(Tokyo) Hockey, baseball, softball, basketball, volleyball de plage. Peu importe le sport, les confrontations entre le Canada et les États-Unis sont toujours attendues et séduisantes.

Nous serons gâtés dans les prochaines heures, avec deux rencontres entre les deux nations. Ça va commencer avec un affrontement entre les joueuses de soccer en demi-finale, lundi à 4 h (heure de l’Est). Les Canadiennes sont impatientes de pouvoir venger leur défaite controversée de 4-3 en demi-finale des Jeux de Londres, en 2012, après un tour du chapeau de Christine Sinclair.

Puis, dans la nuit de lundi à mardi, ce sera au tour de nos poloïstes de faire face aux Américaines. Sauf que cette fois, le niveau de confiance des Canadiennes est un peu, pas mal, beaucoup moins grand. Pour une bonne raison. Depuis 10 ans, les Américaines forment l’équipe nationale la plus dominante au monde.

Pas juste chez les femmes.

Pas juste au water-polo.

Dans tous les sports et tous les genres confondus.

J’exagère ? Tut, tut, tut. Considérez ceci :

  • les Américaines ont remporté l’or aux deux derniers Jeux olympiques ;
  • elles ont gagné les trois dernières Coupes du monde ;
  • les trois derniers Championnats du monde ;
  • les cinq derniers Jeux panaméricains ;
  • les sept dernières saisons de la Ligue mondiale.

Entre 2013 et le début des Jeux de Tokyo, elles ont gagné TOUS les tournois majeurs auxquels elles ont pris part. Voilà pourquoi les Canadiennes cherchaient à les éviter en quarts de finale. Pour cela, nos représentantes devaient vaincre les Néerlandaises dimanche. Elles ont attaqué. Avec succès. Mais elles se sont mal défendues. Elles ont perdu 16-12. Après la rencontre, ce n’était pas la joie dans le camp canadien.

« On voulait gagner ce match pour avoir un meilleur affrontement en quarts », m’a confié Élyse Lemay-Lavoie, déçue. Son entraîneur-chef, David Paradelo, était encore plus direct. « C’est sûr qu’on voulait éviter les Américaines. Ce sont les championnes en titre ! »

Pendant que les Canadiennes peinaient contre les meilleures équipes de leur groupe, la semaine dernière, les Américaines massacraient leurs rivales : 25-4 contre les Japonaises, 18-5 contre les Russes (une puissance) et 12-7 contre les Chinoises. Or, mercredi dernier, il s’est produit un petit miracle au centre de water-polo de Tatsumi : les Hongroises leur ont infligé leur premier revers aux JO depuis 2008. Un résultat surprenant, qui permet aux Canadiennes de rêver un peu.

« C’est donc possible », laisse tomber Joelle Bekhazi.

J’ai vraiment confiance en notre équipe. Nous serons capables de tout donner. De tout laisser dans l’eau.

Joelle Bekhazi

Les Canadiennes connaissent très bien les Américaines, pour les avoir affrontées sept fois en mai lors d’un camp d’entraînement en Californie. Leurs rivales ont évidemment remporté toutes les parties officielles. « On leur a quand même fourni une bonne opposition, indique Élyse Lemay-Lavoie. Mais on sait que le prochain match sera notre plus difficile. Elles sont vraiment très fortes. »

Quel est le niveau de rivalité entre les deux pays ? Atteint-elle le même niveau d’intensité qu’au soccer féminin ou au hockey ?

Oui. Sauf que…

« Sauf que dans le passé, dans les années 2000 par exemple, on était pas mal plus proches d’elles », explique David Paradelo. « C’est sûr que les dernières fois, elles étaient vraiment supérieures à nous autres. Mais ç'a toujours été et ça reste une grosse rivalité. »

« Pour moi, depuis 2005, ce sont nos plus grandes rivales, confirme Joelle Bekhazi. J’ai joué avec des filles qui sont dans leur équipe présentement. Je les connais bien. Chaque fois qu’on les affronte en tournoi, il y a de la fierté. On veut toujours leur montrer qu’on est les plus fortes. »

Et quelles seront les clés pour l’équipe canadienne ?

« La force [des Américaines], c’est leur qualité et leur rapidité d’exécution, analyse David Paradelo. On devra être aussi rapides qu’elles. Il faudra aussi être meilleures défensivement. On a prouvé qu’on peut marquer des buts. Mais [contre les Néerlandaises], on a eu beaucoup de pannes [breakdown]. On a eu des problèmes de communication. On est meilleures que ça d’habitude en défense. »

Immense défi, donc.

Mais comme disent les Japonais : le malheur peut être un pont vers le bonheur.