Connaissez-vous Beatrice Davidson Kenner ? C’est l’inventrice des serviettes hygiéniques. Grâce à Mme Kenner, les femmes dans le monde entier ont l’occasion de ne pas salir leurs jupes, leurs pantalons et leurs draps pendant leurs menstruations !

Connaissez-vous le DCharles Richard Drew ? C’est le père de la fondation des premières banques de sang à l’échelle mondiale et un ancien étudiant de la faculté de médecine de l’Université McGill. C’est en partie grâce à lui qu’une infinité d’individus survivent dans nos établissements de santé par les nombreuses transfusions sanguines administrées à ce jour dans le monde entier.

Connaissez-vous Percy Lavon Julian ? Ce chimiste a permis la création des médicaments contre l’arthrite rhumatoïde. Merci à ses découvertes, basées à partir de plantes, qui ont permis à des athlètes, des enseignants et des infirmières de poursuivre leurs passions professionnelles sans sentir leurs douleurs articulaires au quotidien !

Ces trois individus ont des points en communs. Ils sont noirs, invisibles et non reconnus dans les différents ouvrages littéraires enseignés dans nos institutions canadiennes. Ils sont noirs et leurs noms n’apparaissent nulle part, point barre.

Je pourrais en nommer d’autres, comme l’inventrice des techniques de chirurgie au laser pour la cataracte (la Dre Patricia E. Bath) et la pionnière des traitements de chimiothérapie (la Dre Jane Cooke Wright), mais la liste s’éterniserait !

Au fil de ma scolarité, les découvertes de Marie Curie, d’Albert Einstein, d’Isaac Newton et de Louis Pasteur m’ont été répétées dans différents contextes reliés à mes cours de sciences du secondaire, du cégep et même de l’université. Leurs noms étaient non seulement répétés à maintes reprises, mais figuraient parmi des questions d’examens, des soirées cinématographiques en classe et des sorties au musée. Si on ne connaissait aucunement leurs noms et leurs contributions scientifiques, on était considéré comme un inculte.

En y repensant, pourquoi ne figurait pas le DSolomon Carter Fuller dans le curriculum de mes cours sur les maladies dégénératives à l’école ? Après tout, il est l’un des pionniers sur les découvertes des symptômes clés de la maladie d’Alzheimer. Pourquoi n’ai-je jamais entendu parler des exploits de la première infirmière afro-canadienne en santé publique, Bernice Redmon ? Est-ce à cause de leur taux de mélanine ?

Toutes ces questions me renvoient à des souvenirs d’enfance. Dans ma jeunesse, il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond autour de moi. Ma petite tête d’enfant ne voyait pas des hommes ou des femmes avec ma couleur de peau dans des livres d’histoire, des dessins animés et des films consacrés aux sciences. Ma petite tête d’enfant n’associait pas une personne noire à un domaine médical, car le manque de modèles visuels persistait en grandissant.

Cette petite tête d’enfant n’avait pas tort. En 2020, ce manque de représentativité se traduit dans la réalité professionnelle. Il est commun d’entendre : « C’est rare de voir un anesthésiste, un nutritionniste ou un dentiste noir. »

À la suite de ces souvenirs, créer des capsules vidéo m’est venue à l’esprit. C’est ainsi que la série éducative « Ces afroscientifiques d’hier à aujourd’hui » naît sur la plateforme YouTube Nurse Stephie TV. Cette série permet à toute personne intéressée d’en apprendre sur des personnalités noires qui ont contribué à l’avancement des différentes branches des sciences de la santé dans le monde. Ces afroscientifiques ont toujours existé, mais ils ont été cachés sous des décombres historiques. Il est temps de les rendre visibles et de contrer l’ignorance vis-à-vis ces pionniers de la science.

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