En refusant une prolongation de contrat, Bo Horvat a peut-être rendu service aux Canucks.

Avec le même noyau depuis cinq ans, Vancouver ratera les séries pour la septième fois en huit ans, malgré l’extraordinaire saison de son capitaine Horvat, 54 points, dont 31 buts, en 49 matchs.

Horvat, 27 ans, allait devenir joueur autonome sans compensation à la fin de la saison. Au lieu de le perdre sans rien obtenir en retour en juillet, les Canucks l’ont échangé aux Islanders de New York lundi pour Anthony Beauvillier, l’espoir de 20 ans Aatu Räty, 15 points en 27 matchs dans la Ligue américaine cette saison, et un choix de première ronde en 2023, situé entre le 12e et le 20rang selon la position finale des Islanders au classement.

Cette décision servira bien les Canucks à long terme si le DG Patrik Allvin et son président Jim Rutherford ont un plan défini en tête.

Voyons si ce duo de gestionnaires, sur lequel pèse l’ombre d’un propriétaire omnipotent, aura le courage de poursuivre la vague de rajeunissement.

Les Canucks n’ont pas à faire table rase comme les Blackhawks ou les Coyotes. Ils possèdent déjà deux extraordinaires jeunes joueurs de 24 ans ou moins, Elias Pettersson et Quinn Hughes, autour desquels bâtir.

Vancouver ajoute un choix de première ronde à leur propre choix, sans doute un top 6. Brock Boeser, 25 ans, productif offensivement, mais fainéant en défense, pourrait être le prochain à quitter.

Par contre, les autres seront difficiles à échanger. Regrette-t-on déjà d’avoir fait signer un contrat de sept ans pour 56 millions à J.T. Miller, 29 ans, sachant aujourd’hui le contexte de l’équipe ? Miller produit encore, comme en font foi ses 44 points en 49 matchs, mais son rendement est à la baisse et il entamera la première de sept saisons à un salaire annuel de 8 millions à compter de 30 ans.

Il sera presque impossible à échanger et on voudra sans doute articuler une stratégie de façon à profiter au maximum de son apport ces prochaines années. Terrible piège.

Sinon, Allvin et Rutherford sont coincés avec Conor Garland, Oliver Ekman-Larsson et leurs monstrueux contrats en vigueur jusqu’en 2026 et 2027 respectivement.

Le propriétaire Francesco Aquilini n’autorisera sans doute pas une phase de rajeunissement plus agressive de toute façon. N’a-t-il pas chassé il y a quatre ans un président, Trevor Linden, qui souhaitait le faire ?

Déjà, Vancouver aurait sondé les Bruins à propos de leur défenseur à caractère défensif Brandon Carlo, 26 ans. Un indice plutôt fort de leur volonté de ne pas tenter un redressement trop agressif. À moins que ce ne soit en retour de Boeser, sensiblement du même âge.

Si Rutherford et Allvin sont un peu coincés sur le plan de la réinitialisation, il s’agira tout de même d’éviter les raccourcis pour le succès rapide comme leurs prédécesseurs l’ont fait.

Räty, un centre de 6 pieds 2 et 190 livres repêché en milieu de deuxième tour en 2021, constituerait la pièce maîtresse de la transaction, affirme Allvin. À seulement 19 ans, il a amassé 40 points en 41 matchs en première division finlandaise, une production plutôt hallucinante. Il a eu l’occasion de disputer 12 matchs avec les Islanders cet hiver, sans doute pour le mettre en vitrine. Il a marqué deux buts.

« Pour un jeune joueur, de faire la transition depuis l’Europe et de jouer aussi bien avec les Islanders est impressionnant, a déclaré Allvin aux journalistes lundi. À nous de le développer en joueur à temps plein dans la LNH. »

Les Canucks ont-ils l’entraîneur pour le faire ? Fraîchement embauché, Rick Tocchet a la réputation d’un coach ultra-défensif, davantage intéressé à sauver les meubles qu’à laisser ses jeunes s’épanouir. Modifiera-t-il son approche par rapport à ses années en Arizona ?

En Beauvillier, Vancouver met la main sur un attaquant de milieu de formation, 26 ans en juin, toujours à la recherche d’une première saison de 40 points en sept ans de carrière dans la LNH. Il deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la saison 2023-2024.

Les Canucks ne semblent pas sortis du bois pour l’instant…

Un risque pour Lamoriello

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Lou Lamoriello

Du côté des Islanders, le DG Lou Lamoriello prend un certain risque. Il n’a toujours pas de prolongation de contrat signée avec Horvat et son club risque de rater les séries. Les Islanders se retrouvent à deux points des Penguins de Pittsburgh et de la dernière place donnant accès aux séries éliminatoires, mais ils ont trois matchs de moins à disputer. Les Islanders doivent aussi devancer les Sabres de Buffalo, qui ont trois matchs en main sur leurs rivaux, comme Pittsburgh.

Mais la stratégie de ce DG d’expérience comporte une certaine logique s’il parvient à s’entendre avec son nouveau centre de 27 ans. Les piliers de l’équipe Brock Nelson, Mathew Barzal, Anders Lee, Jean-Gabriel Pageau, Ryan Pulock, Adam Pelech et Scott Mayfield ont tous entre 25 et 31 ans.

Noah Dobson et Alexander Romanov, déjà des membres essentiels de la défense, surtout Dobson avec ses 27 points, ont tous deux 23 ans. Le nouveau gardien numéro un, Ilya Sorokin, fumant cette saison, a 27 ans.

Ce club, avec sensiblement le même noyau, a atteint le carré d’as deux années de suite, en 2020 et 2022. Le créneau favorable de succès des Islanders est donc encore ouvert pour plusieurs années et on y greffe un attaquant de premier plan de 27 ans. Lou doit maintenant s’assurer de conserver ses services.

Nick Suzuki : pas de panique !

PHOTO THOMAS SALUS, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki

La mémoire est une faculté qui oublie. Nick Suzuki a obtenu seulement un point à ses six derniers matchs et on remet en question son statut. Certains osent même affirmer qu’il pourrait être relégué au poste de troisième centre l’an prochain, derrière Kirby Dach et le centre qu’on repêchera parmi le top 6. Quel manque de respect !

Il ne faut pas s’étonner d’une telle baisse de régime au milieu de l’hiver. On en a demandé beaucoup au jeune homme de 23 ans. Il vient au septième rang de la LNH au chapitre du temps d’utilisation moyen, à 21 : 21. Seuls Mikko Rantanen, Connor McDavid, Nathan MacKinnon, Leon Draisaitl, Aleksander Barkov et, surprise, Artturi Lehkonen, sont utilisés davantage.

Le Canadien a constitué un club d’un seul trio pendant une bonne portion de la saison. Suzuki était confronté continuellement aux meilleurs joueurs adverses avec la pression constante de produire puisque personne d’autre que Caufield et lui ne le faisaient. Ils ont d’ailleurs toujours 42 des 126 buts du CH cette saison malgré la mise au rancart de Caufield et le passage à vide de Suzuki, soit le tiers de la production totale de l’équipe.

Suzuki a sans doute aussi des pépins de santé. Il a raté quelques entraînements récemment pour subir des traitements. Malgré tout, il a amassé 38 points, dont 16 buts en 50 matchs. Mais ne vous attendez pas à une explosion offensive avec Rem Pitlick, encore membre du Rocket de Laval récemment, et Josh Anderson, un ailier de 30, 40 points par saison.

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