PCU. Trois lettres qui soulèvent les passions et qui sont la cible de certaines critiques par les temps qui courent. Pourtant, l’aide que ces trois lettres symbolisent permet aujourd’hui à des milliers de personnes de garder la tête hors de l’eau en attendant des jours plus cléments. Plusieurs espèrent une reprise des activités économiques sous peu et, collectivement, on se le souhaite.

Toutefois, des secteurs importants n’ont aucune perspective de relance à court terme. Dans le cas qui nous concerne, c’est une situation qui affecte particulièrement les artistes ainsi que les travailleurs des milieux médiatiques et culturels. Les directives sanitaires en matière de distanciation physique affecteront encore longtemps les activités culturelles et le ralentissement économique aura quant à lui des impacts sur le secteur médiatique, déjà durement touché par l’érosion de ses revenus.

Fait notable, dans ces deux milieux, on retrouve une proportion importante de personnes à statut autonome pour qui la crise a mis en relief une réalité crue : leur précarité en raison de ce statut même.

Pourtant, être travailleur autonome ne devrait plus rimer avec précarité. D’autant plus que dans les secteurs en question, ce statut d’emploi n’est pas toujours volontaire, mais intrinsèque à la sphère d’activité.

La crise aura donc permis de révéler une autre crise, soit l’angle mort de notre filet social.

Un enjeu plus large

Sans la PCU, les gens que nous représentons (artistes, concepteurs, techniciens, journalistes pigistes, créateurs et autres professionnels) auraient été condamnés à une situation d’extrême précarité. Une situation, précisons-le, qui déborde au-delà de nos seuls membres. La précarité qui a été mise en relief touche ainsi une » partie importante de la population et nous inscrivons notre démarche dans une réflexion plus large. Une réflexion nécessaire.

À court terme, la prolongation de la PCU nous apparaît donc comme une évidence même.

Sans cette prolongation, un nombre incroyable de personnes se retrouveront sans appui substantiel pour traverser, rappelons-le, ce qui est une crise sans précédent. Les artistes, les travailleurs que nous représentons ne demanderaient qu’à reprendre leurs activités, mais la nature même de leurs métiers ne leur permet pas d’envisager une reprise à court terme. Il faut éviter qu’ils et elles soient pris en otage par une situation indépendante de leur volonté.

À plus long terme, nous joignons notre voix à la voix de tous ceux et celles qui réclament une révision de notre filet social. Que ce soit pour le milieu culturel ou médiatique ou pour tout autre secteur d’activité à forte proportion de travailleurs autonomes, nos élu(e)s, tous les partis confondus, ont la responsabilité de travailler ensemble afin d’apporter les réponses politiques et législatives appropriées.

Reléguer cet enjeu à des conflits partisans ou le soumettre à des débats idéologiques reviendrait à consentir à ce que certains d’entre nous méritent moins de protection que d’autres. Collectivement, nous sommes capables de transcender ces différences et replacer le bien commun au centre de nos valeurs.

Sophie Prégent, présidente de l'Union des artistes ; Luc Fortin, président de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec ; Viviane Morin, directrice générale de l'Association des professionnels des arts de la scène du Québec ; Gabrielle Brassard-Lecours, présidente de l'Association des journalistes indépendants du Québec ; François Deschamps, co-porte-parole de Travailleuses et travailleurs regroupés des arts, de la culture et de l'événementiel

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