Le Québec bénéficie d'une position enviable dans l'utilisation de la voiture électrique par sa capacité à générer de l'énergie à faible coût. Comme les voitures sont chargées principalement la nuit par leur propriétaire, cela permettra à Hydro-Québec de profiter de la chute de la demande nocturne. Le programme de subvention à l'achat émis par différents gouvernements a pour but d'inciter les consommateurs à ne pas se laisser décourager par le prix élevé de ce type de voiture. La question demeure: la totalité du montant de la subvention lui est-elle vraiment transférée?

Pour contribuer au développement durable de sa province et pour épargner des coûts importants en essence, mon ami Dominic s'est porté acquéreur d'une Chevrolet Volt. Il est particulièrement heureux du fait qu'il puisse recharger sa voiture sur une borne 240 volts, ce qui double la vitesse de rechargement de la prise standard de 120 volts.

En 2013, la subvention maximale de 1000$ pour la borne de recharge représente 50% des dépenses admissibles. Celles-ci couvrent les frais d'acquisition d'une borne de recharge, les coûts de la main-d'oeuvre et de l'équipement nécessaire à l'installation de l'infrastructure d'alimentation. Donc, le prix maximal d'installation pour bénéficier de la subvention est de 2000$.

Dans l'analyse d'une soumission, il est intéressant d'utiliser la comptabilité par activité pour en comprendre la vraie nature. En somme, on décortique le prix global proposé en différentes activités ou tâches pour analyser la plausibilité de certains coûts. En analysant la soumission d'un installateur reconnu de la borne 240 volts, on observe que le prix d'acquisition du matériel est de 495$ en plus de 75$ de fret à l'achat. Dominic a été stupéfait de mesurer l'importance des coûts d'installation. En effet, on lui exige 1223$ plus les taxes à la consommation pour ce faire. Est-ce raisonnable? La tâche d'installation se limitant à la pose d'un disjoncteur supplémentaire, l'installation d'un câble et la fixation de la borne à l'extérieur de sa maison. Il précise à l'électricien sur place que les ouvertures sont déjà effectuées pour les fils et la borne à l'extérieur. En prenant pour hypothèse défensive que le prix de 1223$ inclut environ 200$ pour le disjoncteur, la silicone extérieure et le fil électrique, on se retrouve tout de même avec des frais d'installation de plus de 1000$. Combien un électricien exigerait-il pour installer un fil, un disjoncteur et un branchement à un appareil nécessitant d'être «sur le 240 volts» ? Le voltage d'un chargeur est équivalent à celui d'une bonne vieille plinthe électrique. Est-ce que la tâche prendrait 1 heure à 1000$/heure, 5 heures à 200$/heure ou 10 heures à 100$/heure? Peu importe le scénario retenu, il semble illogique d'en arriver à une telle somme.

Il est ironique que la facture totale atteigne près de 2000$, ce qui est exactement le montant maximal admissible pour la subvention de 1000$. Sommes-nous collectivement en train de payer un profit déraisonnable à un intermédiaire? Ce n'était probablement pas le but de la subvention.

L'accessibilité de la voiture électrique viendra avec la demande. Pour l'instant, le coût d'achat est prohibitif pour la plupart des Québécois. Les programmes de subvention tendent à compenser le coût élevé des nouvelles technologies durant la période d'acceptation du consommateur. Toutefois, ces subventions ont parfois l'effet pervers de jouer sur la libre concurrence des prix et de maintenir artificiellement un coût élevé à certains produits. Pour l'instant, il semble logique de recharger sa Chevrolet Volt sur un circuit régulier de 120 volts.

La réponse de l'installateur après cette petite analyse? «Euh, nous pouvons sûrement revoir le prix à la baisse...»

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