coéquipiers devront se ressaisir s’ils souhaitent passer à travers les Panthers, au repos depuis plusieurs jours. L’an dernier, les Floridiens avaient fait la peau aux Oursons en sept matchs.

Pour prendre sa revanche, Boston ne pourra pas compter éternellement sur des miracles de Swayman et sur la touche ponctuelle de son meilleur marqueur.

Brad Marchand, Pavel Zacha et Charlie Coyle, invisibles dans les trois derniers matchs, devront en donner davantage. Même chose pour la brigade défensive, approximative dans les moments de tension. De l’autre côté, Matthew Tkachuk et compagnie se feront un malin plaisir d’ébranler les Bruins, déjà fragiles, pour les éliminer deux années de suite.