La formation générale au collégial doit intégrer un mécanisme de révision périodique de son contenu. Le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, annonce la mise en oeuvre des recommandations du rapport Demers. Ce rapport, visant la modernisation de l'offre de formation collégiale, fait état de la stagnation de la formation générale, mais n'ose pas se prononcer sur les modifications à apporter à ce secteur particulièrement sensible.

À la page 130 du rapport Demers, on explique la nécessité de revoir la formation générale : « [...] le réseau collégial québécois doit évoluer pour s'adapter aux changements survenus dans les dernières décennies et pour répondre aux défis sociaux et économiques auxquels notre société est confrontée. Cette évolution de la formation collégiale ne peut se réaliser sans tenir compte de la formation générale offerte dans les programmes menant au DEC. »

En analysant ce qui se fait ailleurs, le rapport cite une étude précisant que la formation générale sert à « acquérir une capacité de communiquer de manière efficace, oralement et par écrit, ce qui suppose de maîtriser la langue maternelle et, souvent, une langue seconde » et « la capacité de raisonner de façon critique et de résoudre des problèmes ».

Au Québec, la formation générale se concentre en quatre catégories : langue d'enseignement et littérature, philosophie, éducation physique et langue seconde.

La hiérarchisation, le contenu et la pondération des cours devraient être liés à leur utilité pour le développement du citoyen et du travailleur. Certes, l'approfondissement des connaissances des langues officielles est un incontournable. Par contre, doit-on pousser l'analyse littéraire de textes de Molière pour tous ? La réflexion, le développement de l'esprit critique, l'éthique et les qualités argumentaires nécessitent-ils une pondération et une approche différentes ? Les saines habitudes d'activités physiques sont essentielles, mais doit-on créditer autant de cours complets dans une formation à l'espace limité ? Au sujet de la formation générale, le rapport Demers affirme que « son déphasage avec l'évolution de la société depuis les 50 dernières années compromet la valeur de son apport pour les années à venir. »

Paradoxalement à la pondération importante de certains domaines dans la formation générale, l'absence d'autres domaines constitue une forme d'anachronisme. Par exemple, une certaine de forme de culture générale à l'égard de la finance personnelle est nécessaire à l'épanouissement du citoyen. Si l'on a 49 % d'analphabètes fonctionnels au Québec, les « analphabètes financiers », quant à eux, se multiplient. Selon Statistique Canada, le taux d'épargne des Canadiens au deuxième trimestre 2014 était de seulement 3,9 % (chute de 1 % par rapport à 2013) pendant que le taux d'endettement dépasse 167 %. Pourtant, pas un mot dans la formation générale obligatoire.

Les technologies de l'information (TI) envahissent les espaces de travail, que l'on soit scientifique, artiste, administrateur ou technicien en génie mécanique. Ce n'est pas parce qu'une génération est élevée avec un iPad dans le berceau qu'elle peut nécessairement utiliser les TI de façon professionnelle et efficace. Les jeunes adultes sont de grands « consommateurs » de technologies de l'information, mais ont pourtant de graves lacunes en tant qu'utilisateurs de ces dernières.

Sans se lancer dans une pensée utilitariste, le réseau doit se questionner sur la pertinence de certains contenus, cours ou activités. Au-delà d'un idéalisme du savoir, on doit revoir l'adéquation entre la formation collégiale et les objectifs de la population qui la finance. La révision de la formation collégiale apportera son lot de résistances en plus d'amener certains problèmes de logistique. Par contre, ce n'est pas dans les règles de la convention collective actuelle que l'on trouvera l'équilibre vers une formation générale plus souple.

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