Partant du constat selon lequel les comportements présentés dans les films et les séries influencent ceux des téléspectateurs, le Conseil québécois des évènements écoresponsables (CQEER) du Réseau des femmes en environnement soutient que le fait de voir à l’écran et de façon répétée des gestes nuisibles à la protection de l’environnement peut inciter le public à les reproduire ou à continuer de les banaliser.

Nous avons décidé de mener une courte analyse d’épisodes de fictions québécoises les plus regardés pour quantifier la présence de divers comportements et d’écogestes à l’écran. C’est aujourd’hui le 12 octobre que le rapport est lancé et qu’une présentation des résultats sera faite à l’industrie audiovisuelle québécoise.

Dans un contexte où les évènements climatiques extrêmes se multiplient et qu’une action collective significative est requise, le CQEER a fait ce projet dans le but d’ouvrir un dialogue avec l’industrie audiovisuelle, dont le pouvoir d’influence est incontestable.

Tous les intervenants sont les bienvenus pour ouvrir un dialogue sur cet enjeu. La présence des enjeux environnementaux devrait nous préoccuper tout comme la place des femmes de tous âges et de toutes les diversités à l’écran.

Que ce soit consciemment ou non, de nombreux gestes portés à l’écran perpétuent des comportements qui vont à l’encontre de l’action environnementale et climatique ou la marginalisent, alors qu’elle est pourtant de plus en plus courante dans la société. Il est de plus en plus important de normaliser le bon tri des matières résiduelles, d’utiliser les transports actifs (merci à la série Chouchou pour la mise en valeur du vélo !) et même d’inclure des personnages avec des valeurs environnementales (merci pour les personnages de Gladys et Chloé dans 5e rang).

Par exemple, nous avons remarqué que les véhicules des protagonistes sont souvent trop gros ou trop polluants en regard des besoins réels liés au scénario. L’utilisation de la voiture solo y est surreprésentée par rapport aux autres modes de transport. Les matières résiduelles dont on doit disposer n’étant pas mises au rebut à l’écran contribuent au sentiment que les matières disparaissent comme par magie ! On observe que dans d’autres cas, elles ont été mises à la poubelle, bien qu’elles soient recyclables ou compostables. Le gaspillage et la contamination de l’eau ne sont pas très présents sur nos écrans, du moins dans les séries que nous avons visionnées et c’est tant mieux ! Enfin, les repas contenant de la viande rouge sont beaucoup plus présents à l’écran que les repas avec des protéines végétales.

Il faudrait, au contraire, banaliser et amener la norme sociale vers les comportements éco et socioresponsables.

Nous avons pu voir aussi récemment dans La Presse qu’Équiterre s’intéresse à la publicité des VUS1 qui a une grande influence sur les achats.

En effet, un rapport lancé par Équiterre met en lumière l’influence de la publicité automobile, dont celle faisant la promotion des véhicules énergivores, qui composaient d’ailleurs 79,9 % des nouveaux véhicules personnels vendus en 2020 : un triste record depuis près d’une décennie. Notre message va dans le même sens.

Nous recommandons d’analyser plus en détail la représentation prévue à l’écran de certains comportements clés dans la réduction de l’empreinte environnementale de nos modes de vie. Nous pensons qu’en parlant de ces enjeux, un nouvel équilibre pourra être atteint dans le respect à la fois des besoins de la production et des impératifs environnementaux et climatiques de l’heure. Nous voulons que cesse de saigner notre cœur d’écologiste à la vue du gaspillage de nos ressources non renouvelables. Joignons nos forces dans l’espoir d’enclencher le dialogue sur la représentation des écogestes à l’écran.

1. Lisez l’article « Équiterre s’attaque aux publicités de VUS » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion