Cet été, en tant que présidente-directrice générale de la Fondation cancer du sein du Québec (FCSQ), je suis allée à la rencontre de personnes touchées par le cancer du sein et des organismes qui œuvrent pour celles-ci afin d’écouter leurs histoires et voir comment la FCSQ pouvait les soutenir, concrètement.

Ce n’est pas par hasard que je fais part de mes constats aujourd’hui, le mois d’octobre étant le mois de la sensibilisation au cancer du sein. Et quel bon moment pour énoncer haut et fort mes souhaits à la suite des élections provinciales.

Après cette tournée régionale, le constat est clair : le manque d’accessibilité aux soins et services pour les femmes touchées par le cancer du sein est un enjeu sérieux auquel on doit s’attaquer rapidement et est en grande partie responsable des statistiques ahurissantes du cancer du sein.

En 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que le cancer du sein était désormais le cancer le plus diagnostiqué au monde.

En 2022, au Québec, on estime à 6900 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 1350 le nombre de femmes qui en décèderont.

Saviez-vous qu’actuellement, le programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) débute à partir de 50 ans ? Cela veut dire que toutes les femmes de 49 ans et moins qui souhaitent passer un dépistage après avoir détecté une anomalie doivent attendre de 3 à 17 semaines pour obtenir leur diagnostic.

Le manque de ressources est la principale cause de ces délais inconcevables. On doit être en mesure de faire mieux et d’offrir une trajectoire de dépistage établie et accessible pour toutes les personnes qui soupçonnent un symptôme.

Huit heures de route

Saviez-vous qu’il existe encore aujourd’hui des inégalités de services entre les régions ? J’ai été choquée de constater qu’une Gaspésienne ayant reçu un cancer du sein doit effectuer huit heures de route pour avoir accès à ses traitements de radiothérapie à Rimouski, le centre le plus près. Même scénario pour les femmes de la Côte-Nord ou de Chaudière-Appalaches. C’est aussi le cas pour les soins post-cancer, comme les services de kinésithérapie, l’accès à des nutritionnistes, à des oncologues ou à des travailleurs sociaux. Ce sont des services essentiels pour aider les survivantes à reprendre le contrôle de leur vie, et pourtant, ils ne sont pas accessibles partout. Selon moi, faire plusieurs kilomètres afin d’obtenir un soin essentiel est loin d’être un exemple d’accessibilité.

La FCSQ développe et finance des programmes de soutien partout au Québec afin de pallier les manques de services et d’accessibilité.

Nous croyons que d’aider les organismes sur le terrain est la solution pour aider les Québécoises touchées par le cancer du sein. Cependant, nous avons besoin d’alliés.

Sachant que les deux tiers de notre budget annuel sont investis en recherche, nous ne pouvons pas être la seule ressource pour soutenir ces organismes provinciaux. Si nos décideurs leur offraient le soutien nécessaire, cela améliorerait significativement la vie des 6900 Québécoises qui reçoivent un diagnostic de cancer du sein chaque année.

Le cancer du sein ne fait pas de différence entre une femme aisée financièrement, une femme qui habite en région ou une femme de 39 ans. Il s’attaque à toutes les femmes de la même manière, peu importe qui elles sont. Notre système de santé devrait en faire autant. Les soins et les services doivent être accessibles de façon universelle, dans un délai raisonnable, partout, en tout temps. Ensemble, renversons la tendance, et surtout, les statistiques.

* L’auteure est soutenue par Mitsou Gélinas et Sarah-Maude Beauchesne, porte-paroles de la Fondation cancer du sein du Québec

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