L’auteur revient sur la tragédie du quartier Itaewon de Séoul, où il a habité quatre ans.

Lorsque j’habitais Séoul, il y a 20 ans, ma première Halloween s’est passée dans le quartier Itaewon, exactement à l’endroit où s’est déroulée la tragique bousculade qui a causé au moins 150 morts samedi soir.

Un des quartiers les plus vibrants de Séoul, Itaewon demeure l’endroit le plus fréquenté par les ressortissants étrangers de la ville, un lieu qui compte un mélange de restaurants européens, des cafés turcs ainsi que des bars avec propriétaires canadiens qui vendent de la poutine.

Itaewon était également à l’époque (et demeure aujourd’hui) un refuge pour les exclus de la société conservatrice coréenne comme la communauté LGBTQ+, les non-binaires et les vagabonds. Devenu aujourd’hui très populaire et très chic, le quartier compte plusieurs illustres résidants du vedettariat coréen comme des membres du supergroupe BTS de la K-Pop.

Il y a 20 ans, c’était un endroit beaucoup plus tranquille et le seul endroit à Séoul où l’on pouvait voir des gens passer dans la rue costumés le soir d’Halloween.

Avec les années, cependant, la ville de Séoul est devenue de plus en plus cosmopolite et les célébrations internationales comme Noël et l’Halloween qui attiraient quelques centaines de personnes dans le quartier d’Itaewon il y a 20 ans sont devenues d’énormes évènements qui comptent aujourd’hui des centaines de milliers de fêtards.

Un scène d’horreur

Vers 22 h 30 samedi, des milliers de jeunes fêtards se sont rués dans une petite rue du quartier croyant avoir vu une célébrité. S’en est suivie une bousculade mortelle qui a littéralement étouffé plus de 150 jeunes jusqu’à leur mort. En entendant des cris de panique, un de mes amis qui habite le quartier est sorti de sa résidence pour venir en aide aux victimes comme premier intervenant bénévole. Il m’a confié qu’il avait vu mourir trois jeunes pendant qu’il leur prodiguait les premiers soins.

Pire encore, la scène était tellement chaotique et surréelle que plusieurs fêtards ont choisi de continuer de faire la fête au mépris des scènes d’horreur qui se déroulaient autour d’eux. Malgré les dépouilles qui gisaient au sol et des gens sans connaissance dans les rues, plusieurs ont choisi de continuer à fréquenter les établissements du quartier.

À 6 h du matin, de nombreux bars à quelques pas de la tragédie étaient encore bondés de clients.

Le quartier Itaewon a toujours été un refuge pour les personnes marginalisées de la société coréenne conservatrice. Bohémiens, militaires, Occidentaux et Africains — tous se sentaient à l’aise et en sûreté dans ce quartier dynamique. Le fait que cette horreur soit arrivée ici est doublement tragique à cause de son rôle de sanctuaire.

Il y a 20 ans, Séoul était une des villes les plus sécuritaires au monde. Avec un peuple chaleureux et accueillant et un taux de criminalité très faible, on pouvait déambuler dans les rues de la ville à n’importe quelle heure en toute sécurité. Lors de la Coupe du monde de 2002 en Corée, je me suis joint aux énormes foules qui célébraient dans la rue et je ne craignais jamais pour ma sécurité.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion