Mon nom est Marcel, celui-là même qui offre un témoignage dans le film La parfaite victime.

Depuis sa sortie, ce film fait l’objet d’un incessant ballet médiatique entre les différents acteurs de la société civile.

Tout d’abord, je trouve important de souligner que, pour ma part, j’ai été particulièrement bien traité et encadré par les enquêteurs, la CAVAC et le procureur au dossier, MMichel Bérubé, lui-même apparaissant dans le film. De plus, ma cause a résulté en une reconnaissance de la part du juge de l’ignominie des agressions subies, et mon agresseur a été reconnu coupable et a reçu une peine d’emprisonnement en conséquence. Il n’y a donc pas que du négatif et de l’incompétence parmi les individus traitant ce genre de situations. Le système judiciaire n’est pas totalement déficient.

Il n’en demeure pas moins que le chemin à parcourir pour se rendre au procès est ardu et demande beaucoup d’effort et de courage.

Avant que le procès ne débute, nombreuses sont les fois où j’ai dû raconter encore et encore mon histoire. Les fois où on a défié mes affirmations.

Nombreux les efforts de mémorisation des évènements. Nombreux les retours à la maison complètement démoli.

Pourquoi est-ce normal ? Pourquoi est-ce nécessaire ?

Parce que les tactiques relevées dans mon témoignage sont bien réelles et font encore partie des stratégies de la défense pour traiter les causes. La pression du système vient en grande partie de celle exercée par la défense sur les victimes. Voilà d’où vient cette impression d’avoir à être une parfaite victime.

À mon humble avis, à force de souligner les possibles faiblesses du film, vous occultez le témoignage le plus percutant de celui-ci.

Du haut de ses 9 ans et dans toute sa sage naïveté, Charlotte déclare candidement en se balançant la jambe qu’il est important de dénoncer car plus on attend, plus l’événement est difficile à porter et plus il est difficile de bien se souvenir.

Plus il y aura de dénonciations et plus le système devra s’ajuster pour que plus d’agresseurs soient poursuivis et condamnés. C’est important de dénoncer par la voie judiciaire afin de forcer celle-ci à rééquilibrer les forces et à inverser, sinon à modifier le fardeau.

Car la véritable guérison d’une telle atteinte à l’intégrité d’une personne se trouve dans la reconnaissance de l’agression. Cette reconnaissance doit d’abord se faire par la victime elle-même.

Faisons honneur au courage de cette jeune fille.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion