Après avoir passé l'équivalent d'une pause-café d'une journée pédagogique et demie à discuter du complexe dossier de l'enseignement supérieur, on semble s'écarter de la première source de réussite d'un étudiant: les parents.

L'an dernier, j'ai sondé de façon anonyme des cégépiens pour connaître les facteurs de motivation à la poursuite de leurs études. Trois facteurs se sont démarqués: la présence de professeurs dynamiques et inspirants, l'encouragement des professeurs et l'encouragement des parents. Le message était clair: les étudiants ont besoin de modèles et de soutien moral et académique à l'école, comme à la maison. Mais le talon d'Achille de l'accessibilité aux études se trouve à la maison.

Les parents représentent la clé de voûte d'un système d'éducation fonctionnel, mais ça, on n'a pas le droit de le dire (ça sent déjà la tomate). On n'a pas le droit de dire à un parent qu'il a le choix de sacrifier son confort personnel pour le bien-être de ses enfants.

Dans d'autres cultures, on compte d'abord et avant tout sur soi pour la réussite de ses enfants. Ici, on souhaite l'impartition à l'État: on veut des garderies à 7$, une éducation gratuite jusqu'au doctorat et tout cela sans en souffrir, tout en ayant un «produit» de qualité à la fin. On se cherche un responsable à nos déboires, mais rares sont les occasions où l'on pointe le reflet d'un miroir.

Lorsque l'intrant d'un processus ne respecte pas les standards de base, comment peut-on s'attendre à ce que l'extrant soit acceptable? Collectivement, nous blâmons la machine de ne pas transformer notre enfant en génie à faibles coûts, mais fait-on ce qu'il faut pour lui fournir une bonne matière première? Comme dit le dicton, «garbage in, garbage out» (désolé à l'Office québécois de la langue française pour cette incursion de la langue de Shakespeare).

Nous sommes un modèle pour nos enfants. Lorsque le modèle manque de civisme, fraude le système ou n'est pas un exemple d'effort et de sacrifice, comment peut-on s'attendre à ce que la pomme tombe loin de l'arbre? Chaque geste que nous accomplissons en tant que parents cultive le schème de référence de notre enfant.

Contribuer à un REEE plutôt que de se payer une voiture neuve à crédit ou prendre le temps de s'asseoir avec son enfant pour l'aider à compléter ses devoirs, voilà des exemples de renonciation de confort. La renonciation de confort peut être physique, financière ou temporelle. Par contre, chaque fois qu'un parent renonce à un élément confort au profit de son enfant, il contribue potentiellement à l'émancipation future de ce dernier.

Mon père a toujours donné le crédit à ma mère pour le cheminement scolaire de ses enfants. Il avait bien raison. Dans son discours, il y avait deux principes. Le premier était qu'on pouvait faire mieux. Le deuxième, nous avions toujours tort et le professeur raison. Mon fils n'a pas encore deux ans et je sais que le père que je suis est imparfait. Mais ma vieille voiture usagée sera à la ferraille depuis longtemps lorsque mon fils encaissera ses placements subventionnés par les deux paliers de gouvernement.

Lorsque les Québécois mettront autant d'énergie à soutenir leurs enfants dans leurs études qu'ils le font dans les arénas, peut-être en arriverons-nous à une société plus équitable. À ce moment, peut-être réaliserons-nous que l'accessibilité aux études supérieures est peut-être davantage un problème parental que financier. Aucune aide financière ou gouvernance universitaire quelconque ne pourra remplacer l'implication des parents. Chut! Il ne faut pas le dire.

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