Le gouvernement libéral effectue présentement des compressions paramétriques, c'est-à-dire qu'il impose des coupes de crédits et de salaires de tant de points de pourcentage.

Les échelons décisionnels agissent donc selon la même logique: on coupe un pourcentage de budget à tous et de façon égale. Évidemment, cette action crée de la distorsion logique. Le cas de l'enseignement collégial est particulièrement probant.

L'équité crée de l'injustice. Ainsi, geler le salaire des enseignants, peu importe la clientèle, la connaissance, le diplôme ou la position géographique dépasse l'entendement. La rémunération au niveau collégial crée de l'iniquité interne et externe. Peu importe la valeur marchande de l'enseignant, on le paye au même salaire que ses collègues. Pourtant, à l'université, un professeur de médecine n'a pas le même salaire que ses collègues des autres facultés. On tient compte de l'équité externe.

Par exemple, étant comptable professionnel agréé, je laisse une rémunération substantielle sur la table en consacrant une partie importante de ma carrière professionnelle à l'enseignement. En gelant mon salaire, on vient augmenter l'iniquité externe et favoriser mon retour dans le secteur privé. Par contre, dans d'autres secteurs, où les emplois externes sont parfois inexistants, le coût de renonciation n'est pas aussi élevé.

Un autre problème: le coût de la vie n'est pas le même dans toutes les régions du Québec. Pourtant, un enseignant à Rimouski gagne exactement le même salaire que celui qui travaille à Montréal. Pendant qu'un peut facilement se payer une maison avec son salaire, l'autre doit se contenter d'un appartement en location pour le même budget: deux réalités, même traitement salarial.

Puis, vient la notion de dévouement au travail. Un électricien facture son coûteux déplacement lorsqu'il se rend chez un client. L'enseignant ne compte pas ses heures et le moment du travail: le soir, les fins de semaine, etc. L'enseignement force l'enseignant à faire preuve de flexibilité et d'abnégation. Le salaire est fixe.

Prenons l'exemple de mes collègues exceptionnels à L'Assomption. Le département des techniques administratives est proactif dans son milieu. Durant le mois d'avril, enseignants et étudiants organisent une clinique d'impôts pour les citoyens les plus démunis. C'est une implication collective et bénévole. De plus, nous allons promouvoir l'administration dans diverses écoles secondaires, nous organisons annuellement un colloque, des visites en entreprises, des activités de cohésion sociale pour les étudiants, etc. En somme, on ne compte pas son temps.

Les gens ne réalisent pas le nombre d'étudiants que les enseignants aident, soutiennent, écoutent et encouragent. Ces parents absents que l'on remplace par l'aide et l'encouragement. Ces enfants, bien qu'adultes, vivant des réalités trop difficiles pour leur âge. C'est souvent vers leurs enseignants qu'ils se tournent pour pleurer leur vie, leur âme et leur désespoir. Plein d'empathie, on dépose le crayon. La prochaine fois, que devons-nous faire? Répondre «Désolé le grand, je ne suis plus payé pour ça»?

Le Ministère imposant des coupes paramétriques unilatérales, les gestionnaires locaux sont tentés de l'imiter. Même si le but du PLQ est de forcer les gestionnaires à couper des activités inutiles ou à faible valeur ajoutée, rien n'indique que ceux-ci ont les compétences ou le désir de se prêter à un exercice aussi rigoureux. Ainsi, les gestionnaires sont-ils à même d'établir une comptabilité par activité pour déterminer les indicateurs de performance à réviser?

Le ministre François Blais désire redorer le blason de notre profession et lui redonner du prestige. En gestion, un principe de base veut que la mission soit en adéquation avec la stratégie de rémunération. Suis-je le seul à relever l'incohérence du message?

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